Les supporters de clubs vont bientôt troquer leurs écharpes aux couleurs locales contre un esprit plus patriotique, et ce, au rythme des performances de leur équipe nationale pendant le prochain Championnat d'Europe. Passé maître en l'art de simuler virtuellement n'importe quel événement sportif de taille internationale, EA Sports nous propose, sept mois à peine après FIFA 08, de vivre l'Euro comme si on squattait les pelouse suisses et autrichiennes. Il va beaucoup pleuvoir, et pas seulement des buts.
S'il ne fait aucun doute sur l'identité du futur champion d'Europe, l'Equipe de France, le 29 juin prochain au stade Ernst Happel à Vienne, tout le monde a le droit de rêver et de penser que l'Allemagne ou l'Italie peuvent prétendre au titre. Faire rêver le joueur, c'est le credo d'EA Sports qui ne manque jamais l'occasion de doubler sa franchise, FIFA, d'un opus exclusivement consacré à une grande compétition, tantôt le Mondial, tantôt l'Euro, afin de renflouer des caisses pourtant déjà gonflées à bloc. Cet UEFA Euro 2008 vous plonge donc dans l'univers de la phase finale de l'Euro mais pas uniquement puisqu'il permet de vivre l'aventure dans son intégralité, depuis les qualifications jusqu'au sacre en passant par les matches amicaux et la terrible épreuve de la liste des 23. L'absence de cet événement du dernier FIFA se justifie, aux yeux d'EA en tout cas, par le biais de ce titre qui profite bien évidemment, est-il nécessaire de le préciser, des licences qui contribuent à faire de l'authenticité du jeu un atout de poids. Cependant, cette version PC a le gros défaut d'accuser un retard conséquent sur son époque, se présentant comme le jeu d'une autre génération, comme un jeu dont on ne devrait plus parler.
En dehors de son bon goût pour les simulations footballistiques, le potentiel possesseur d'UEFA Euro 2008 est quelqu'un de riche. Ou au moins, un acharné qui ne rechignera pas à payer la mise à jour au prix fort, soit 70€, pour avoir le privilège de soulever la coupe Henri Delaunay. En effet, force est de constater qu'en dépit des qualités intrinsèques dont il regorge, UEFA Euro 2008 est un jeu de foot qui propose un contenu très succinct. Mais ça, l'acheteur en est conscient me direz-vous, donc passons. Il va avoir le choix entre la bagatelle de 53 sélections nationales européennes (les 50 ayant participé aux qualifications, plus l'Autriche, la Suisse et le Monténégro) composées d'un vivier d'une trentaine ou d'une quarantaine de joueurs. On regrette d'ailleurs à ce niveau-là qu'une plus grande flexibilité ne soit pas accordée au joueur, comme ce fut le cas jadis, afin qu'il puisse établir une liste entièrement personnalisée sans avoir à piocher dans un réservoir de noms imposés. Par exemple, des joueurs comme Steve Mandanda, Hugo Lloris, Gaël Clichy, Mathieu Bodmer, Mathieu Valbuena ou Florent Sinama-Pongolle pour ne citer qu'eux ne pourront pas être retenus en Equipe de France. Pas plus que les bannis du sélectionneur national que sont les Ludovic Giuly ou Robert Pires. Dommage pour les sélectionneurs en herbe que nous sommes tous.
Pour poursuivre sur le contenu du jeu, notez la présence des huit stades officiels de l'Euro 2008 et d'un nombre incalculable de ballons (chaque pays possède un ballon arborant ses couleurs), officiels ou non. Les modes de jeu sont de leur côté assez classiques : Matches amicaux, Euro 2008 (depuis les qualifications ou directement en phase finale), Deviens Capitaine (une variante du mode Deviens Pro inventé pour FIFA 08), Scénario (mode basé sur des matches de qualification sous forme de défis avec un certain nombre d'objectifs à remplir), Euro en Ligne (jusqu'à 4 joueurs sur un même match et 16 sur un tournoi) et Bataille des nations (qui correspond aux Ligues Interactives). Attardons-nous simplement sur le mode Deviens Capitaine pour préciser qu'il s'agit de créer ou d'utiliser un joueur pour lui faire gravir les huit échelons, de l'équipe A' jusqu'à la sélection A, de sorte à ce qu'il gagne ses galons de capitaines. Pour cela, il devra obtenir les notes les plus élevées possible à la fin des matches. Un mode qui s'ouvre au multijoueur Offline puisque quatre joueurs peuvent se disputer le brassard. En solo, l'utilisateur devra choisir lui-même les trois autres prétendants au capitanat et rendre des copies plus propres que ses coéquipiers. Un principe un peu tordu qui tend à privilégier l'individualisme sur la pelouse.
