Après que les fans ont attendu pendant des années une suite au mythique Final Fantasy Tactics, Square a semble t'il décidé d'user de ce spin-off tactique en lui offrant une nouvelle orientation plus joyeuse, moins torturée que celle de son aïeul. Ainsi donc, si Final Fantasy Tactics Advance marquait clairement une rupture dans la forme, FFT A2 : Grimoire of The Rift reprend cet héritage à son compte en tentant d'y apporter de nouveaux éléments.
Si le synopsis de FFTA ne vous avait point rebuté (et pourtant, dieu seul sait qu'il pouvait y avoir de quoi), vous serez heureux d'apprendre que celui de Grimoire of The Rift suit le chemin tracé par son aîné. Ainsi donc, tout commence lorsque vous, Lusso, "profitez" de votre dernier jour d'école avant les grandes vacances. Malheureusement pour vous, votre maître vous ayant dans le collimateur, il vous intime l'ordre d'aller ranger la bibliothèque avant de quitter la prison du savoir. Ni une, ni deux, vous vous exécutez et ne tarderez pas à tomber sur un étrange livre dont les dernières pages sont vierges de tout caractère. Répondant à l'appel de l'incunable où il est permis d'y inscrire son nom, vous voilà projeté manu militari dans un monde étrange où la fantasy règne en maître depuis des lustres. Si on ne s'appesantira pas sur le scénario, c'est qu'il n'y a pas vraiment matière à le faire, le synopsis de Grimoire of The Rift étant aussi limité que celui de son aîné. La plupart des personnages sont effacés, les surprises peu convaincantes et on s'amourache très vite du système de jeu en délaissant tout ce qui a trait à l'histoire tant cette dernière est limitée malgré son orientation "conte de fées" totalement assumée.
Si l'histoire a des airs de déjà-vu, il va sans dire que Square Enix a également repris les bases du gameplay du précédent opus. Pour les retardataires, nous sommes toujours en présence d'un RPG tactique dans lequel on dirige nos troupes au tour par tour dans des arènes fermées. Bien que le soft comprenne plus de 300 missions, on notera que les objectifs sont toujours aussi peu variés et se résument en gros à défourailler tout ce qui bouge pour obtenir gils et expérience. A l'instar de son grand frère, vous aurez la possibilité de choisir des missions en vous rendant dans une auberge puis de dispatcher vos troupes, certaines quêtes vous demandant d'envoyer une délégation pendant un nombre précis de jours. Sur ce point, rien de bien neuf. Néanmoins, on remarque tout de même quelques subtilités qui font de Grimoire of The Rift un copier-coller de FFTA mais un copier-coller de luxe se savourant de plus en plus à mesure qu'on y joue. De fait, la surface de jeu est plus vaste que précédemment. Cette fois, vous évoluez de région en région qui elles-mêmes sont constituées de plusieurs lieux. Exit donc le système de pièces à poser sur la map. Le plus fort est qu'après quelques heures de jeu, on peut se rendre, grâce à un vaisseau, de continent en continent. Sachant que la notion de clan est cette fois plus approfondie, un de vos objectifs sera, en plus de ramener Luso dans son monde, d'essayer de dominer chaque région du monde d'Ivalice. A ce sujet, vous aurez accès à des enchères grâce auxquelles vous pourrez obtenir de nouvelles régions. Très important d'autant que vous bénéficierez de réductions à l'intérieur des auberges et magasins d'une région vous appartenant. Inutile de dire que si vous vous prenez au jeu, vous n'êtes pas près d'en voir le bout.
