Issu de la ludothèque WonderSwan, une console japonaise au funeste destin, Gunpey (du nom de feu le créateur de cette machine, ainsi que de la Game Boy soit-dit en passant) revient sur DS et PSP et entend bien saisir cette deuxième chance pour convaincre les joueurs. D'autant que ce petit puzzle-game a tout de même été développé par Q Entertainment, studio de renom auquel on doit de petits bijoux rutilants, tels Meteos ou encore Lumines. Dans ces conditions, le testeur s'avance, confiant, guilleret, les yeux pétillants et le sourire vissé des lèvres. Mais qu'en est-il exactement ? Ce noble élan d'optimisme survivra-t-il à la réalité des faits ?
Gunpey repose sur un principe relativement simple. L'écran de jeu se divise en 5 colonnes, dans chacune d'elles apparaissent des petits fils conducteurs tous orientés différemment. Le but de la manoeuvre consiste à déplacer ces petits segments verticalement jusqu'à créer une ligne qui joigne les deux bords du tableau (gauche et droite j'entends). La ligne disparaît alors après quelques secondes (vous laissant ainsi le temps d'y connecter quelques fils supplémentaires pour faire des combos), puis les points s'accumulent au compteur. Et le joueur de bomber le torse et jouir de sa propre puissance, de son talent et de ses réflexes surhumains. Sauf que les fils continuent d'apparaître, et qu'il faudra sérieusement s'activer les miches pour en tarir le flot et éviter qu'ils ne s'accumulent jusqu'en haut du tableau. Sur PSP, on utilise les touches directionnelles pour déplacer un curseur, tandis que sur DS, c'est à l'effilé stylet qu'incombe la lourde tâche de mettre tout cela en place. Cette différence n'est évidemment pas sans conséquence, puisque la version DS en devient tout de suite beaucoup plus facile, moins technique, et peut-être moins intéressante. Cela dit, rien ne vous empêche de vous en remettre aux touches de base de votre petite console, histoire de relever le challenge. Quoi qu'il en soit, le concept est simple, efficace, mais comme souvent dans ce domaine, horriblement addictif.
Très vite, il apparaît que le jeu fait continuellement preuve d'un délicieux sadisme, au sens où beaucoup de fils apparaissent souvent dans les 4 mêmes colonnes, sans qu'il soit possible d'en faire quoi que ce soit puisque une autre reste désespérément vide. Le joueur s'évertue alors à faire redescendre les fils qui sont trop proches du haut de l'écran, tout en cherchant à positionner des segments entiers de câbles dans l'espoir que peut-être, un morceau apparaisse dans la colonne jusque-là délaissée et permette enfin de débloquer la situation. Evidemment, plus vous marquez des points, plus les fils apparaissent rapidement, jusqu'à ce que la partie devienne une course effrénée contre le temps. Tout cela s'étend au travers de différents modes de jeu : infini, contre-le-temps, en challenge contre un autre joueur (pour peu qu'il possède une copie du jeu), ou en mode Frontière qui constitue l'épine dorsale de Gunpey. On y progressera de niveau en niveau, avec en ligne de mire, la possibilité de débloquer de nouveaux skins. Notez en outre, mes bons amis, que quel que soit votre mode de prédilection, vous pourrez opter entre les règles traditionnelles ou le Break, qui facilite un peu la tâche puisqu'il implique que tous les fils situés au-dessus de la ligne éliminée descendront pour combler le trou. Il y a aura donc moins besoin de faire redescendre les bouts de fils trop proches du haut du tableau.
L'intérêt du soft vient également de son style graphique, très marqué, même s'il est évident qu'il ne plaira pas à tout le monde. Etrange mélange entre Lumines et Meteos, Gunpey opte lui aussi pour des environnements colorés et des fonds luminescents (justement !). Mais l'ensemble paraît tout de même beaucoup moins sobre, et sans doute moins classieux, que chez le grand frère et ses cubes atmosphériques. Pour preuve, les thèmes des différents stages, qui répondent tous à des noms bien étranges, affichent tout à tour des kangourous DJ, des donzelles kawai affublées d'un chapeau de cow-boy et d'un guitare électrique, des jardins japonais et des chiens en train de faire leurs besoins. A défaut d'autre terme, et parce que cela sied bien à ce dernier élément, nous qualifierons tout cela de "rafraîchissant", même si certains décors, très chargés, causent parfois quelques soucis de lisibilité. Dommage, car l'ensemble bénéficie tout de même d'une bande-son presque aussi hypnotique que celle du fameux Lumines, mis à part quelques morceaux que nous placerons dans la mouvance techno (en partie par ignorance) et qui s'avèrent bien moins réussis (en toute objectivité). Au fond, l'étrange optique adoptée par le Gunpey n'est pas toujours très convaincante, et au-delà d'un solide gameplay, certains joueurs risquent de prendre en grippe tout ce fatras d'idées débiles, tout cet enrobage foisonnant où mauvais goût et petites réussites se côtoient joyeusement. Reste un titre atypique que nous vous recommandons tout de même d'essayer avant d'acheter.
- Graphismes13/20
Si l'inspiration Meteos est évidente, Q Entertainement pousse néanmoins le bouchon un petit peu plus loin, sans doute même trop. De la superbe et joyeuse sobriété de Meteos, on passe ici à des thèmes délirants, bravaches, où se côtoient de somptueux tableaux et des démonstrations assassines de pur mauvais goût. Un fatras hétéroclite qui finalement, donne toute son unité au titre, et donc son identité. On regrette cependant que certains thèmes nuisent à la lisibilité.
- Jouabilité13/20
Le concept est simple et accrocheur, et le titre se prend en main en quelques secondes. Tout y est affaire de précision, d'anticipation, de rapidité, mais également de chance, peut-être plus encore que dans Méteos ou Lumines. Un petit peu moins varié que dans ces derniers, le gameplay donne en plus dans la redondance et fait preuve de moins de génie, malgré quelques idées et modes attachants. Notez également que l'utilisation stylet tend à rendre le jeu trop facile, et donc moins intéressant.
- Durée de vie14/20
Les commentaires relatifs à la durée de vie d'un puzzle-game se suivent et se ressemblent tous. Ainsi, si vous accrochez au concept, le titre pourra vous occuper pendant des jours, d'autant que débloquer tous les skins n'est pas une sinécure. Le titre propose également un mode multi, jouable avec un pote, mais il faudra disposer de deux UMD, ce qui réduit tout de même nettement l'intérêt de la chose. Et prenez garde, le jeu n'intègre pas de sauvegarde automatique, il faudra donc veiller à sauver manuellement votre progression.
- Bande son14/20
Les thèmes musicaux oscillent entre deux extrêmes : du très agréable et inspiré à l'effroyable pâtée sonore qui écorche les oreilles. En ce sens la bande-son se trouve tout à fait en accord avec le rendu visuel. Quant aux bruitages, ils remplissent leur office mais n'ont rien de particulièrement remarquables.
- Scénario/
Ressurgi du passé, Gunpey revient et nous fait profiter d'une expérience rafraîchissante, à défaut d'être totalement réussie. Le concept est accrocheur mais sans doute moins que dans un Meteos ou un Lumines, car la chance y a une part plus importante. La faute en revient également à un enrobage étrange, exubérant au point qu'il en devient parfois repoussant. Reste un titre atypique, qui ne manque pas de qualités et qui convaincra sans doute les amateurs blasés de puzzle-games.