Inutile de revenir encore une fois sur le moteur éblouissant du jeu ou sur son inspiration africaine et la cohérence de ses environnements, si vous ne vivez pas sur la lune, vous avez vu la myriade de vidéos qui en témoignent ou même lu la preview que nous avions consacrée au jeu après notre visite au studio d'Ubi Montréal. Aujourd'hui, il s'agissait surtout de prendre le clavier en main et d'aller faire un tour dans la brousse. C'est la même mission, abordée sous trois aspects qui aura servi à illustrer le propos du jeu, deux fois par le lead level designer du jeu puis par votre serviteur. Première chose à mettre en lumière, le fameux système d'alliés que l'on rencontre dans une "safe house", ces cabanes qui permettront également au joueur de dormir s'il souhaite faire s'écouler le temps (pour mettre en place un raid nocturne par exemple) ou de refaire le plein de munitions. Pour l'heure, ce sera surtout l'occasion de revenir sur cette histoire d'alliés. La rencontre avec Franck permet d'activer une mission secondaire qui vient se greffer sur l'objectif principal qui était de détruire un relais radio. A présent, il s'agira de se rendre dans une base ennemie située à deux pas pour y faire sauter un pipeline qui achemine de l'eau. Dans la cabane, on rencontre également un second camarade, précisément un "allié secondaire" dont le rôle n'est pas de nous fournir des missions ou des indices sur la quête principale mais de nous filer un coup de main à l'occasion. Au fil de la progression, le joueur pourra avoir affaire avec une douzaine de ces personnages, chacun aura des indices différents et surtout des missions annexes différentes. Pour éviter que tout ceci prenne un aspect trop artificiel, l'importance de ces alliés sera classée en fonction de nos rapports avec eux selon un système de points. Les deux premiers deviennent ainsi le principal et le secondaire. Le seul petit problème étant que si par votre faute l'un d'eux vient à mourir, les autres vous le reprocheront et commenceront à se montrer moins coopératifs avec un type qui sème la mort dans son sillage.

La première tentative pour s'attaquer à ce campement de la UFLL, menée par Jonathan Morin, responsable du level design, était plutôt du genre violente. Le développeur commence ainsi par coller deux mines de fabrication artisanale sur une voiture avant d'en prendre le volant et de foncer vers le village. Il ne reste plus qu'à sauter en marche et à admirer le spectacle plutôt dévastateur. Le petit problème étant que ce genre de technique a un peu tendance à attirer une foule de mercenaires qui ne tarderont pas à mettre le joueur à mal. La seconde approche se voulait plus furtive. En jouant de la jumelle, il est possible de repérer chaque point important de la zone. Snipers, citernes d'essence, véhicules, tout ce qu'il faut pour bien se préparer avant de s'approcher et de commencer à éliminer les gardes en faction dans le périmètre extérieur. Là encore, les mines deviennent un jouet amusant pour peu qu'on ait la présence d'esprit d'aller en placer dans les Jeeps qui pourraient ultérieurement se lancer à notre poursuite. La fourberie dans toute sa mesquine beauté. Au coeur du combat, on retrouve la couleur annoncée cet hiver et qui sera mon lot personnel après mon entrée pour le moins tonitruante dans le village : quand les choses se corsent, ça part dans tous les sens.

Un peu pressé, j'arrive avec mes gros sabots aux abords du camp et me fais repérer à 100 mètres. On m'envoie donc un comité d'accueil en véhicule armé. Pas grave, j'ai justement un lance-roquettes à la main qui, curieusement, fait beaucoup de fumée quand j'essaie de tirer sans pour autant stopper la caisse qui fonce toujours droit devant. "Ton rocket launcher est jammé" me dit-on. On se souviendra en effet que Far Cry 2 s'inspire de ce qui se passe en Afrique, pays où les armes sont certes nombreuses mais pas toujours fiables. Commence alors un gros barouf au cours duquel ça flingue à tout va. Un petit coup d'oeil permet de repérer une citerne qui fera un paquet de dégâts dans les rangs adverses, dommage de ne pas avoir vu en revanche les trois types qui me sont arrivés dans le dos. Mais coup de bol, voici venir William, le fameux allié secondaire qui va prendre le joueur sous le bras, l'emmener à couvert et lui refiler une arme de poings, puisqu'il va de soi que si on vous sauve la mise, il n'est pas question de vous laisser conserver votre arsenal. Même si l'I.A. n'était pas encore sans faille, avec quelques ennemis souvent trop statiques ou d'autres d'une rare virulence, le gunfight qui a suivi avait de quoi laisser optimiste. Nerveux, dynamique et plein de surprises, l'affrontement aura notamment été marqué par un coup de feu malencontreux dans un stock de munitions qui, par bonheur, a fait quelques victimes parmi les ennemis pendant que quelques mètres plus loin, la citerne d'essence a fini par allumer un feu qui grignote peu à peu les bâtisses en bois. En face, un mercenaire a la mauvaise idée de vouloir aider un de ses camarades blessés, l'occasion est trop belle. Ne reste plus qu'à aller placer une charge de dynamite sur le pipeline pour terminer cette courte mission annexe. Evidemment, le faire sans trop se mettre à découvert aurait pu être un plus, game over cette fois.

Si Ubisoft communique un peu de travers sur son jeu en diffusant des gigas de démos techniques du Dunia Engine, il ne faudrait pas que cela finisse par faire oublier au joueur que Far Cry 2 a aussi un gameplay et que même si une version pré-bêta n'est pas toujours évidente à juger, ce dernier a fait une très forte impression pendant cette session de jeu. Si tout se passe bien, Far Cry 2 a décidément toutes les chances de réunir les qualités d'un moteur graphique et physique bluffant avec une expérience de jeu axée sur une grosse part de liberté et de préparation. En attendant de revoir le titre, on mentionnera tout de même un coup d'oeil jeté aux versions PS3 et Xbox 360, identiques en termes de contenu mais un léger cran en dessous de la version PC sur le plan technique. Il faut dire que la démo s'est déroulée sur une machine de brute épaisse.