Après avoir fait notre joie pendant notre enfance, la série d'animation Les Fous du Volant retente le coup, toujours sur le petit écran, avec une adaptation Wii réalisée par Eidos. L'esprit de l'oeuvre originale a été fidèlement respecté, mais les développeurs semblent avoir oublié au passage qu'un jeu vidéo, ce n'est pas comme un dessin animé : pour que ça marche, il faut de l'interactivité.
Commençons d'abord par rappeler le concept de base de la série, qui fête ses quarante ans d'existence cette année. Dans chaque épisode, une course se déroule entre une dizaine de participants tous plus loufoques les uns que les autres. Il y a Max le Rouge et son avion, Al Carbone accompagné de sa bande de truands, Pénélope Jolicoeur, Rufus la Rondelle et son acolyte Saucisson, les frères Têtedure... Une galerie de personnages hauts en couleur avec leurs engins déjantés. Mais il y a aussi et surtout le fameux duo double zéro, composé de Satanas et du chien Diabolo. Tricheurs invétérés, ils s'obstinent à mettre en place des pièges tordus pour entraver l'avance des autres concurrents. Le problème, c'est qu'à l'instar des plans machiavéliques de Coyote pour attraper Bip Bip, les pièges de Satanas ont une fâcheuse tendance à se retourner contre lui. Ce qui ne manque pas de provoquer l'hilarité de son compagnon canin, si caractéristique de la série. Voilà pour les bases.
Avec un principe pareil, on se dit qu'on tient de quoi obtenir un bon jeu de courses. Et pourtant, les choix faits par les développeurs vont vite se révéler déroutants, et finalement assez ennuyeux. La jouabilité des Fous du Volant Battle Party a deux grosses particularités. La première, c'est la vue utilisée. Les courses se font en vue latérale, on regarde les voitures de profil, à l'exception de quelques passages effectués en vue de dessus. C'est un peu perturbant au début mais on s'y fait, cette petite originalité n'est pas mauvaise en soi. Celle qui l'est plus en revanche, c'est l'autre particularité : l'absence d'accélération ou de freinage. Oui, vous avez bien lu : pas besoin d'appuyer sur le champignon, il n'y a aucun bouton prévu à cet effet, tout est automatique ! Le joueur a juste à gérer la direction avec le stick analogique. Pire, il est impossible de distancer ses adversaires, car dès que l'un d'entre eux sort de l'écran, il est replacé en avant. Les courses se déroulent donc en peloton serré, l'écart maximum entre le premier et le dernier ne dépassant jamais la largeur de l'écran. Du coup, il est même possible de terminer une course sans toucher aux contrôleurs : lancez un circuit, posez la Wiimote et le Nunchuk et admirez le spectacle... J'ai testé, ça marche.
Le constat n'est guère plus glorieux au niveau des bonus. Chaque protagoniste dispose de trois pouvoirs, plus un super-pouvoir, à ramasser sur la piste avant de pouvoir être déclenchés. Ils ont le bon goût d'être personnalisés : Pénélope envoie des coeurs, Sergent Grosse-Pomme des obus, tandis que le Bolide Ecarlate de Max le Rouge fera feu de sa mitrailleuse. Malheureusement, cette modification cosmétique n'est qu'une façade qui se craquelle vite face à la réalité : ces pouvoirs sont presque identiques. Par exemple, tous les personnages peuvent voler, même si dans le cas des frères Têtedure cela se fera à l'aide d'un ptérodactyle alors que Pierre de Beau-Fixe surgonflera ses pneus. Ca a au moins le mérite d'équilibrer les différents pilotes. Et de toutes façons, l'usage des bonus est superflu à cause de cette satanée impossibilité de distancer ses poursuivants... C'est donc massés en groupe que les pilotes abordent la fin du circuit pour une séquence encore plus absurde, un sprint final où il suffit de secouer la Wiimote comme un sourd pour franchir la ligne d'arrivée en premier... Le joueur humain n'aura donc aucun mal à battre systématiquement l'intelligence artificielle en solo, alors que les courses multi se joueront uniquement à celui qui aura le bras le plus musclé, et tant pis pour les compétences de pilotage.
Il reste néanmoins un dernier aspect du gameplay à évoquer, je veux parler des pièges tendus par Satanas et Diabolo. Le duo n'est pas jouable mais intervient régulièrement au rythme de deux fois par course. Dégonflage de pneus, sabotage de pont, dévissage de boulons... Les méchants utilisent une panoplie d'une dizaine de fourberies, soit autant de mini-jeux qui viennent interrompre le déroulement des courses. Il faut alors tantôt slalomer entre les rochers, tantôt tuer les moustiques à grands coups de Wiimote-tapette, etc. Assez basique dans l'ensemble, même si les choses se corsent un peu dans les derniers championnats. Des championnats bien vite bouclés d'ailleurs, si bien que Les Fous du Volant Battle Party souffre en plus d'une faible durée de vie malgré ses 24 tracés. Ce triste constat est d'autant plus dommage que d'un strict point de vue graphique et sonore, le jeu est une belle réussite. Les personnages, les véhicules et les décors respectent bien le design original, tandis que les musiques et les commentaires collent parfaitement à l'esprit de la série. Cette adaptation Wii des Fous du Volant est donc une belle coquille, mais désespérément creuse.
- Graphismes15/20
Rien à dire, Eidos a fait un bon travail pour retranscrire le design des Fous du Volant. On reconnaît les protagonistes et leurs bolides au premier coup d'oeil. Les environnements sont suffisamment variés, et disposent même de quelques éléments destructibles. Quant aux séquences animées avec Satanas et Diabolo fomentant leurs complots, elles sont également réussies, dommage qu'il y en ait si peu.
- Jouabilité6/20
Passée la surprise de la vue utilisée, c'est surtout les choix faits concernant la conduite qui déroutent. Pas d'accélération ou de freinage, des pouvoirs copiés-collés, des mini-jeux pas franchement terribles et un sprint final aberrant, ça commence à faire beaucoup de défauts qui s'accumulent...
- Durée de vie6/20
En solo, il faut compter environ trois heures pour boucler les six championnats (composés de quatre courses chacun). Reste le mutli, la possibilité d'enchaîner les mini-jeux, et une galerie d'images à débloquer, mais c'est quand même bien maigre.
- Bande son14/20
Comme pour les graphismes, on sent là encore une volonté des développeurs de coller le plus fidèlement possible à l'oeuvre originale. C'est réussi dans l'ensemble, avec des musiques sympathiques et un narrateur bien dans le ton, même si ses commentaires finiront par se montrer un peu trop répétitifs.
- Scénario/
Les Fous du Volant Battle Party est la démonstration qu'une bonne réalisation ne suffit pas à faire un bon jeu. Si l'enveloppe est réussie, fidèle à la série, elle se révèle bien vide, tant en termes de contenu que par la jouabilité bien pauvre. En 17 épisodes, Satanas et Diabolo n'ont jamais réussi à gagner une course. Ce n'est pas avec ce nouvel opus que les deux compères parviendront enfin à remporter une victoire.