Véritable monstre vidéoludique, puissant hymne à la gloire de la tripaille volante et à l'action non-stop, Gears Of War n'avait pas manqué de marquer les esprits lors de sa sortie en novembre 2006. Sa suite, habilement emmenée par un Cliff Bleszinski plus fringant que jamais, se fait maintenant une joie de nous montrer que les affrontements brutaux du premier jeu ne représentaient qu'un simple prélude à la folie à venir. Pourtant loin de révolutionner la formule initiale, Epic joue la carte du "plus", un plus magistral et brutal, qui donne furieusement envie de faire un bond dans le temps pour enfin se retrouver en possession d'une version finale du monstre.
Si pour l'heure, il nous est encore impossible de poser nos petits doigts habiles sur la bête d'Epic, la dernière présentation de messire Bleszinski aura tout de même servi à confirmer un bon nombre de choses (ainsi qu'à malmener nos glandes salivaires). Basée sur le niveau dont a été tirée la vidéo qui circule sur le net et sur le Xbox Live depuis quelques jours déjà, cette session de jeu d'une vingtaine de minutes nous aura effectivement permis d'observer que le titre donne avant tout dans la surenchère, la démesure la plus totale et incidemment, le bourrinage de masse. Car c'est un fait, le premier jeu plongeait le joueur au coeur de bastons certes pleines de rage, mais tout de même relativement limitées en termes d'échelle. Focalisé sur le destin d'une petite escouade de soldats nés de l'improbable union entre des camions-bennes et l'actuel gouverneur de Californie, le premier opus ne nous donnait pas véritablement l'impression de participer à une guerre dont l'enjeu était tout de même la survie de la race humaine. De ces escarmouches, Gears Of War 2 passe donc aux bonnes vieilles batailles rangées, au cours desquelles des dizaines de combattants se mettent joyeusement sur la tronche dans un concert de hurlements et d'explosions.
Bon, vrai, s'il y a quelque chose qui n'a pas profité de la montée en puissance générale, c'est bien l'histoire. Le scénario de ce second volet semble tout aussi anémique que celui de son prédécesseur, mais est-ce bien là que réside l'intérêt de licence ? Au final, il ne s'agira tout simplement que de la contre-attaque désespérée des humains face à des Locustes plus excités que jamais, contre-attaque à laquelle notre gueule cassée préférée, j'ai nommé Marcus Fenix, se fera un plaisir de participer. Les pauvres humains vont donc jeter toutes leurs forces dans la bataille. Et c'est ainsi qu'on aura pu observer un sympathique convoi de blindés remplis de soldats tenter de rallier une cité assiégée par les Locustes. Hélicos, chars et troufions sont présents en masse et se retrouvent très rapidement pris à partie par une copieuse horde de Locustes. Et là, c'est la fête du slip, même si pour le coup, le joueur, placé sur l'un des véhicules de transport (et sur lequel il n'exercera pas le moindre contrôle), aura presque plus l'impression d'être spectateur qu'acteur. Mais vu la tronche du spectacle, il sera tout de même difficile de faire la fine bouche.
En trame de fond se jouent en effet de multiples affrontements qui confèrent à l'ensemble une dimension véritablement apocalyptique. Des hélicos alliés explosent, d'autres soldats s'étripent au loin dans d'autres véhicules, les Locustes s'extirpent par dizaines des entrailles de Sera. C'est beau, c'est grand, mais il vous faudra tout de même vous activer sérieusement les miches, n'abusons pas. Harcelé par des groupes de "grapplers", des drones équipés de grappins, le joueur doit combattre la marée et empêcher la Horde de prendre pied sur sa monture mécanique. Le tout s'articule autour d'un bon nombre de scripts et de séquences pas piqués des hannetons. Ainsi, à un moment précis il vous faudra descendre du transport immobilisé, puis le défendre quelques secondes le temps qu'un autre personnage procède aux réparations. A peine remonté, vous devrez faire face à un abordage en règle, avant de vous coltiner non pas un, mais plusieurs Brumaks, ces immenses colosses qu'on ne faisait qu'apercevoir dans la version 360 de Gears. Chocs, poursuite, arbres écrasés et pulvérisés, déchirures soudaines du sol, l'ensemble, évidemment très dirigiste, bénéficie d'une mise en scène à couper le souffle.
Evidemment, tout cela est d'autant plus impressionnant que Gears Of War 2 réussit l'exploit d'être plus beau encore que son illustre aîné. Une gestion plus avancée des lumières permet ainsi de rendre les décors plus nets et plus clairs que par le passé. Les teintes sombres du premier jeu, même si évidemment présentes, ne sont plus forcément dominantes. De l'obscurité oppressante, véritable thématique de Gears 1, Cliffy B a voulu que le jeu nous fasse profiter d'une transition progressive entre automne et hiver, le tout dans des environnements qu'il a voulu, semble-t-il, plus ouverts et moins assujettis à des blocs et des piliers renversés. A ce titre, nous avons d'ailleurs pu noter lors du bref affrontement au sol, que les éléments du décor sont maintenant partiellement destructibles. Là encore, Mr. Bleszinski tease et annonce que cet aspect aura une véritable influence sur le gameplay. Ainsi, il ne sera plus possible de rester planqué au même endroit pendant 10 minutes, vu que le bout de mur derrière lequel on aura élu domicile finira par se désagréger sous les plombs adverses.
Et si les combats restent totalement dans la veine de ce que nous connaissions, et demeurent donc, comme nous venons de l'évoquer, largement dominés par la recherche de couverture, il aura néanmoins été question de petites trouvailles sympathiques. Outre de bien jolis duels de tronçonneuses, le joueur aura désormais la possibilité de se servir d'un Locuste groggy comme d'un bouclier vivant (enfin, pas longtemps cela dit). Le pauvre bougre ramassant alors toutes les bastos qui vous étaient initialement destinées. Evidemment, la bestiole, tout comme un mur, aura quelque peu tendance à tomber en morceaux sous le feu ennemi. A vous donc, encore une fois, de replonger à couvert pour mieux poursuivre le combat. On appréciera également de voir les Locustes blessés ramper pitoyablement sur le sol pour éviter, ou tout du moins retarder, leur trépas. Bref, si les lignes qui précédent abondent en superlatifs et débordent d'enthousiasme, on attendra bien évidemment de vraiment pouvoir tâter de la bête pour se forger un avis digne de ce nom. Car pour l'heure, Gears Of War 2, c'est surtout de la gueule, une très grande gueule avec ça. Quoi qu'il en soit, les petits gars d'Epic semblent bien décidés à mettre les petits plats dans les grands et à secouer une nouvelle fois la Xbox 360. C'est tout le bien qu'on leur/nous souhaite.