Jeu de plateau bien connu des stratèges amateurs, Stratego fait aujourd'hui l'objet d'une adaptation DS minimaliste. Si son mode multijoueur peut éventuellement distraire quelques heures, le mode solo s'essouffle hélas très rapidement.
Edité pour la première fois en 1947 aux Etats-Unis, Stratego est en quelque sorte l'ancêtre lointain des jeux de société tactiques, voire des wargames. Dans la version originale, chaque joueur dispose d'une armée de 40 pions représentant des gradés militaires du XIXème siècle et des bombes. La partie se déroule sur un damier de 92 cases figurant un champ de bataille et le but du jeu consiste à s'emprarer du drapeau adverse.
Avant de commencer, les joueurs disposent leurs troupes et leurs bombes face cachée dans leurs camp. Ils en profitent pour dissimuler également le fameux drapeau qu'ils devront protéger à tout prix. Ne sachant pas où cet étendard se trouve parmi les unités de l'adversaire, il faut généralement tâtonner un bon moment avant de tomber dessus et gagner. Les troupes se déplacent toujours face cachée d'une seule case à la fois à l'exception des éclaireurs qui peuvent franchir autant d'espaces vides qu'ils le souhaitent. Lorsqu'un déplacement aboutit sur une pièce adverse, les deux joueurs révèlent leurs unités et un combat s'ensuit. La pièce la plus forte se retourne à nouveau et reste en jeu tandis que la plus faible est éliminée. En cas d'égalité, les deux pièces sont retirées de la partie. Comme Stratego n'est pas uniquement basé sur la mémoire et la chance, on doit aussi tenir compte de quelques éléments tactiques. Ainsi, les bombes font exploser n'importe quelle pièce qui les attaque à l'exception du démineur. Ce dernier étant un piètre combattant, on prendra généralement soin de lui préparer le terrain avec une brute comme le maréchal et ses 10 points de force. Mais ce guerrier d'élite souffre lui-même d'une faille. En effet, si l'espionne de force 1 tombe dessus, elle le tue instantanément.
Reprenant scrupuleusement les règles simplistes et le design vieillissant du jeu de plateau original, Stratego Next Edition propose également quelques variantes telles que le 90° (le plateau est tourné d'un quart de tour) ou le Duel (partie rapide avec 10 pions). Cependant, si Stratego a encore ses inconditionnels de par le monde, ceux-ci risquent de s'ennuyer ferme, seuls face à leur DS. Il faut dire que l'intérêt des parties repose en fait essentiellement sur le bluff et sur l'interprétation des réactions de son adversaire. Inquiétude simulée ou assurance affichée lors d'un coup risqué font partie intégrante du jeu. C'est ce qui en fait le charme. Rien n'est plus satisfaisant que de faire tomber un maréchal dans un guet-apens en feignant de paniquer à son arrivée. On mémorise les mouvements des troupes ennemies, on essaie de deviner les intentions de l'adversaire, et on se délecte de ses erreurs. Quoi de plus jouissif en effet que de contempler la mine déconfite d'un pote venant de confondre une bombe avec un éclaireur ?
Bien entendu, on ne retrouve rien de tout ça en affrontant une machine, qui de plus, il faut le souligner, joue particulièrement mal. Pour tout dire, je n'ai perdu aucune des 15 ou 20 parties que j'ai disputées contre le CPU, quelque soit le niveau de difficulté que j'ai sélectionné (il y en a trois). On se rabattra donc rapidement sur le mode multijoueur pour partager sa cartouche avec un ami équipé d'une DS. Là, on aura la bonne surprise de découvrir une dizaine de nouvelles variantes pour des affrontements sortant un peu de l'ordinaire. Mais une question se pose : quel est l'intérêt d'acheter une version DS nécessitant deux consoles et coûtant 30 euros quand la version de poche du jeu de plateau est disponible à moins de 10 euros ? Certainement pas la réalisation ni le contenu de cette édition vidéoludique qui se cantonne au minimum syndical. Alors soit on est totalement dépendant de son Dual Screen et on achète Advance Wars ou Panzer Tactics, soit on défie un ami sur une table de la cantine avec des pions en plastique, c'est bien plus marrant.
- Graphismes8/20
Le design du plateau et des pions est fidèlement respecté. Entendez par là qu'on est dans le dépouillement le plus intégral. Quant aux "animations", elles se résument à deux épées qui se croisent et à des bris de glace...
- Jouabilité11/20
Le stylet est utilisé pour placer et déplacer les pièces sur le plateau. Bien qu'elles soient assez petites, leur prise en main est agréable. En revanche, l'intelligence artificielle tombe dans tous les pièges et joue particulièrement mal.
- Durée de vie7/20
En solo, il n'y a que quelques variantes de jeu à se mettre sous la dent et on se lasse très vite d'écraser un adversaire virtuel aussi fade qu'incompétent. C'est donc le multijoueur qui sauve péniblement ce soft au concept vieillot et à la réalisation désuète.
- Bande son13/20
Quelques marches militaires de bon aloi illustrent les parties ponctuées de cris et de coups de canons.
- Scénario/
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Stratego n'est pas un titre de première fraîcheur et son adaptation DS ne rehausse en rien son intérêt discutable en regard de ce qui se fait actuellement sur cette console. Les nostalgiques de la version plateau seront forcément déçus par l'intelligence artificielle à la ramasse et par le manque de vie qui se dégage des parties solos.Les autres passeront leur chemin.