Comment débuter le test de Cheval & Poney : Mon Haras sans faire mention de l'odieux procédé commercial utilisé par l'éditeur ? Il suffit en effet de jeter un oeil sur la boîte de jeu pour mesurer la supercherie : les visuels qui illustrent le descriptif au verso sont directement issus de la version PC. Son moteur en 3D temps réel est quand même plus vendeur que la 3D isométrique de la version DS. Alors pourquoi se priver, surtout que le public visé n'est pas spécialiste ? Quant au testeur, il se pose d'emblée la question : quel éditeur confiant de la qualité de son produit se livrerait à de telles pratiques mercantiles ? Cheval & Poney : Mon Haras serait-il donc si mauvais ?

Mélange de gestion et de simulation, le jeu paraît pourtant prometteur, et peut même faire valoir quelques idées originales et sympathiques. Vous y incarnez la jeune propriétaire d'une petite ferme et d'un modeste canasson (à choisir parmi plusieurs races). Votre objectif est de transformer les lieux en un grand centre équestre que les équidophiles du monde entier viendraient admirer. Pour cela, vous avez besoin d'argent, et vous avez prévu plusieurs moyens de vous en procurer. Tout d'abord, en construisant un petit gîte susceptible d'accueillir des visiteurs : voilà de quoi vous assurer des rentrées d'argent régulières. Parmi ces visiteurs, vous trouvez parfois des élèves désireux d'apprendre à monter à cheval : pourquoi ne pas leur donner des leçons d'équitation moyennant un supplément ? Il vous faudrait pour cela investir dans la construction d'un manège à chevaux, mais ça en vaut sans doute la peine. Troisième source potentielle de revenus : la participation à des concours, pour peu que vous sortiez vainqueur des parcours d'obstacles proposés. Enfin, dernier moyen de gagner de l'argent (et probablement le plus lucratif) : l'élevage. En achetant un second cheval (du sexe opposé, de préférence) et en l'accouplant avec celui que vous possédez déjà, vous pouvez tenter d'obtenir un joli petit poulain. Entraînez-le à devenir une bête de course, et vendez-le à l'éleveur local (qui parle de morale ?) : vous toucherez un bon petit pécule. Bref, les sources de fonds sont aussi nombreuses que variées, et permettent de construire de nouveaux bâtiments ou d'agrandir ceux dont vous disposez déjà. Exemple : améliorer la capacité d'accueil de votre gîte vous procurera des rentrées d'argent plus importantes.

Cheval & Poney : Mon Haras serait donc un véritable jeu de gestion ? Que nenni ! Le secret, c'est qu'on vous en donne l'impression ; mais dans les faits, vos choix sont extrêmement restreints. On vous impose une série d'objectifs successifs à remplir, qui vous empêchent de développer librement votre petit empire. L'ordre de construction des bâtiments vous est imposé, et vous ne pouvez pas non plus choisir leur emplacement. De même, impossible de fixer le tarif des chambres d'hôtes, ou encore le prix de vente de vos chevaux. Du coup, on a l'impression d'effectuer le tutorial d'un jeu de gestion, à ceci près qu'il n'y a pas d'autre carte ni d'autre mode, et donc pas vraiment de jeu derrière. Cet aspect est donc aussi limité que frustrant. Le reste du jeu est très classique. Chaque jour, vous devez prendre soin de vos chevaux en les nourrissant, les nettoyant, les brossant... Vues et revues, ces différentes tâches ont la bonne idée de pouvoir être exécutées rapidement. Afin que vos équidés ne perdent pas la forme, vous pouvez les emmener en balade. Le jeu prend alors la forme d'une simulation d'équitation très basique, sur des parcours moches, insipides et sans aucun challenge. Seule la jouabilité se révèle vraiment convaincante, avec ses trois modes de contrôle différents au choix du joueur. Vous pouvez en effet utiliser une classique combinaison des touches et de la croix directionnelle, ou bien opter pour une jouabilité au stylet (avec un ingénieux système de roue tactile), ou enfin contrôler votre cheval en lui donnant des ordres parlés via le micro de la DS ! On apprécie ce panel de possibilités, mais une fois de plus ce n'est que poudre aux yeux puisqu'elles sont au service d'un aspect du jeu plus qu'anecdotique.

Que reste-t-il donc à Cheval & Poney : Mon Haras pour convaincre les jeunes férues d'équitation ? Pas grand-chose en fait. Le mélange de genres proposé ne fonctionne pas si mal, mais chacun est exploré de façon bien trop peu fouillée pour susciter l'adhésion. En outre, malgré la progression par objectifs, le jeu souffre d'un caractère répétitif très prononcé. On comprend donc – sans pour autant l'excuser – que l'éditeur ait tenté d'user de procédés plus que douteux pour vendre ce titre sans grand intérêt.