Disponible depuis quelques mois dans sa version française, Rappelz rencontre, à l'instar de Fly for Fun disponible sur le même portail, un succès qui n'est pas seulement dû à sa gratuité. Avec son gameplay construit autour du monster bashing, et typique en cela des MMORPG coréens, il s'adresse en priorité aux joueurs hardcore, qui devront s'armer de patience et se montrer persévérants. A ceux-là, il offre entre autres un excellent système d'évolution de personnage, aussi exigeant que gratifiant.
Posez à un joueur chevronné de Rappelz, désireux de vous faire partager sa passion, la question du background du jeu et de la toile de fond scénaristique. Le voilà fort embarrassé. Car en vérité, il s'agit là d'un aspect bien secondaire, dont on ne se soucie plus guère au bout de dix minutes de jeu. Tout ce que l'on sait, c'est que les Gaïa furent la première race à fouler la surface du monde, suivis de près par les Deva et les Asura, envoyés successivement par les dieux de la Lumière et ceux des Ténèbres pour les aider à se développer. Une puissante magicienne que l'on nomme la Sorcière fut la première source de discorde : elle souleva une partie du peuple de Gaïa contre la domination des dieux, poussant la partie restante à s'allier avec les Deva et les Asura pour venir à bout de ces rebelles. Conséquence néfaste de cette guerre : les royaumes ont été dévastés et envahis de monstres ; ils sont aujourd'hui en pleine reconstruction. Redoutant de surcroît un retour de la Sorcière, les trois peuples forment de nombreux combattants afin de pouvoir faire face à une nouvelle menace.
On l'aura compris, Rappelz propose au joueur d'incarner une des trois races disponibles : les Gaïa, les Deva et les Asura. Chacune d'elle possède des classes spécifiques, qui sont une déclinaison de trois grands archétypes différents: le guerrier, le mage et le dompteur. Il faut toutefois savoir qu'à l'instar d'autres MMO asiatiques comme Ragnarok Online ou Fly For Fun, le joueur débute en incarnant un personnage sans orientation particulière, qui ne pourra choisir sa voie qu'une fois le niveau 10 atteint et une quête spécifique accomplie. Puis, à partir du niveau 50, il lui sera possible de se spécialiser. Par exemple, le chevalier (le combattant des Deva) peut devenir paladin ou champion ; le mystique (le mage des Gaïa) peut évoluer en druide ou en chaman ; le rôdeur (le dompteur des Asura) se verra quant à lui proposer les voies d'assassin ou de traqueur. Rappelz propose au total 9 classes primaires et 15 classes secondaires, qui permettent de déterminer progressivement le profil de son personnage. Les choix sont hélas beaucoup plus restreints au niveau cosmétique : à la création de son personnage, le joueur ne dispose que de quelques tenues et coupes de cheveux qui ne suffisent pas à empêcher l'affluence de clones sur l'île des apprentis, la zone de tutorial où il débute l'aventure. D'autant qu'une fois ce tutoriel bouclé, le personnage se trouvé téléporté dans la ville spécifique à sa race : Laksy, Horizon ou Katan.
Il est clair que si l'on recherche de nombreuses possibilités de personnalisation visuelle, ce n'est pas vers Rappelz qu'il faudra se tourner. En revanche, rarement un MMORPG aura proposé un système d'évolution de personnage si abouti. C'est bien simple, si l'on excepte la progression des caractéristiques de base, qui est automatique, le joueur garde la main sur de nombreux paramètres qui lui permettent de définir finement l'orientation de son personnage. Un système aussi gratifiant qu'exigeant, puisque l'on est dans un de ces jeux où il est fréquent d'obtenir un premier personnage "mal monté", synonyme de difficulté supplémentaire à passer les niveaux. Concrètement, chaque monstre tué et chaque quête validée octroient au joueur des points d'expérience, mais aussi des points de compétence. On retrouve en effet dans Rappelz un système similaire à celui de Ragnarok Online, où chaque personnage possède deux niveaux : un niveau de base, qui augmente automatiquement avec l'expérience accumulée, et un niveau de classe qui ne progresse pas à la même vitesse. Les points de compétence accumulés peuvent être tout aussi bien dépensés pour augmenter le niveau de classe que pour acheter et améliorer les (très) nombreuses compétences qui lui sont liées. Privilégier l'un ou l'autre présente des avantages et des inconvénients sur lesquels on ne pourra malheureusement pas s'étendre ici, tout comme la fameuse possibilité de "sur-évolution".
