Et autant le dire tout de suite, ne faisons pas durer le suspense plus longtemps : cette nouvelle enquête, au lieu de poursuivre la chute entamée par la précédente, parvient au contraire à redresser la barre et amorce une remontée qu'on souhaite voir se poursuivre vers les sommets. En effet, La Légende du Crâne de Cristal parvient à se débarrasser de quelques vieilles tares de la série. Le changement le plus spectaculaire concerne le moteur graphique, qui fait enfin un bond au-delà du 680x480 ! Bon, en fait, la nouvelle résolution utilisée est le 800x600, ce n'est pas beaucoup mieux, mais c'est un progrès notable. Les environnements paraissent un peu plus détaillés, et les personnages surtout sont moins figés qu'auparavant, avec des animations faciales plutôt convaincantes. Même l'interface a profité d'un lifting bienvenu. Alors certes, on est encore loin des décors fourmillants de vie offerts par certains titres concurrents, mais après des années d'inertie on sent enfin une volonté d'évolution et on ne peut que s'en réjouir.

L'autre changement est bien sûr à chercher du côté de l'histoire. Cette fois-ci, notre héroïne est à la Nouvelle-Orléans pour un week-end prétendument consacré à la détente en compagnie de Bess. Evidemment, tout ne va pas se passer exactement comme prévu. A la demande de son ami Ned, Nancy va prendre des nouvelles d'Henri Bolet, qui vient de perdre son oncle Bruno. Le vieil homme, dentiste asocial un peu excentrique, serait décédé d'une crise cardiaque. A peine arrivée chez les Bolet pour accomplir sa mission, notre enquêtrice de choc se fait assommer par quelqu'un déguisé en squelette ! Pour couronner le tout, lorsqu'elle se réveille un terrible orage a éclaté et elle se retrouve coincée dans le manoir sans possibilité de rallier la ville. Ce manoir et le cimetière adjacent vont donc être le terrain de jeu de cette nouvelle aventure, sur fond de pratique du hoodoo. Ce contexte est assez réussi et apporte une atmosphère lugubre épaisse, presque palpable, renforcée par la présence de personnages pour le moins étranges, comme la gouvernante du défunt. Le défunt justement, parlons-en : est-il vraiment mort de cause naturelle ? Quel secret s'évertuait-il à cacher ? Où est donc ce légendaire crâne de cristal ? Autant d'interrogations auxquelles il va falloir répondre en quelques clics de souris.

Niveau gameplay, la recette n'a pas changé d'un iota. Pourquoi changer une formule efficace d'ailleurs ? On retrouve donc le principe du coup de téléphone à un ami quand on bloque, oui, comme dans un célèbre jeu télévisé, et c'est mon dernier mot Jean-Pierre. On change alors de personnage en incarnant Bess, restée dans le quartier français de la Nouvelle-Orléans tandis que Nancy est coincée dans le manoir. Pour le reste, on est dans une jouabilité archi-classique à base de collecte d'objets et d'informations pour trouver des solutions à des problèmes. Comme souvent dans les point'n click, l'intérêt de l'aventure est donc grandement lié à la qualité des puzzles. Dans ce domaine, le précédent volet nous avait laissé sur notre faim, mais La Légende du Crâne de Cristal s'en sort heureusement beaucoup mieux. La plupart des énigmes sont bien construites et nécessiteront une bonne dose de réflexion pour être résolues. Bruno Bolet était un fieffé coquin et avait truffé sa maison d'yeux de verre qu'il va falloir collecter. Dans l'horloge, dans une maquette, dans un livre... Le manoir recèle de nombreuses caches qui ne se dévoileront qu'à un observateur attentif. Le tout reste très logique, à l'exception d'une énigme qui vous demandera de concevoir une sorte de machine infernale absurde pour faire éternuer un commerçant... Quelques mini-jeux viennent également ponctuer la progression en remplaçant la réflexion par une dose d'adresse pas franchement indispensable. Ca n'empêche pas cet épisode de Nancy Drew d'être agréable à parcourir. Un peu court peut-être, mais plaisant.