On se pose toujours des questions quand arrive une suite d'un jeu Ubisoft, éditeur qui s'est rendu maître dans l'art des suites/extensions/data disc. Encore une fois avec Rainbow Six Vegas 2, Ubi brouille les pistes et on ne sait plus où donner de la tête.
Véritable suite, extension, copie carbone ? Avant d'en arriver à ce délicat verdict qui intrigue tous ceux qui attendent Rainbow Six Vegas 2, sans doute sera-t-il utile de planter le décor en précisant à ceux qui n'auraient pas terminé le premier volet qu'ils risquent de se faire ruiner la fin en lisant ce qui suit. Comme on l'a déjà répété maintes fois, Vegas 2 ne prend pas la suite directe du premier opus mais démarre avant, se poursuit pendant et apporte une conclusion qui met un point final au scénario laissé en suspens suite à la trahison de Gabriel. Il s'agira donc de comprendre pourquoi l'agent rebelle a planté ses équipiers et de régler ensuite quelques comptes. Fatalement, ce n'est donc pas Logan Keller que l'on incarnera ici mais Bishop, chef d'une autre équipe Rainbow qui réunissait auparavant Keller et Gabriel Nowak comme on peut le constater dans la première mission du tutorial. Et c'est cette équipe qui sera la première arrivée à Las Vegas, au début de la crise qui secoue la ville du péché. Du coup, la première chose que l'on pourra dire au sujet de Rainbow Six Vegas 2, c'est que contrairement à la plupart des jeux Tom Clancy, il jouit d'une narration relativement poussée et d'un scénario avec rebondissements intégrés. Non seulement par son rapport en parallèle avec l'autre titre ou sa façon de développer de manière inattendue des liens entre les personnages dont on a l'habitude de se tamponner, mais également parce qu'il emprunte une mise en scène des événements assez proche de celle de Ghost Recon Advanced Warfighter. Des communications radio, des scripts et une narration claire réussissent donc à donner un peu de corps et d'âme à la chasse aux terroristes. Et ça, c'est plutôt bien si on recherche une grosse immersion.
Si le premier volet se concentrait principalement sur l'avenue du Strip et ses casinos et hôtels opulents, cette suite nous emmènera pour sa part en d'autres lieux. Certains conservent le luxe écoeurant de Las Vegas puisqu'on visitera une fois de plus quelques chambres d'hôtels et autres salles de jeux, mais on découvrira également des endroits moins glorieux. On citera un strip bar, des entrepôts, le centre de congrès de Vegas, une sorte de mouroir à enseignes lumineuses ou même un quartier résidentiel et ses jardins pleins de barbecues à gaz qui font boum quand on tire dessus. Esthétiquement, on retrouve parfois un petit quelque chose des maps des premiers jeux R6 sur PC. On ne cachera pas que la qualité de ses cartes est inégale. Certaines manquent cruellement d'âme, d'autres sont une vraie réussite qui apportent un vrai changement d'ambiance, quant à celles qui renouent avec le style R6 Vegas, elles sentent malheureusement un peu le réchauffé malgré leurs qualités. Mais globalement, on leur reconnaîtra une construction intéressante qui rompt avec le tout linéaire du jeu précédent. Il est ainsi fréquent de pouvoir repérer deux ou trois façons d'aborder un assaut et la méthode consistant à entrer par deux points à la fois est devenue un poil plus stimulante puisqu'il faudra parfois poster ses hommes à une porte et faire seul un détour conséquent pour atteindre l'autre point d'accès qui sera aussi une porte, une fenêtre ou même une verrière sur un toit. Ca change de la pièce de 5 mètres carrés avec deux portes à gauche et à droite. Dans un autre registre, l'un des derniers niveaux nous verra agir seul de nuit pour une mission que l'on pourra aborder en infiltration pure et dure avant de devoir changer de tactique pour réussir à nettoyer seul des zones bien remplies, le sprint sera plus que jamais utile. Bref, Vegas 2 marque un autre bon point avec ses niveaux pas tous follement originaux mais bien conçus.
Arrive à présent la question des mécaniques de jeu. Le moment où l'on commence à chercher les nouveautés pour constater que s'il y en a, elles ne sont que quelques ajustements qui peinent à convaincre que le titre n'est pas qu'une version 1.5, une extension. Commençons par ce qui vous touche au plus près : le joueur peut maintenant sprinter sur une courte distance. Une possibilité fort utile pour passer d'une couverture à une autre ou fuir une grenade et qui a une incidence sur le rythme du jeu. Vous avez également la capacité d'ordonner à vos hommes de lancer une grenade sur le point visé. Et voilà, c'est tout. La suite, on la cherchera en face, chez les vilains, en se penchant sur la question de l'IA. Ayant connu quelques améliorations, cette dernière jouera parfois la carte de la fourberie en vous attendant dans un coin sombre mais là encore, on observe toujours des comportements assez étonnants passablement suicidaires. Moi par exemple, il faudrait me payer cher pour descendre en rappel sous le nez de 3 antiterroristes surarmés et à la gâchette facile. Une stratégie pourtant souvent employée par nos copains de jeu. Il en va de même pour les alliés qui adoptent toujours cette approche erratique et imprévisible. Parfois ils sont d'une efficacité redoutable, parfois ils ressemblent à une bande d'écoliers perdus dans les bois, cessant de filer vers une couverture pour ouvrir le feu en terrain découvert et se faisant inévitablement canarder la tronche. En somme, on n'a pas franchement l'impression que les choses aient vraiment changé depuis le premier volume.
