Ces derniers temps, votre cerveau est au centre de toutes les attentions. Les training-games se multiplient, et le grand public semble adhérer à ce concept censé améliorer ses capacités personnelles. Eidos compte bien se tailler une part de lion dans ce marché florissant en éditant Remue Méninges, recueil de casse-tête divers et variés.
Expert dans la résolution de problèmes de logique algorithmique, Reiner Knizia a acquis une certaine renommée en créant d'excellents jeux de plateau, récompensés à de nombreuses reprises. Le studio Razorback s'est donc offert ses services pour développer Remue Méninges. Ce florilège de casse-tête destinés à toute la famille (ou presque) est destiné à développer vos facultés cérébrales tout en vous distrayant : mémoire visuelle et auditive, logique, calcul rapide... Vos neurones sont constamment mis à l'épreuve au travers de 16 épreuves, toutes conçues par le spécialiste allemand.
L'originalité de Remue Méninges est sa dimension dépaysante : loin de l'austérité propre aux training-games, il vous entraîne dans un tour du monde qui vous fait visiter de nombreux lieux exotiques ou prestigieux : Paris, Sydney, Rio, Le Cap... Première déception : la qualité graphique n'est pas à la hauteur de cette invitation au voyage. Les arrière-plans sont réalisés dans une 2D à peine digne d'un jeu flash. La modélisation en 3D de Reiner Knizia se révèle plus convaincante, et heureusement vu que le fameux docteur vous accompagne tout au long de votre périple. Le principe est simple : vous choisissez une ville sur la carte du monde pour pouvoir participer à l'épreuve qui lui est associée. Certaines destinations sont verrouillées en début du jeu ; vous n'y aurez accès qu'après les avoir "achetées". Une fois arrivé sur place, le Dr. Knizia – toujours vêtu d'une tenue de circonstance – vous explique d'abord la situation problématique qui motive l'épreuve. Exemple : l'alarme du Louvre est détraquée, il faut la réparer. Il vous détaille alors la règle du jeu, vous donne quelques conseils, puis évalue votre prestation. En fonction de la performance accomplie, vous pouvez remporter une médaille de bronze, d'argent ou d'or, qui servent à débloquer de nouvelles destinations dites "secrètes". En gagnant des médailles, vous êtes également récompensé par une certaine quantité de pièces. Celles-ci permettent d'acheter de nouveaux niveaux de difficulté, mais aussi de déverrouiller d'autres villes sur la carte. Le système est bien pensé. On déplore néanmoins des phases d'explications trop redondantes et trop longues, qui donnent parfois l'impression de passer plus de temps à écouter le Dr. Reiner qu'à jouer.
Qu'en est-il des épreuves elles-mêmes ? En réalité, sous chacune se cache la version améliorée d'un jeu bien connu : memory, taquin, démineur, labyrinthe, solitaire, Mastermind, carré magique... Ces variantes sont suffisamment subtiles pour faire passer la pilule, comme l'épreuve des trains de Bombay, déclinaison ingénieuse du jeu des sept erreurs. En outre, cela permet à Remue Méninges de toucher un public large : la plupart ont déjà joué à tous ces petits jeux et peuvent d'autant plus facilement rentrer dans les différentes activités proposées. Il n'en reste pas moins que ce parti pris est décevant : on attendait des épreuves bien plus innovantes de la part d'un créateur comme Reiner Knizia. Seule celle du carnaval de Rio témoigne de son génie créatif. Pour le reste, on regrette qu'accessibilité rime une fois de plus avec manque d'originalité. Le titre est certes divertissant, mais guère plus passionnant que toute l'offre ludique dont nous disposons au quotidien (jeux flash sur le web, sports cérébraux dans les magazines...). Une dimension "training", soutenue par une analyse fine et un suivi des performances du joueur comme dans le programme d'Entraînement Cérébral, aurait peut-être permis de relever un peu l'intérêt. Ici les modes de jeu sont particulièrement pauvres : outre le Tour du Monde, il est possible de prendre part à une série d'épreuves piochées aléatoirement parmi celles qui ont été débloquées, ainsi que d'envoyer l'énigme de son choix à un ami via la fonction de game sharing disponible. C'est somme toute bien peu, et une fois la majorité des médailles obtenues, on n'a guère envie d'y revenir.
- Graphismes9/20
Remue Méninges n'est guère attrayant visuellement. Curieusement, la modélisation en 3D du Dr. Knizia semble avoir bénéficié d'un soin beaucoup plus important que les décors 2D, dont la laideur suffit à saborder l'aspect cosmopolite et rafraîchissant des épreuves.
- Jouabilité13/20
Les épreuves sont accessibles à tous, du moins dans leur premier niveau de difficulté. La jouabilité satisfaisante est entravée par une mauvaise gestion de la sensibilité de l'écran tactile : beaucoup trop importante, elle occasionne parfois de fâcheux ratés.
- Durée de vie12/20
Remue Méninges propose 16 épreuves déclinées chacune en 5 niveaux de difficulté. La durée de vie du titre dépend à la fois des capacités de l'utilisateur et de sa façon de jouer (continûment ou via de courtes sessions quotidiennes).
- Bande son7/20
Là où le thème laissait présupposer une bande-son riche et variée, on n'a droit qu'à des thèmes musicaux particulièrement insipides. Les bruitages sont corrects, sans plus.
- Scénario/
Remue Méninges propose des épreuves d'un classicisme désespérant, qui auront bien du mal à contenter les férus de casse-tête. Cela reste toutefois un titre divertissant qui propose une progression bien étudiée à destination d'un large public. Son aspect technique décevant ne semble toutefois le promettre qu'à un succès modéré.