La sortie d'Iron Man dans les salles devait inévitablement s'accompagner de son pendant vidéoludique. Mais contrairement au film qui, me souffle-t-on à l'oreille, "se laisse regarder", le jeu adapte de façon médiocre et sans aucune envergure l'univers du super-héros de Marvel.
Iron Man est un des personnages les plus charismatiques créés par Stan Lee. Il faut dire que les motivations de Tony Stark, l'homme sous l'armure, le rendent particulièrement attachant : cet ex- magnat de l'industrie de l'armement qui cherche désormais la rédemption est un super-héros résolument moderne qui fait écho à des préoccupations très actuelles. Le jeu reprend la trame scénaristique du film actuellement sur les écrans, mais va également au-delà, en incluant notamment des éléments issus des comics-books Marvel. L'histoire débute au fin fond de l'Afghanistan : kidnappé et contraint de fabriquer une arme de destruction massive, Stark préfère inventer une armure révolutionnaire dont il se sert pour s'échapper. Il réalise alors la puissance que cet équipement lui octroie et décide de l'utiliser pour combattre ses adversaires - à commencer par le lobby de l'armement, qui ne voit pas d'un très bon oeil son intention de faire fermer sa compagnie et de quitter le milieu.
S'appuyant sur des scènes cinématiques de bonne qualité, cette mise en place est l'occasion d'un tutoriel de deux niveaux, dans lesquels le joueur apprend à manier Iron Man, aussi bien au sol que dans les airs. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ce didacticiel n'est pas un luxe vu la jouabilité désastreuse du titre. La gestion des déplacements au stick analogique s'accompagne en effet d'un contrôle de la caméra via les boutons croix, rond, triangle et carré. Ce système déjà peu pratique au sol devient une véritable plaie durant les phases de vol. Il faut donc un temps d'adaptation important pour parvenir à s'élever, à léviter et à planer sans problème. Quant à l'activation de la post-combustion, qui permet de fuser à grande vitesse, n'y songez même pas si vous souhaitez garder un minimum le contrôle d'Iron Man. En somme, le plaisir d'incarner un super-héros évoluant dans les airs est ici totalement absent.
Sans doute conscients de cet état de fait, ainsi que des limitations induites par le moteur de jeu, les développeurs d'A2M proposent une version PSP d'Iron Man beaucoup moins centrée sur les combats aériens que ses consoeurs 360 et PS3. On y parcourt même fréquemment des réseaux de cavernes souterrains au gré d'un gameplay typique d'un shoot à la troisième personne. Exit les environnements ouverts : les niveaux sont linéaires et les objectifs de mission dirigistes. Ces derniers consistent la plupart du temps à détruire des caisses d'armement ou des silos à missiles, à protéger des convois... Ils sont donc désespérément militaires, tout comme les ennemis rencontrés (fantassins, chars, hélicos...). Les affrontements contre les boss de fin de niveau n'ont rien d'épique, même lorsqu'il s'agit d'un super-vilain : Iron Man est un jeu austère qui manque cruellement d'aura.
Pour ne rien arranger, les combats sont mous, confus et inintéressants. Iron Man dispose d'une arme principale, le Répulseur, ainsi que de l'Unirayon (un tir aussi dévastateur que gourmand en énergie). Les adversaires ne brillent ni par leur dynamisme ni pas leur intelligence ; le système de lock permettrait donc de les éliminer facilement si la gestion poussive de la caméra n'anéantissait pas toute tentative de précision. Afin d'étoffer un peu le gameplay, les développeurs ont inclus des quick time events activables dès qu'Iron Man se trouve à proximité d'un blindé. Ils permettent de les dessouder en martelant une touche : sympathique mais un peu inutile puisque plus long qu'une salve de tirs de Répulseur. A côté de ça, on regrette l'absence de la possibilité – de plus en plus courante – d'interagir avec le décor. De toute façon, celui-ci est réduit à sa plus simple expression : vides, avares de détails mais pas d'aliasing, les environnements du jeu sont parmi les plus disgracieux qu'on ait vus depuis longtemps.
Il reste bien quelques qualités à Iron Man, qui résident pour la plupart dans la gestion de l'armure : il est possible de concentrer son énergie dans un domaine particulier (puissance de feu, protection, propulsion), ainsi que de l'améliorer entre les missions, en la dotant notamment de nouvelles armes. Mais ces bonnes idées sont au service d'un gameplay décevant. Iron Man est donc une adaptation vidéoludique de piètre qualité qui peinera même à satisfaire les inconditionnels de Marvel.
Les captures d'écran proviennent de l'éditeur.
- Graphismes7/20
Seul point positif de l'aspect visuel : le rendu des différentes armures d'Iron Man. Les ennemis manquent de personnalité et les environnements sont moches, austères et truffés d'aliasing.
- Jouabilité6/20
La prise en main d'Iron Man est un vrai cauchemar. Elle est surtout trop complexe en regard du gameplay basique et répétitif. La gestion de la caméra rend la visée souvent délicate.
- Durée de vie8/20
Les quelques niveaux d'Iron Man se plient bien trop vite, malgré une difficulté croissante. Le potentiel de rejouabilité est nul.
- Bande son12/20
C'est le seul aspect valable du jeu. Les thèmes épiques propres aux blockbusters américains dynamisent un peu une action qui en a grandement besoin, tandis que les consignes du Pr. Yinsen et les répliques "métalliques" de Tony Stark permettent de lui donner un peu de substance.
- Scénario8/20
Aussi classique que décevant, surtout pour un personnage aussi riche que peut l'être Iron Man, le scénario entraîne le joueur dans un univers peu séduisant, loin du kitsch gothico-baroque des super-héros traditionnels. Les cut-scenes sont quant à elles bien réalisées, et bénéficient d'un doublage correct.
Iron Man est un jeu dont le gameplay décevant ne mérite pas les efforts déployés pour le prendre en main. Visuellement rebutant, il propose en outre des missions inintéressantes au coeur d'environnements austères. Le fan absolu des super-héros Marvel aura déjà du mal à faire abstraction de ces nombreux défauts ; les autres sont purement et simplement invités à s'en tenir au film.