Qui a dit que les mathématiques étaient barbantes ? Jouer avec les chiffres peut pourtant s'avérer fun, en plus d'être éducatif. C'est en tout cas ce que nos parents ont tenté de nous faire croire chaque été avec les cahiers de vacances... Cette torture est désormais remplacée par une méthode plus moderne, interactive, représentée aujourd'hui par Maths Play.
Maths Play est donc un produit ludo-éducatif destiné aux enfants âgés de huit ans et plus. Après la pathétique tentative de la Méthode Mathématique du Professeur Kageyama, toujours sur Nintendo DS, on accueille ce genre de concept avec prudence. Pourtant, on constate vite que Maths Play n'a pas grand-chose à voir avec ce tristement célèbre prédécesseur. Ici, on ne tente pas de nous vendre une méthode soi-disant miracle pour progresser en calcul mental. Le but est plutôt de s'amuser en jonglant avec les chiffres à travers quatre jeux différents, à l'intérêt plus ou moins discutable.
Le mode principal, "Equa Mania", nous propose de créer des équations. Les chiffres et les opérateurs sont représentés par des cartes que l'on déplace sur l'écran tactile à l'aide du stylet. Mais il n'y a pas de signe égal. En fait, un des éléments de départ est en trop et il suffira de retourner la carte pour avoir le fameux symbole d'équité. Comme la pratique est toujours plus parlante, voici un exemple de problème : 1 3 + 4 2. Que faire avec ces cinq cartes ? Retournez le quatre pour le transformer en signe égal, et il ne reste plus qu'à ordonner les opérandes pour obtenir 1+2=3. Simple non ? Evidemment, ça se corse par la suite avec l'apparition des multiplications, des divisions et des nombres à deux chiffres. Le niveau reste toutefois assez facile. Si les élèves de primaire y trouveront leur compte, les plus âgés risquent de vite bâiller d'ennui. Il manque peut-être quelques paramètres pour rendre les calculs plus intéressants. Sans aller jusqu'à introduire des équations du second degré, l'ajout des parenthèses n'aurait pas été du luxe. En leur absence, c'est la règle des opérateurs prioritaires qui s'applique. Par exemple, si vous faites 6x4-2, le résultat sera 22. Des cartes parenthèses auraient permis d'obtenir 12 avec les mêmes chiffres, ce qui aurait enrichi le gameplay en lui ajoutant une dimension supplémentaire. Mais le plus pénible reste encore les problèmes à solutions multiples dont une seule est validée. Encore un exemple pour illustrer ce défaut : 75-6=69 et 75-9=66 utilisent les mêmes chiffres et sont toutes deux des équations valables, mais elles ne seront pas acceptées si le jeu attend une troisième solution. Bertrand Renard se retournerait dans... Enfin, il se retournerait.
Les trois autres jeux sont destinés aux affrontements multijoueurs, qui peuvent réunir jusqu'à cinq participants (ou l'intelligence artificielle, à défaut). Le premier, "Equa Flambe", ressemble à une sorte de Scrabble, ou à des mots-croisés dans lesquels les chiffres remplaceraient les lettres. Il s'agit de se débarrasser le plus vite possible de toutes ses cartes en plaçant des équations qui se croisent horizontalement ou verticalement. Si aucun coup n'est possible, on pioche ou on passe son tour. Le problème de ce mode, c'est qu'il n'est possible de mettre ses équations que devant ou derrière une carte déjà posée sur le plateau. Pouvoir placer des cartes au milieu aurait ouvert des possibilités plus intéressantes, dommage. "Equa Neuf" est encore moins réussi, car il laisse une énorme place au hasard : à l'aide de deux ou trois chiffres, il faut s'approcher le plus possible de 9, sans le dépasser. C'est donc la chance des joueurs avec leurs tirages qui fait tout. Pas très logique pour une science exacte comme les mathématiques... Enfin, le mode "Equa Paires" se révèle déjà plus amusant. C'est une sorte de Uno, le but est donc là encore d'épuiser ses cartes le plus rapidement possible. Pour cela, trois possibilités sont offertes : mettre un même chiffre, mettre une même couleur (jusque-là, comme au Uno), mais aussi mettre une équation de même valeur. Exemple : un 7 vert est retourné, vous pouvez donc mettre un 7 jaune, ou un 5 rouge, ou encore 9-2, ce qui a l'énorme avantage de dépenser trois cartes au lieu d'une seule. Au final, ce mode sympathique ne suffit pas à rehausser l'intérêt de ce Maths Play, qui reste tout de même limité.
- Graphismes7/20
Maths Play est particulièrement austère : des cartes représentant chiffres et opérateurs, et c'est à-peu-près tout. Ah, si, il y a un chat grossièrement animé aussi...
- Jouabilité8/20
Jouer avec les équations est une bonne idée, malheureusement assez mal exploitée. On aperçoit un certain potentiel dans ce gameplay, mais il manque de profondeur, quand il n'est pas purement gâché par le hasard (Equa Neuf) ou les limitations (Equa Flambe).
- Durée de vie6/20
L'intérêt est très limité en solo, et à peine accru en multi grâce au clone d'Uno, relativement fun (si tant est que vous trouviez les maths fun, évidemment).
- Bande son6/20
La bande-son est particulièrement fade, il est plus agréable de jouer sans musique qu'avec.
- Scénario/
Maths Play propose quatre modes assez inégaux. Malgré de bonnes idées, une grosse moitié des jeux sombre après quelques minutes d'essai seulement, révélant une conception bancale. On ne saurait donc le conseiller, même aux plus jeunes, qui feraient mieux de se plonger dans leur manuel scolaire et de se détendre avec un vrai bon jeu entre deux révisions.