Pour retrouver de la nouveauté, on pourra alors se pencher sur le système de points d'expérience du jeu. Une fois votre avatar créé, il vous suivra aussi bien en solo qu'en coop ou dans le mode multi. Autant d'occasions de marquer des points en fonction de notre façon de jouer. Recours aux explosifs, au headshot, tir à distance ou de près, chaque type d'action vous permet de monter en grade et de débloquer des tenues (vêtements, protections) ou des armes. Si l'accès à de nouvelles armes peut effectivement avoir un impact sur le jeu, on s'interroge toujours sur l'intérêt des différentes tenues. Choisir un camouflage noir ou blanc qui pète ne semblant guère avoir d'influence sur la capacité des ennemis à vous repérer. Ce système de classement devrait en tout cas sérieusement motiver les joueurs à se lancer dans le mode multi où ils pourront là aussi engranger des points. Mais avant d'en arriver là, il y a le coop. Excellent dans le premier opus, le mode coop n'a pas perdu ses qualités ici, au contraire puisqu'on peut à présent mener l'intégralité de la campagne solo à l'identique à deux joueurs, le second venu incarnant un autre personnage qui vient s'intégrer à l'équipe de Bishop. Ne rêvez pas en revanche, seul le joueur 1 peut donner des ordres aux deux équipiers Rainbow. Pour le reste, on retrouve alors les sensations éprouvées dans Rainbow Six Vegas. Que du bon en somme. On mentionnera pourtant un défaut agaçant à piocher dans la façon dont les joueurs respawn en coop. La plupart du temps, on se retrouve d'un coup en face du danger, au milieu d'une cour, en plein dans un couloir ou carrément face à une porte ouverte. Mieux vaut avoir de bons gros réflexes. Quant au mode multi, lui aussi il réchauffe les vieilles recettes en dépit de l'ajout de trois nouveaux modes dont le Team Leader reste le plus enthousiasmant.
Au final, que conclure ? Qu'il ne fait pas de doutes qu'Ubisoft aurait pu prendre un peu plus de risques pour livrer ce second opus. Car au final, les nouveautés ont plus l'air de corrections de défauts du volet original. Alors fatalement, quand on est avide d'innovations, on reste clairement sur sa faim. Pour autant, la campagne a beau ne pas apporter de nouvelles mécaniques, elle fait preuve d'une qualité suffisante en matière de level design ou de mise en scène pour combler les amateurs.
- Graphismes15/20
Si le moteur a changé, on a bien du mal à le voir et certains niveaux en extérieur sont même assez pauvres parfois. D'autres font en revanche preuve d'une profusion de détails et la physique a subi un coup de turbo qui met à mal les éléments de décor. Ca en jette, même si le jeu a pris un petit coup de vieux qui est encore plus flagrant sur PC. En outre, l'optimisation est à revoir et même avec un gros Core 2 Duo, 2Go de RAM et une 8800 GTX, on note de chutes de frame-rate pas handicapantes mais désagréables. Sur un moteur de 2 ans, ça laisse perplexe.
- Jouabilité15/20
Les habitués n'auront pas de mal à prendre leurs marques, la prise en main est strictement identique à celle du premier volet. Intuitive et efficace donc. Par contre, si vous cherchez du neuf...
- Durée de vie15/20
Comptez 8 heures de jeu environ pour boucler la campagne solo, il faut encore y ajouter le mode coop franchement fendart et le multi en ligne. Au risque de me répéter, ça fait beaucoup penser à R6 Vegas 1.
- Bande son15/20
Une fois de plus, le doublage des terroristes est à la fois peu convaincant et ultra répétitif, certains speeches sortent même directement du premier jeu. Les effets sont pour leur part de fort bonne facture.
- Scénario16/20
Si Ubisoft a fait un pas en avant sur Vegas 2, c'est bien dans son scénario et sa mise en scène bien musclée. Pour une fois, on suit et on s'intéresse à ce qui se passe.
Rainbow Six Vegas était un excellent titre, était-ce une raison pour ne rien changer ou si peu de choses ? Les seuls ajouts au gameplay ne sont en fait que des corrections d'erreurs passées réclamées par la communauté des joueurs (sprint, ordre de lancer de grenade) et laissent sur le carreau ceux qui s'attendent à un minimum d'innovations quand ils investissent dans une suite. Pourtant, on ne descendra pas le jeu en flèche car force est de constater qu'on dévore sa campagne solo et son mode coop qui profitent de niveaux bien travaillés et pour certains originaux et fichtrement bien mis en scène. Seul regret sur cette version PC : le manque d'optimisation du moteur 3D et un rendu à l'écran qui trahit l'âge de ce dernier.