Une fois parvenu à rentrer dans ce système un tantinet complexe, le joueur peut en apprécier toutes les subtilités. Il dispose également d'une autre façon de customiser son avatar, via l'équipement cette fois. De prime abord, c'est un aspect de Rappelz qui semble peu attrayant : les pièces d'équipements, peu nombreuses, voient de surcroît leur utilisation restreinte à une classe et à un groupe de niveaux donnés (six rangs de R1 à R6). De plus, elles ne confèrent à la base aucun bonus ; aucune rareté particulière ne leur est donc associée. Le secret, c'est que toutes sont entièrement améliorables et personnalisables, et ce par trois biais. Le premier consiste à les amener chez le forgeron, qui peut augmenter leur niveau contre monnaie sonnante et trébuchante : les R1 peuvent être upgradées jusqu'au niveau 5, les R2 à R6 jusqu'au niveau 10. Cette opération est sans danger contrairement à la seconde solution, qui consiste à enchanter les équipements en leur associant un cube de force ou de défense (qu'il faut préalablement avoir eu la chance de trouver) : plus le nombre de cubes est important, plus l'objet est susceptible de se briser pendant la combinaison. Bien entendu, comme de nombreux autres MMO ayant opté pour le modèle économique du free to play, Rappelz est doté d'un Cash Shop dans lequel on peut trouver tout ce qu'il faut pour optimiser les chances de réussite de ce genre d'opérations. Enfin, la dernière technique consiste à sertir les équipements de pierres d'âmes qui ajoutent des bonus aux caractéristiques principales du personnage.
Il faut savoir que ce système d'upgrade s'applique également aux compétences, qui peuvent voir leur puissance boostée grâce à des cartes, assez difficiles à trouver et donc particulièrement convoitées. Mais l'atout maître de Rappelz réside surtout dans la possibilité, pour chaque classe, d'être accompagné d'un familier susceptible d'apporter un réel soutient en combat, même si ce sont les dompteurs qui en feront le meilleur usage. Il faut pour cela disposer d'une carte, trouvable chez le marchand (pour les plus communes) ou sur le cadavre de certains monstres (pour les plus rares), et réussir à dompter la bête en question, ce qui n'est pas une mince affaire. Une fois apprivoisé et formé, le familier évolue en même temps que son maître, qui lui confère un certain pourcentage des points d'expérience gagnés : il monte de niveau, acquiert des compétences (au choix du joueur) et peut lui aussi connaître plusieurs évolutions. Il est même possible d'équiper son familier via des cartes (eh oui, encore !) disponibles chez le marchand : vous rêviez d'une panthère en armure de plaques maniant la hache à deux mains ? Rappelz l'a fait ! Outre ce défaut de cohérence, on regrette la trop lente montée en niveau du familier, qui le rend plutôt fragile face à des créatures du niveau de son maître. Mais les buffs intéressants qu'il lui octroie compensent largement ce désagrément et le rendent au final indispensable.
De toute façon, et de manière générale, Rappelz requiert d'apprécier les longues séances de grind pour ne pas perdre très vite patience. La longueur potentiellement rebutante du leveling peut lasser, d'autant que le bestiaire est peu varié et que les spots d'xp se résument le plus souvent à des parcs à monstres assez vides. Il y a bien quelques quêtes à se mettre sous la dent, mais le gain d'expérience qu'elles procurent reste assez maigre, et les items donnés en récompense (ce sont le plus souvent des fragments de force et d'esprit qui permettent d'augmenter temporairement les dégâts physiques et magiques), tout utiles soient-ils, se révèlent un peu décevants. C'est pourquoi la présence du système d'énergie est mal accepté : il permet aux joueurs occasionnels de tirer meilleur parti du bashing de monstres en termes de gain d'xp, mais donne l'impression aux joueurs réguliers d'en être les victimes, d'autant que certains items vendus au Cash Shop permettent de régénérer plus vite cette énergie. Bref, pour progresser rapidement à Rappelz, il faut avoir du temps, de l'argent... ou jouer en groupe. Cette dernière possibilité valorise fortement l'expérience de jeu, dans la mesure où elle permet de se lancer à l'assaut d'un des quatre donjons disponibles. On y trouve des monstres plus difficiles à tuer qu'ailleurs mais on y gagne au niveau de l'expérience acquise et des drops obtenus.
