Le test de PDC World Championship, paru l'année dernière, avait plus ou moins soulevé la question suivante : une simulation de fléchettes a-t-elle un quelconque intérêt ? Il fallait que les développeurs en soient persuadés pour nous infliger une version 2008, promesse d'une itération annuelle. Quant au malheureux testeur, il n'a de cesse de se dire que les initiales PDC prennent une acception toute particulière pour lui : Pas De Chance !
Contrairement à ce que pourrait laisser croire la jaquette du jeu, PDC World Championship Darts 2008 n'est pas une simulation de bras de fer. Mais pourquoi ses protagonistes sont-ils taillés comme des camionneurs ? C'est simple : ce sont des champions de lancer de fléchettes. Et un lanceur de fléchettes, ça grandit dans les pubs et ça fait le vide autrement qu'en retournant sa casquette. Vous me suivez ?
PDC World Championship Darts 2008 est un quasi copié-collé de la version sortie l'année dernière. Hormis le lifting graphique dont nous reparlerons un peu plus loin, le principe - et partant, l'intérêt - n'ont pas bougé d'un iota. La jouabilité non plus, du reste : toujours aussi accessible, elle consiste à placer le viseur à l'endroit de la cible que l'on souhaite toucher, puis à doser la force du lancer à l'aide du stick analogique. A noter que la version Wii propose une maniabilité identique à celle de ses consoeurs : la spécificité de ses contrôles n'est nullement prise en compte. Quoiqu'il en soit, on se retrouve donc à répéter le même geste un nombre incalculable de fois, sans qu'aucune variation ne vienne jamais nuancer le gameplay, hormis le tremblement du curseur symbolisant le stress du lanceur lors des coups importants. Le lancer de fléchettes est pourtant un sport intéressant en soi, avec une certaine dimension stratégique en complément de la dextérité requise. Je vais même me faire le plaisir de vous réexpliquer brièvement les règles de sa variante la plus populaire, le 501 (vous verrez que ça n'a rien à voir avec le Jean). Deux joueurs s'y affrontent en lançant à tour de rôle trois fléchettes sur la cible ; les points marqués sont alors soustraits de 501. Le premier joueur arrivé à 0 remporte la manche, sachant qu'il faut finir obligatoirement par un double (vous savez, les petites sections colorées en périphérie de la cible). C'est aussi simple qu'amusant avec une paire de fléchettes dans la main. Face à son écran, c'est une toute autre histoire. Le jeu est inintéressant et les matches, soporifiques et répétitifs, manquent cruellement de rythme.
Le mode carrière est une nouvelle fois au centre du titre. On peut y incarner un des 16 champions disponibles, ou bien se créer son propre joueur de fléchettes. Notez en passant que l'éditeur a été sensiblement amélioré : il est désormais possible de personnaliser son beauf comme on le souhaite. Ceci fait, on peut se lancer dans la compétition, désormais basée sur le calendrier officiel de la PDC. Le but étant bien sûr de remporter le maximum de tournois afin d'être n°1 à la fin de la saison. On a également la possibilité de prendre part à des matches-exhibition que l'on peut customiser à loisir, ainsi que d'essayer des variantes sympathiques du jeu de fléchettes (Tour de l'horloge, K.O., ...). jouables jusqu'à 8 en alternance sur la même console. Mais ces possibilités étaient déjà présentes dans la première version du titre. On le répète : hormis quelques détails, le jeu est identique à son prédécesseur en termes de contenu. La seule véritable évolution tient dans l'aspect esthétique. Le titre a bénéficié d'un lifting graphique évident. La modélisation des joueurs est plus fine, et même si leurs gestes sont toujours aussi répétitifs, la pilule passe mieux en raison d'une animation moins grossière. On ne peut pas en dire autant des environnements : les salles sont toujours aussi austères, et le public est plus hideux que jamais. L'ambiance sonore tente désespérément d'instaurer un semblant de dynamisme, mais c'est peine perdue : PDC World Championship Darts 2008 plonge rapidement le joueur dans l'ennui le plus profond.
- Graphismes10/20
La modélisation et l'animation des personnages ont été affinées ; les malabars font des entrées toujours aussi poétiques. D'un autre côté, les environnements de jeu sont un peu ternes, et le public est carrément hideux. Les menus sont quant à eux beaucoup moins esthétiques que leurs prédécesseurs.
- Jouabilité10/20
La jouabilité, étayée d'une jauge de puissance en mode amateur, est aussi simple que simpliste. Le jeu est certes facile à prendre en main, mais au détriment du gameplay, inintéressant. A noter que les adversaires sont particulièrement coriaces dans la mesure où ils manquent rarement leurs coups.
- Durée de vie5/20
Visez, lancez, visez, lancez, visez, lancez. Ramassez vos flèches et recommencez. 10 fois, 100 fois, 1000 fois... Combien de temps tiendrez-vous ?
- Bande son8/20
L'unique thème musical qui nous accompagne dans les menus est inchangé par rapport à l'année dernière. L'ambiance sonore lors des matches a été un tantinet améliorée, mais les commentaires en anglais sont toujours aussi lourds et répétitifs.
- Scénario/
Plus encore que pour d'autres franchises sportives, on est en droit de se demander ce qui légitime une édition annuelle de PDC World Championship Darts. Les adeptes snoberont une fois de plus cette vaine tentative de transposition virtuelle, tandis que les autres fuiront à toutes jambes à la simple énonciation du titre. C'est quand même un comble, non, une simulation de fléchettes qui n'a pas de cible ?