Fin 2006, Secret Files : Tunguska avait créé la surprise dans le petit monde des jeux d'aventure. Malgré un certain manque d'âme, il avait connu son petit succès chez les amateurs de point'n click. Preuve de cet engouement, une suite est déjà prévue sur PC dès septembre, tandis que l'épisode original se voit aujourd'hui porté sur les consoles Nintendo. En attendant Secret Files 2, penchons-nous donc d'abord sur l'adaptation DS du premier volet.
Dans Secret Files : Tunguska, vous incarnez Nina Kalenkov, une jeune femme qui s'apprête à passer la soirée avec Vladimir, son père qui travaille au musée d'histoire naturelle de Berlin. Mais lorsqu'elle arrive dans son bureau, elle s'aperçoit qu'il a disparu. Très inquiète, Nina appelle la police qui ne peut rien faire. C'est donc à vous que revient la lourde tâche de mener l'enquête et de trouver ce qui a bien pu arriver à ce chercheur émérite. Cette investigation va vous mener bien au-delà de la capitale allemande puisque vous visiterez tour à tour la Russie, Cuba, l'Irlande, la Chine et même l'Antarctique. On apprend d'ailleurs très vite que cette disparition aurait un rapport avec la chute d'une météorite en 1908 à Tunguska, en pleine taïga sibérienne, qui sema la destruction dans un rayon de près de 20 kilomètres.
Le déroulement de l'aventure est agréable, avec des lieux visités très variés et une logique le plus souvent respectée. Il faut cependant préciser que certaines actions ne sont a priori pas évidentes (scotcher un téléphone portable sur un chat pour espionner son maître par exemple). Globalement, on passe néanmoins un bon moment avec Nina. La jeune femme ne sera d'ailleurs pas seule, car vous contrôlez aussi un autre protagoniste pendant l'aventure : Max. Durant certains passages, il faudra faire travailler nos deux amis de concert. Pour cela, vous pouvez changer de personnage actif lorsque vous le souhaitez en cliquant sur le portrait qui s'affiche au bas de l'écran. Cette fonctionnalité est utile pour certaines énigmes qui ne peuvent être réussies qu'à deux. Il faudra donc périodiquement basculer d'un personnage à l'autre pour avancer. Pas forcément très novateur comme concept, mais sympathique. De plus, le jeu est assez joli, avec des environnements détaillés qui n'ont pas trop pâti de la conversion sur portable. Un effort aurait toutefois pu être consenti sur l'ambiance du jeu, un peu fade. Les musiques sont trop peu présentes, quant aux dialogues, ils se révèlent être un tantinet plats et sans grande saveur. Pas d'humour, des personnages à la psychologie peu développée, on ne s'attache absolument pas aux protagonistes si bien que Secret Files : Tunguska a nettement moins de charme qu'un titre comme Runaway : The Dream of the Turtle. Comme pour ce dernier, les bons doublages de la version PC sont passés à la trappe faute de place dans la cartouche. Seules quelques rares répliques anglaises subsistent, dommage mais difficile de faire autrement.
Au niveau du gameplay, c'est à un jeu point & click très classique auquel on a droit. Le studio 10tacle Mobile, auteur de ce portage DS, a évidemment adapté quelque peu les commandes à la portable de Nintendo. Ainsi, vous pourrez vous déplacer aussi bien au stylet qu'à l'aide de la croix directionnelle. Un clic sur l'écran tactile suffit à observer l'environnement, ramasser les objets et les combiner dans l'inventaire pour résoudre quelques énigmes qui, soit dit en passant, ne sont pas d'une originalité folle. En cas de blocage, il est possible d'afficher toutes les zones interactives du décor d'une simple pression sur les touches L ou R, dévoilant ainsi les items et les éléments sur lesquels vous pouvez avoir des renseignements. C'est la fameuse fonction "snoop key" introduite par l'épisode PC. Une bonne idée, qui a d'ailleurs été reprise avec succès par d'autres titres depuis, notamment Runaway : The Dream of the Turtle. Certains amateurs de jeux d'aventure préféreront toutefois balader le pointeur sur chaque écran pour rechercher minutieusement le moindre objet. On leur conseillera donc de ne pas utiliser cette fonctionnalité, même s'il faut bien avouer qu'une volonté de fer est nécessaire pour ne pas appuyer sur le petit bouton magique dès qu'on tourne un peu en rond. Au final, Secret Files : Tunguska est un bon jeu d'aventure, mais il lui manque ce petit quelque chose qui ferait de lui un hit, ce charme, cette ambiance particulière qu'ont certains de ses concurrents, comme Runaway justement par exemple. Si vous aimez le genre, vous pouvez néanmoins vous laisser tenter et suivre Nina et Max dans leurs aventures.
- Graphismes13/20
Les graphismes n'ont pas trop souffert du portage. Bien sûr, la résolution inférieure de la DS ne rend pas vraiment honneur aux jolis décors issus de la version PC, qui perdent tout de même en finesse. Les cinématiques profitent en revanche d'une bonne technique de compression et conservent donc une excellente qualité.
- Jouabilité14/20
L'idée de permettre au joueur d'afficher toutes les zones actives est sympathique car elle nous évite de balader le pointeur partout pour trouver un item trop bien planqué dans le décor, surtout sur DS où l'écran est de taille réduite. La progression est globalement logique, même si quelques utilisations d'objets ne sont pas forcément évidentes et qu'on retrouve des énigmes peu imaginatives déjà vues dans d'autres titres. Au niveau des commandes, la DS est parfaitement adaptée au gameplay point'n click avec son écran tactile et son stylet.
- Durée de vie12/20
La durée de vie est correcte pour un jeu d'aventure puisqu'il faut une bonne dizaine d'heures pour terminer le titre.
- Bande son11/20
On note un certain déficit d'ambiance, car les musiques sont trop peu présentes. Quant aux doublages, ils ont tout simplement disparu faute de place, à l'exception d'une poignée de répliques anglaises.
- Scénario14/20
Le scénario se laisse suivre mais il lui manque ce petit supplément d'âme qui en ferait une aventure inoubliable. Des personnages plus charismatiques n'auraient pas fait de mal.
Secret Files : Tunguska est un jeu d'aventure de bonne facture. Certes, rien de révolutionnaire à l'horizon, ni sur le plan du gameplay, ni du scénario, ni même de la progression qui nous impose quelques énigmes très classiques, mais on le parcourt cependant avec plaisir.