Le pari de cette version Wii de Top Spin 3 est de nous offrir une alternative plus réaliste et plus ambitieuse au tennis proposé dans la compilation Wii Sports tout en conservant son approche immersive. Le soft s'efforce donc de nous offrir quelques bonnes sensations pour peu qu'on joue dans la position réelle du tennisman, jambes fléchies sur ses appuis et poignet prêt à entrer en action. Mais que les paresseux se rassurent, si Top Spin 3 gère plutôt bien l'amplitude et la rapidité des mouvements du bras, rien ne vous empêche de jouer assis et de frapper la balle à l'aide de simples coups de poignets. Le seul impératif est la prise de raquette qui nécessite de tourner la Wiimote à 90° vers la gauche à la manière d'un tennisman tenant son grip. Seul le bouton B est accessible avec le bout de l'index, auquel s'ajoutent les touches du Nunchuk.

Le maniement étant assez singulier, je me permets de rentrer tout de suite dans les détails. Si le respect de la prise en main est primordial, c'est pour que la console soit capable de détecter vos gestes avec précision. Le type de mouvement effectué influe en effet directement sur la frappe qui va suivre à l'écran, le coup étant plus ou moins rapide et puissant selon l'ampleur et la rapidité de votre geste. Mais ce n'est pas tout. Le sens du mouvement a aussi son importance puisqu'une frappe effectuée de bas en haut débouchera sur un coup lifté, tandis qu'une frappe effectuée de haut en bas aboutira sur un coup slicé. Dans le même ordre d'idées, il suffit de rajouter la touche Z du Nunchuk aux mouvements précédemment décrits pour obtenir respectivement un lob ou un amorti. On imagine facilement que les frappes de gauche à droite ou de droite à gauche sont dédiées aux revers et aux coups droits, ce qui est le cas, même si le jeu prendra tout de même en compte votre geste si vous vous trompez. Pour résumer tout ça, disons que le gameplay de Top Spin 3 sur Wii requiert un petit temps d'adaptation au bout duquel vous maîtriserez sans problème chacun de ces coups.

Il ne reste plus ensuite qu'à trouver le bon timing pour amorcer son geste, sachant qu'à la différence de Wii Sports, on doit également gérer tous les déplacements du joueur. C'est là que le stick du Nunchuk intervient pour nous permettre, dans un premier temps, de placer son joueur, et dans un deuxième temps d'orienter la direction de la frappe. En coordonnant le tout, on peut réussir à placer ses balles sans problème à n'importe quel endroit du court, ou presque. Le gameplay se révèle en effet un peu trop assisté et le joueur n'a pas beaucoup de solutions pour travailler sa frappe. Par conséquent, ce sont souvent les mêmes schémas de jeu qui ressortent inlassablement dans les échanges. C'est d'autant plus vrai que certaines techniques fonctionnent un peu trop bien contre les joueurs contrôlés par l'IA de la console et qu'elles sont étonnamment simples à effectuer. Je pense notamment aux services croisés suivis d'un amorti qui sont quasiment imparables pour le joueur en face.

La gestion du service propose trois alternatives intéressantes qui permettent de prendre plus ou moins de risques selon votre niveau de confiance. En première balle vous pouvez sans problème réaliser un service en deux temps qui consiste à lancer la balle avec le bouton C, puis à terminer le mouvement en abaissant la Wiimote au moment où l'indicateur s'arrête au centre de la jauge. Lorsque vous maîtriserez ce geste, vous pourrez tenter les coups risqués en rajoutant le bouton B durant le service pour optimiser votre frappe, mais la taille de la jauge sera réduite de moitié. Enfin, si vous n'avez pas l'intention de placer la balle à un endroit précis ou que vous ne voulez pas risquer la double faute, vous pouvez assurer le service en optant pour la version automatisée affiliée à la touche Z. Une fois dans le jeu, vous verrez que tout ceci est extrêmement simple et intuitif, le gameplay pouvant être maîtrisé en quelques minutes seulement. Par ailleurs, l'activation des vibrations dans la Wiimote permet de savoir à quel moment amorcer son geste durant l'échange, une aide précieuse dans l'apprentissage du système de jeu.

En quelques minutes, vous voilà prêt à défier les joueurs du circuit professionnel, mais ces derniers sont-ils seulement à la hauteur ? Si les matches d'exhibition peuvent être paramétrés dans tous les sens, la difficulté est fixe durant les tournois, et celle-ci aurait gagné à être revue à la hausse. Ce sont d'ailleurs des championnats aux règles variables qu'il faut enchaîner dans un premier temps avant de parvenir enfin aux tournois du Grand Chelem. Autre motif de déception, l'absence injustifiable du mode Carrière, présent dans les autres versions, qui nous oblige à jouer avec les tennismen réels ou fictifs qui nous sont proposés, sans aucune possibilité de créer son propre joueur. La liste est malgré tout intéressante, on y trouve ainsi Federer, Monfils, Ancic, Berdych, Blake, Haas, Murray, Nalbandian, Philippoussis et Roddick, côté hommes. Côté femmes, l'effectif est plus réduit avec Justine Henin, Svetlana Kuznetsova, Amélie Mauresmo, Maria Sharapova, Nicole Vaidisova et Caroline Wozniacki. Il faut tout de même rajouter Boris Becker, seul joueur de légende inclus par défaut dans cette version Wii, ainsi que tous les joueurs fictifs créés par les développeurs. Sous réserve qu'il y ait d'autres joueurs à débloquer, il faudra donc se passer de Rafael Nadal, Bjorn Borg et Monica Seles, pourtant présents sur PS3.

Mais ce qui manque le plus à cette version Wii, c'est un contenu digne de ce nom. En plus de proposer des matches trop faciles à gagner et des schémas de jeu difficiles à renouveler, le soft ne peut pas vraiment compter sur la pertinence de ses modes de jeu. Les tournois ne compensent pas l'absence du mode Carrière et les soi-disant mini-jeux sont en fait de simples matches soumis à certaines conditions qui récompensent tel ou tel joueur à la fin de la partie. On peut regretter que les concepteurs n'aient pas été plus inspirés par les spécificités de la Wii pour imaginer des épreuves autrement plus originales. Lors des parties à plusieurs on se rabat donc sur les matches d'exhibition en simple ou en double, de un à quatre joueurs en simultané. Dans le cas du multijoueur, on peut opter soit pour une vue normale soit pour un écran splitté qui a le mérite de permettre à tout le monde de voir son joueur de dos. On termine avec une dernière critique à l'encontre de l'ambiance générale du soft qui s'avère un peu mollassonne dans l'ensemble. Qu'il s'agisse des réactions du public ou des ralentis, on ne sent nulle part la volonté de donner aux matches la dimension spectaculaire dont ils auraient eu besoin pour gagner en dynamisme. Malgré tout, Top Spin 3 sur Wii vaut le coup d'être découvert pour son côté intuitif et immersif qui garantit des parties conviviales sans aucune prise de tête.