Les jeux d'équitation sous licence d'une cavalière renommée se multiplient tellement qu'il faudra bientôt songer à former de nouvelles championnes pour pouvoir assurer ce sponsoring. Cinq fois médaillée d'or, Mary King est la caution sportive d'un nouveau titre du genre sur DS, intitulé Mary King's Riding School. La dame pouvait-elle prévoir qu'elle prêterait son nom à un authentique navet ?
Une chose est sûre : avec ses graphismes plutôt mignons et un public acquis d'avance à sa cause, Mary King's Riding School devrait se vendre comme des petits pains. Le rédacteur se sent donc un peu impuissant face au rouleau compresseur du marketing, prêt à délester de 40 euros les jeunes férues d'équitation. Pourtant, tel un Don Quichotte des temps modernes, il va désespérément tenter de convaincre la lectrice qu'il s'agit d'un jeu à éviter. Alors oui, Mary King's Riding School propose de jolis environnements, comme ne manquent pas de le faire valoir les captures ornant la boîte de jeu. Mais c'est à peu près tout ce que l'on peut lui accorder, tout le reste n'étant qu'une vaste pantalonnade affublée d'une jouabilité hasardeuse, d'un contenu indigent et d'un challenge inexistant.
A l'instar de nombreux autres titres du genre, Mary King's Riding School propose de créer son personnage et de choisir son destrier parmi les quelques races proposées. Ce qui marque d'emblée, c'est l'absence de réalisme : les cavaliers ressemblent à des poupées mannequins, et les chevaux semblent tout droit sortis de Mon Petit Poney. La modélisation et l'animation de ces derniers est tout simplement désastreuse ; c'est à croire que les développeurs n'ont jamais vu un cheval de leur vie. Ce mépris de tout réalisme se retrouve constamment dans le jeu. Par exemple, lors des épreuves de Show jumping, le cheval peut sauter un obstacle dans n'importe quelle situation. Faites l'expérience : conduisez-le au pas jusqu'à une barrière, puis demandez-lui de la franchir. Il vous gratifiera alors d'un magnifique saut de lapin, franchissant l'obstacle sans avoir pris aucun élan au préalable. Dans le même esprit, sachez que durant les premières épreuves de Cross country, les chevaux galopent... au ralenti ! Il est en effet possible, au fur et à mesure de la progression dans le jeu, d'acquérir de nouvelles montures bien plus efficaces, notamment dans le domaine de la vitesse de course. Mais pour marquer cette différence, les développeurs n'ont rien trouvé de mieux que de faire galoper les plus lents au ralenti. Le rendu est aussi risible que navrant. Dernier aspect plutôt gênant en ce qui concerne le gameplay : la maniabilité du cheval, bien trop hasardeuse. Le jeu exploite les fonctions tactiles de la DS ; à l'aide du stylet, on déplace un curseur bleu vers les bords de l'écran en lui imprimant un mouvement plus ou moins franc, et on touche deux fois l'écran tactile pour sauter. Le résultat est peu convaincant : les trajectoires manquent de précision et les sauts sont incertains. On a donc tôt fait de se replier sur une maniabilité traditionnelle impliquant la croix directionnelle et ces bons vieux boutons.
Complètement raté sur le plan du gameplay, Mary King's Riding School ne brille pas davantage par son contenu. Désormais classiques dans tout jeu du genre, les phases de soin au cheval sont ici bâclées et n'ont de toute façon aucune conséquence sur sa performance durant les compétitions. Ces dernières sont aussi inintéressantes que répétitives. Chacune est constituée de trois épreuves que l'on retrouve tout au long du jeu : le Cross country (parcours d'équitation en nature), le Show jumping (saut d'obstacles) et le dressage (performance esthétique devant un jury). Les deux premières sont extrêmement basiques et bénéficient pour seul challenge de la présence d'un chronométrage qui détermine votre position dans le classement. Il faut savoir qu'il est très facile de se placer parmi les trois premiers, et que la médaille d'or est acquise pour peu que vous ayez acheté suffisamment tôt une monture rapide. Quant au dressage, il consiste à reproduire une série de symboles affichés à l'écran, tâche aussi pénible que peu motivante. Du coup, on enchaîne les compétitions sans aucune conviction. Une fois les six concours remportés (ce qui ne devrait pas vous prendre plus d'une demi-heure), il est possible de les refaire dans un niveau de difficulté supérieur, sans que le challenge soit pour autant revu à la hausse. Que reste-t-il donc à Mary King's Riding School ? La possibilité de "customiser" son cheval en l'équipant avec l'argent gagné est peut-être susceptible de convaincre les jeunes fashion victims ? Hélas non, car les éléments de sellerie et d'harnachement proposés sont aussi peu variés que peu chers : on les acquiert rapidement et on a vite fait de délaisser la boutique, qui n'est pas plus attrayante que le reste du jeu. Non vraiment, plus rien ne sauvera Mary King's Riding School, titre d'une extrême médiocrité.
- Graphismes9/20
La qualité graphique du jeu est très inégale. Les efforts des développeurs semblent avoir porté sur les environnements, qui se révèlent assez variés et plutôt jolis. En revanche, les chevaux et leurs cavaliers sont anguleux, moches et mal animés.
- Jouabilité6/20
Le gameplay est aussi basique que surréaliste, et la jouabilité au stylet poussive.
- Durée de vie4/20
Mary King's Riding School est d'une remarquable pauvreté en termes de contenu. La difficulté est artificielle et le challenge absent.
- Bande son4/20
Une horreur : les bruitages sont quasi inexistants, et la musique fort peu variée fleure bon les années 80, avec des samples tout droit sortis de la NES.
- Scénario/
Avec son gameplay au ras des pâquerettes et son contenu famélique, Mary King's Riding School est un jeu à éviter, même - et surtout - pour les adeptes de sports équestres. On ne soucie pas outre mesure du devenir de ce titre, calibré pour se vendre comme des petits pains. Mais puisse ce test servir à dissuader ne serait-ce qu'une seule lectrice de débourser les 40 euros nécessaires à son acquisition.