Au rayon des nouveautés, on note la présence de pas mal de petites choses en dehors des combats comme l'obtention de nouveaux items incluant des armes et autres accessoires. Si on s'approvisionne par le biais de magasins, vous aurez cette fois bien plus de possibilités pour récolter des objets rares. Ainsi, en choisissant l'option "Atelier de synthèse", vous pourrez, à l'image de ce que propose un Atelier Iris, créer de nouveaux articles. Pour ce faire, vous devrez utiliser les matières récupérées sur la surface de combat. Ensuite, en fonction desdites matières, vous aurez accès à plusieurs articles de plus ou moins bonne qualité. Enfin, une fois fini la synthèse, les objets créés seront disponibles dans le magasin. Si vous avez joué à FFTA, vous savez que ces items ont leur importance vu que c'est à l'aide de ces derniers que vous pourrez apprendre des techniques, différentes en fonction des classes. Vous en aurez d'ailleurs cette fois à votre disponibilité plus d'une cinquantaine dont une palanquée de nouvelles comme le Trappeur, le Berserk, le Mage vert, j'en passe et des plus puissantes. Tout comme son ancêtre, plusieurs jobs sont peu intéressants mais cette pluralité est indéniablement un gros plus de Grimoire of The Rift. A signaler, que certaines d'entre-elles seront désormais déblocables à l'issue de missions.
Pour en revenir aux clans, je ne vous apprendrai rien en vous disant que de sa constitution dépendra la victoire. Ayez donc en tête que plus vous aurez de personnages différents, plus vous aurez une chance de faire face aux dangers qui vous guettent. Comme d'habitude, certains jobs ne seront accessibles qu'aux Humains, Viéras, Mogs, N'mohs, Vangaas, Seeqs ou Grias. Pour recruter vos 24 coéquipiers, deux choix : le premier sera de répondre à des candidatures spontanées alors que le second sera induit par les missions sachant qu'au terme de certaines, des personnages se proposeront de rejoindre votre groupe. Comme dans FFT et FFTA, il sera même possible de recruter des "guests", ici issues de Final Fantasy XII. Une fois vos soldats durement entraînés et équipés, il sera temps de se jeter dans la bataille. Sur ce point, FFT A2 innove modérément et peut même décevoir. Pas du côté graphique puisque le jeu est très joli avec de superbes effets spéciaux mais plutôt dans les défauts qui font de la résistance depuis le premier FFT. Par exemple, on croise toujours des problèmes de visibilité vu qu'il est impossible de tourner le plateau de jeu, alors que FFT le permettait. Ensuite, la feature qui manque cruellement est celle nous permettant d'accélérer l'action lors du tour de l'adversaire. C'est tout de même énervant que Square n'ait toujours pas répondu aux suppliques des joueurs.
Pour le reste, pas grand-chose à signaler. Les juges posent encore leurs conditions en début de combat en nous intimant l'ordre de ne pas utiliser telle magie, de ne pas rater un seul coup, etc. Oui, on trouve quelques lois bien plus perverses que par le passé. De fait, si on ne se plie pas à leur bonne volonté, on aura tôt fait de perdre leur protection et a fortiori les bonus octroyés en début de partie qu'il est possible de choisir dans une liste. Précisons aussi que cette fois, vos ouailles pourront jouir d'actions spéciales. Kezako ? Il s'agit simplement de commandes supplémentaires qui apparaissent une fois que votre combattant est pris d'une énergie soudaine. Variant en fonction des alliés ou ennemis adjacents, cette idée est une bonne surprise et amène un peu de fraîcheur aux combats. En parlant d'évolution, évoquons aussi les caractéristiques, de vos persos (mobilité, attaque, défense), mais surtout celles de votre clan (diplomatie, habilité, coordination et adaptabilité) dont le niveau vous ouvrira la porte de missions particulières. Voilà, en gros, ce qu'on peut dire concernant les plus de ce FFT A2 qui tout en singeant son grand frère apporte un peu d'inédit pour satisfaire les amateurs ayant tâté du précédent segment.
