Après nous avoir permis de butiner comme une abeille dans le sympathique Bee Movie, Activision et Dreamworks nous proposent cette fois d'incarner un panda. Un héros certes plus imposant, mais pas forcément moins agile puisqu'il maîtrise les arts martiaux à la perfection. Kung Fu Panda est une adaptation soignée du long métrage d'animation éponyme à sortir prochainement dans les salles. Elle devrait toutefois avoir un peu de mal à trouver son public.
Contrairement aux films d'animation Pixar qui ont tendance à faire l'unanimité, les productions Dreamworks divisent. Pour leurs détracteurs, elles se caractérisent trop souvent par des héros niais, un humour bien lourd et des répliques plus vaseuses les unes que les autres. "Qui Nem me suive !", telle est la devise du panda, cet être paresseux et gourmand qui peut toutefois faire preuve d'un grand courage lorsque la jungle chinoise est envahie et ses habitants menacés. Il faut dire que Po, le panda en question, a un rêve : devenir le guerrier Dragon dont parle la légende, un héros qui seul peut s'opposer aux sbires de Tai Lung et ramener la paix. Formé par Maître Shifu et épaulé par les Cinq Cyclones, Po va devoir affronter les pires dangers pour devenir le légendaire guerrier Dragon.
Kung Fu Panda sur DS reprend donc globalement la trame scénaristique du film, qui sert de fil conducteur à une succession de tableaux de plate-forme traditionnelle. L'objectif de chacun de ces tableaux est d'en atteindre la sortie pour continuer à progresser, sachant que celle-ci sera souvent bloquée par une porte fermée qu'il faudra trouver le moyen d'ouvrir. Pour ce faire, il suffit parfois de lancer un objet ou un monstre dessus, ou bien d'éliminer tous les ennemis présents à l'écran, ou encore d'activer une série d'interrupteurs. Le plus souvent, l'ensemble de ces actions devront être combinées pour franchir les tableaux, qui n'oublient pas d'intégrer des éléments classiques comme des plates-formes mouvantes ou escamotables et autres mécanismes divers et variés. Le jeu intègre donc une dimension réflexive non négligeable en complément de la dextérité traditionnellement requise par le genre. De plus, au fur et à mesure que Po délivre les Cinq Cyclones emprisonnés par Tai Lung, il emprunte leurs capacités, qui lui permettent d'effectuer des mouvements supplémentaires : notre panda peut se transformer en singe pour bondir dans les airs, en serpent pour étouffer ses ennemis, en oiseau pour franchir des ravins trop larges... Bien entendu, le jeu profite de ces nouvelles possibilités de gameplay pour complexifier progressivement les niveaux. Au final, certains représenteront même de véritables casse-tête, d'autant que la présence récurrente d'interrupteurs à minuterie rajoute un paramètre temps qui ne simplifie pas la tâche.
Le constat est on ne peut plus clair : Kung Fu Panda n'est pas destiné aux enfants. Le problème, c'est qu'il ne s'adresse pas davantage aux joueurs confirmés. Le jeu dispose en effet d'une durée de vie faiblarde, qui ne les mobilisera pas plus d'une grosse après-midi. C'est d'autant plus dommage qu'il bénéficie d'une jouabilité hybride plutôt convaincante. La croix directionnelle sert à avancer et à sauter, tandis que les combats tirent parti des possibilités tactiles de la DS. A la manière d'un Ninja Gaiden Dragon Sword, le joueur fait glisser le stylet dans la direction d'un ennemi pour lui porter un coup. Selon la position relative de Po et de son adversaire, le type de coup peut varier. Il suffit de répéter plusieurs fois l'opération pour développer de véritables enchaînements. Ce système est intuitif et plaisant à défaut d'être parfait. En effet, à mesure que Po acquiert de nouvelles techniques, les mouvements à reproduire au stylet ne se différencient pas assez, conduisant le joueur à effectuer de nombreuses actions non souhaitées. C'est d'autant plus dommageable que le jeu est peu tolérant en termes d'erreurs : à l'instar d'un Prince of Persia, certaines phases de plates-formes exigent une précision millimétrée, tandis que la plupart des combats doivent être abordés avec méthode. Heureusement, en cas d'échec, le joueur reprend sa progression au début du tableau en cours. Reste la réalisation, satisfaisante dans l'ensemble si l'on excepte les thèmes musicaux proprement insupportables. Au final, Kung Fu Panda sur DS peut être considéré comme une adaptation plaisante qui aura paradoxalement du mal à trouver son public.
- Graphismes13/20
Kung Fu Panda sur DS propose un rendu visuel très honnête, qui permet de retrouver l'ambiance du long métrage de Dreamworks. Po est correctement modélisé et bien animé. Les décors sont assez variés et plutôt jolis ; ils bénéficient en particulier d'un bel effet de profondeur.
- Jouabilité11/20
Plutôt convaincante à la base avec sa maniabilité hybride à la croix directionnelle et au stylet, la jouabilité devient hélas de plus en plus délicate et de plus en plus brouillonne à mesure que Po acquiert de nouvelles techniques. Le jeu est en outre bien trop difficile pour le jeune public auquel il paraissait pourtant destiné.
- Durée de vie6/20
La durée de vie de cette version DS peine à dépasser les 4 heures de jeu. C'est très insuffisant, d'autant qu'aucun mini-jeu ni aucun mode multijoueur ne sont là pour épauler ce contenu faiblard.
- Bande son7/20
Les bruitages sont corrects, et la présence de voix françaises pour doubler les quelques dialogues est fort bienvenue. Hélas, les thèmes musicaux, minimalistes, répétitifs et vite insupportables, gâchent le tout. Il reste possible de couper la musique, mais bon...
- Scénario9/20
Difficile de s'attacher à ces personnages niais et loufoques dont on a privilégié la capacité de réplique au détriment de l'épaisseur. On parvient toutefois à suivre l'intrigue, qui reprend globalement celle du film, sans trop de déplaisir.
Trop hésitant dans le choix de son public, Kung Fu Panda sur DS aura finalement du mal à en trouver un. Les jeunes enfants seront vite rebutés par sa difficulté tandis que les joueurs confirmés snoberont son univers et sa durée de vie famélique. C'est d'autant plus regrettable que le jeu a des qualités à faire valoir, parmi lesquelles une jouabilité plaisante bien qu'un peu brouillonne, et une réalisation très honnête.