Il faut savoir que ces donjons ont une autre importance puisqu'ils sont au coeur d'un système de pvp de guilde particulièrement motivant, que l'on ne décrira hélas que brièvement ici. Il est possible pour une guilde de "posséder" un des donjons du jeu et d'en tirer profit en prélevant une taxe sur les drops. Pour cela, deux étapes. La première consiste à réaliser le meilleur temps hebdomadaire dans un Raid contre la montre, qui implique d'aller tuer le boss du donjon en un temps record. La guilde gagnante a alors le droit de participer, pendant le week-end, à un Siège contre le propriétaire du donjon (une autre guilde, donc). En cas de victoire, elle en devient le nouveau possesseur. Il faut savoir que, même sans prendre part à ce genre d'événement, il reste possible de se livrer à du pvp sauvage, plus ou moins réglementé en fonction des serveurs. De même, Rappelz bénéficie d'une communauté active regroupée autour d'une équipe d'animation efficace, qui organise régulièrement des événements avec récompenses à la clé. Le jeu dispose également de plusieurs fonctionnalités typiques du genre, qui sont autant d'arguments pour invoquer sa complétude : on peut voyager plus vite en louant une monture pendant une durée déterminée, ouvrir une boutique et vendre à la criée comme dans Dofus, ou bien encore utiliser les hôtels des ventes présents dans chaque ville (qui auront réussi à endiguer partiellement la flambée des prix).
Bref, les possibilités accordées par Rappelz sont nombreuses et permettent d'étoffer le gameplay un tantinet rébarbatif centré sur le monster bashing. Pour ne rien gâcher, le jeu dispose d'une réalisation tout à fait correcte étant donné sa gratuité, à la croisée d'un Lineage et d'un Guild Wars. Les joueurs qui ne souhaitent pas s'acquitter d'un abonnement mensuel et que le grind n'effraie pas trouveront donc là une excellente alternative, particulièrement addictive, à tous les MMO du moment. Quant aux autres, ils pourront l'essayer librement pour se faire une idée. Que demander de plus ?
- Graphismes14/20
Le moteur 3D affiche des graphismes honnêtes dans un style manga propre aux MMORPG coréens. On déplore toutefois un clipping très prononcé et de nets ralentissements dans les zones particulièrement peuplées (comme les villes), et ce même sur de grosses machines.
- Jouabilité16/20
Les menus sont clairs et la prise en main particulièrement rapide pour qui a déjà touché à un MMO : une barre de raccourcis permet d'accéder très simplement aux différentes fonctions utiles durant les combats (attaque de base, compétences, items et potions, action du familier...).
- Durée de vie15/20
Atteindre le niveau 140 représente un défi que seuls les joueurs les plus persévérants peuvent relever. Les autres ont le droit de jeter l'éponge face au bashing de monstres à outrance. En même temps, il faut reconnaître que Rappelz ne manque pas de contenu alternatif.
- Bande son12/20
Les thèmes musicaux du jeu sont composés dans un style très épique qui dynamise les affrontements. En revanche, leur manque de variété les rend particulièrement lassants à la longue. Les effets sonores sont réussis mais un peu trop discrets.
- Scénario6/20
De la même manière que pour Fly for Fun, cette note sanctionne l'absence de scénario. Le background a beau être sommaire, il devait être possible d'en tirer un semblant d'histoire, ne serait-ce que pour rendre les quêtes un tantinet plus intéressantes.
A l'instar de Fly for Fun, il convient de préciser que cette note générale tient compte de la gratuité du jeu. Mais dans une faible mesure seulement, tant Rappelz est un MMORPG de qualité qui n'a rien à envier à certains concurrents payants. Prenant le parti d'assumer son gameplay centré sur le monster bashing, il bénéficie de sérieux atouts visant en priorité les amateurs de grind : le système d'évolution de personnage a rarement été aussi gratifiant, la gestion du familier est très complète, la chasse au drop plus jouissive que jamais et le système de pvp de guilde est un peu la cerise sur le gâteau. Quelques petits défauts l'empêchent encore de prétendre aux plus hautes marches du podium, mais nul doute que la sortie prochaine de l'Epic V devrait apporter de nombreuses améliorations, ainsi que de nouvelles fonctionnalités pour renouveler l'expérience de jeu.