Sur PC, le gameplay n'évolue plus. Les mauvaises habitudes prises par la série ces dernières années sont toujours là, du côté très arcade à la pauvreté des actions en passant par des animations d'un autre temps. Pas déplaisant manette en mains, UEFA Euro 2008 n'en reste pas moins la copie conforme de FIFA 08, lui-même déjà presque cloné depuis FIFA 07. Investir dans une telle version ne présente pas le moindre intérêt tant EA Sports la délaisse et semble se moquer du joueur PC. D'autant que l'on doit se contenter de mouvements basiques, tant offensivement que défensivement qui conduisent à répéter inlassablement les mêmes schémas. Les limites ne s'arrêtent pas là puisque les défenses centrales se trouent régulièrement pour laisser s'échapper des attaquants de pointe pourtant pas toujours rapides, les gardiens peinent à intervenir sur des frappes qui dépassent la mi-hauteur... D'éternels défauts qui ne sont pas corrigés et qui font patiner cet opus. En dehors de cela, on ne note malheureusement aucune amélioration, même mineure, de la jouabilité. Aucun progrès, aucune originalité, aucune exclusivité, rien qui permette au titre de sortir de l'ordinaire et d'être différencié de ses aînés ou de ses concurrents. Le tableau est bourré d'ombres.
Un tableau qui n'a guère meilleure allure d'un point de vue visuel. En comparaison à ses homologues PS3 ou Xbox 360, cette version est tout simplement hideuse et n'exploite absolument pas la puissance de la machine. Aucun effort n'est concédé au niveau des textures qui continuent de baver aux quatre coins de l'écran ou de la modélisation des joueurs, très approximative. Les ralentis, au bord du vomitif, mettent en avant la pauvreté technique de cet opus. Le public souffre lui aussi de l'exploitation de ce moteur qui commence à dater sérieusement. Idem en ce qui concerne les photographes qui arrivent à se délecter du spectacle fourni sur le terrain. Quoi de plus normal pour de simples PLV vulgairement posées derrière des panneaux de pub à peine mieux lotis ? Pour faire simple, le jeu n'offre aucune profondeur graphique et même en optant pour la configuration maximale, l'aliasing est omniprésent. A éviter pour le bien-être des yeux...UEFA Euro 2008
- Graphismes10/20
Les joueurs PC sont lésés, presque snobés par EA. Il devient impensable que le support ne profite pas du moteur utilisé sur les consoles nouvelle génération. Plus près d'un portage PS2, cette version n'utilise en rien la puissance des machines actuelles. La série d'EA ne progresse plus depuis quelques années.
- Jouabilité12/20
Le gameplay ne progresse pas non plus. Plutôt arcade, il sombre rapidement dans une répétitivité agaçante due aux limites de l'IA, qui construit et défend toujours de la même manière. On ne note donc aucune évolution et une tendance à se complaire dans une mare de défauts pourtant plus qu'handicapants. Le jeu demeure plaisant par séquences et contentera les moins exigeants. Les autres peuvent passer leur chemin.
- Durée de vie13/20
Ne nous mentons pas, UEFA 2008 est un add-on payant de FIFA 08. Seuls les fans et les joueurs Online sont visés. Toutefois, EA a l'honnêteté de le proposer à un prix décent (moins de 40 euros).
- Bande son14/20
Assistés de Paul Le Guen, l'intervenant fantôme, Hervé Mattoux et Franck Sauzée font le métier comme on dit, toujours dans le ton juste. Cependant, certaines de leurs interventions sont incohérentes avec le contexte. L'ambiance sonore est également moins immersive (moins de chants de supporters notamment) que sur PS3 et Xbox 360.
- Scénario/
EA finit de crucifier sa série en enfonçant le clou de trop avec UEFA Euro 2008. Les PCistes devront se contenter d'un FIFA 08 bis techniquement à la ramasse et surtout incapable de se remettre en question et de gommer ses tares les plus gênantes.