Sur la question de l'utilisation de la console, disons que Square Enix aurait pu mieux faire. Bien mais pas top pour paraphraser un grand monsieur de ma connaissance. Par exemple, si vous ne désirez pas utiliser le stylet, libre à vous. Tant mieux dirais-je, vu que tout peut ici se faire très facilement à l'aide des boutons d'action. Mais le plus intéressant est l'utilisation de l'écran du haut qui évite bien des allers-retours dans les menus d'inventaire. Pratique, très pratique même pour voir en un clin d'oeil quelle arme se destine à quelle classe de persos, les règles régissant un combat ou toute autre information essentielle. Là-dessus, rien à redire, la Nintendo DS étant une console parfaite pour ce type de jeu. Maintenant, si vous attendez une vraie révolution de FFT A2, vous risquez de déchanter car comme à son habitude, Square recycle en saupoudrant le tout d'idées nouvelles pour faire passer la pilule. Ce n'est pas un mal mais on pourra grincer des dents face aux soucis que le développeur ne semble pas vouloir corriger malgré le temps. De cette solution de facilité, naît tout de même un excellent RPG tactique, beau, jouable et immersif. Ceci dit, on eut peut-être préféré une vraie suite au FFT original sur la console de Big N ou la portable de Sony. Mais vous savez ce qu'on dit, il ne faut jamais dire jamais.
- Graphismes15/20
Le style graphique de Final Fantasy Tactics Advance prévaut avec ses couleurs criardes et ses mines réjouies. Utilisant à nouveau les races de Final Fantasy XII, l'univers de Grimoire of The Rift enchante malgré une naïveté ambiante un peu frustrante pour celles et ceux ayant connu FFT. Cependant, les graphismes sont détaillés, plus variés que ceux de FFTA et les sorts et invocations sont, pour la plupart, superbes.
- Jouabilité15/20
Le double écran de la DS est mis à profit pour un plus grand confort, surtout lors de l'achat d'équipement. Ca n'a l'air de rien mais c'est une des nouveautés les plus importantes à mon humble avis. Par contre, carton rouge pour Square qui n'a pas encore réglé des problèmes de visibilité durant les batailles ou n'a pas pris le temps d'incorporer "un défilement rapide de l'action" lors du tour de l'ennemi. A part ça, le système de jobs, d'apprentissage de techniques est toujours aussi concluant et prenant. Enfin, la notion de clans est davantage mise en valeur que par le passé, notamment à travers un petit côté Risk.
- Durée de vie16/20
Plus de 300 missions, une aire de jeu bien plus vaste que par le passé, une multitude de jobs, la possibilité de gagner des objets en récoltant des tickets de tombola grâce à la connexion wi-fi, la durée de vie de FFTA 2 est assurée. Vous en aurez pour votre argent, surtout si vous êtes un acharné ne vivant que pour tout voir, tout avoir. Dans ce cas, préparez-vous à laisser tomber le sommeil pendant de longues semaines d'autant que vous pouvez cette fois opter pour deux niveaux de difficulté.
- Bande son14/20
La charte musicale imposée par Hitoshi Sakimoto est à l'honneur. Synonyme de mélodies tantôt enjouées, tantôt triomphantes, la bande-son contribue à donner à FFT A2 une délicieuse consistance musicale. Dommage que plusieurs thèmes soient de "simples" remix du précédent épisode.
- Scénario11/20
Après plusieurs heures de jeu, le scénario ne décolle pas vraiment. Remarquez, vu la légèreté de celui-ci, ce n'est pas un problème en soit. Malgré tout, et au risque de radoter, je persiste à dire que Square a fait le mauvais choix en troquant l'ambiance tragique du premier segment pour une atmosphère plus légère, probablement plus en phase avec the world of Nintendo.
Grimoire of The Rift se repose trop sur ses aînés mais alors qu'il ne cherche pas à se démarquer, il parvient tout de même à convaincre. Les jobs sont plus nombreux, l'aventure plus longue, l'aire de jeu plus vaste et quelques très bonnes idées, ainsi qu'une utilisation des capacités de la DS, font facilement passer la pilule. Pour autant, FFT A2 n'est pas vraiment l'Alpha et encore mois l'Omega du RPG tactique sur portable, non, c'est juste un très bon jeu, une sorte de copier-coller de luxe de FFTA mais en l'état, c'est déjà bien.