A une semaine de la sortie française des Chroniques de Spiderwick dans les salles de cinéma, Sierra nous gratifie d'une adaptation vidéoludique paresseuse et décevante sur Playstation 2.
Les romans Spiderwick sont nés de la collaboration fertile entre une romancière passionnée de fantasy, Holly Black, et un illustrateur talentueux, Tony DiTerlizzi. Encore peu connue en France, la célèbre série conte les aventures extraordinaires de Jared, Simon et Mallaury. Après avoir emménagé chez leur grand-oncle, ces trois pré-ados sont témoins de phénomènes étranges jusqu'à ce que Jared finisse un jour par tomber sur un mystérieux manuscrit dans un grenier. Malgré les recommandations de son aïeul, il ne résiste pas à la tentation de lire l'ouvrage qui lui dévoile soudain un univers merveilleux, peuplé de trolls, de fées et d'esprits. Il ne tarde pas à se rendre compte, hélas, que l'on peut y faire de bien mauvaises rencontres et qu'un seigneur ogre maléfique du nom de Mulgarath est prêt à tout pour récupérer le précieux manuscrit. Alors que les Chroniques de Spiderwick s'étalent désormais sur cinq volumes, le film s'apprête maintenant à sortir dans les salles françaises. Et bien entendu, il est précédé par une avalanche de jeux vidéo multi plates-formes...
La version PS2 qui nous intéresse ici est un mélange hétéroclite d'exploration, de collecte et de Hack and Slash saupoudré d'un zeste de plate-forme. L'intrigue suit tant bien que mal le déroulement du film mais la narration est maladroite et les nombreuses quêtes à remplir manquent cruellement d'originalité. La plupart du temps, elles consistent simplement à récupérer des objets pour les apporter à un personnage ou pour les assembler, façon Mac Giver. Le joueur dirige dans un premier temps Jared avant de contrôler Simon, Mallaury et Chafoin. Les environnements à explorer regorgent d'éléments utiles à divers stades de l'aventure mais aussi d'Esprits qui possèdent des propriétés particulières. Certains d'entre eux permettent de regagner de la vie tandis que d'autres distraient l'attention des adversaires quand ils ne les détruisent pas purement et simplement. La capture de ces Esprits passe par un mini-jeu sans intérêt qui se révèle aussi ennuyeux que répétitif. Il s'agit, à l'aide du stick analogique, de colorier un portrait de l'Esprit convoité dans les limites du temps imparti. Sachant que l'on doit recommencer l'opération des dizaines de fois, inutile de préciser que cette séquence "artistique" devient vite un véritable calvaire.
Chemin faisant, on croisera bien vite de nombreuses créatures hostiles qui s'empresseront de nous courir après dès qu'elles nous aperçoivent. Bien que l'on puisse leur dévisser la cervelle à grands coups de batte de base-ball ou les dégommer de loin à l'aide d'un fusil à acide, on passera le plus clair de son temps à les éviter. En effet, le seul intérêt de ces affrontements en temps réel réside dans la possibilité de déverrouiller des coups spéciaux généralement inutiles. A quoi bon ralentir la progression et risquer de se faire tuer pour ça ? Le système de magie lié aux Esprits n'est guère plus passionnant. On ne peut posséder que trois Esprits à la fois et chaque fois que l'on utilise le pouvoir de l'un d'entre eux, il faut le capturer à nouveau. Vu le nombre impressionnant de monstres qui se baladent dans les niveaux et qui ressuscitent à chaque changement de zone, on ne sollicitera donc habituellement leur aide que pour se soigner ou franchir une étape difficile.
De temps à autre, des phases de plate-forme tentent de nous faire oublier ce gameplay désespérément fade. Chafoin, par exemple, doit parcourir une sorte de labyrinthe à travers la tuyauterie du manoir pour aller chercher une pierre. Mais entre les chutes inopinées, le level-design douteux et les problèmes d'orientation récurrents, la séquence vire finalement au cauchemar pour le joueur qui risque fort d'en mordre son paddle. Paddle qui souffrira également plus tard dans l'aventure lorsqu'il faudra explorer la forêt. Non seulement, il est très pénible de trouver son chemin mais les objectifs des quêtes intermédiaires sont de plus fort mal indiqués. Après cinq ou six allers-retours entre les différentes sections, qui rappelons-le se repeuplent de monstres comme par magie, on en aura très vite plein le dos. Tout cela pour tomber finalement sur un boss extrêmement désagréable qui nous obligera à recharger pas mal de fois la sauvegarde automatique et la cinématique qui va avec.
Puisqu'on évoque les sauvegardes, notez que celles-ci s'effectuent automatiquement chaque fois que l'on a atteint un Point de Passage. Or ces derniers sont parfois très éloignés de l'endroit où notre héros a expiré. Les joueurs les moins expérimentés risquent de se sentir rapidement frustrés par ce système aussi déconcertant que mal fichu. Non seulement, ils devront capturer à nouveau les Esprits qu'ils ont perdus, mais ils devront souvent retrouver leur chemin tout en évitant des ennemis qu'ils ont déjà terrassés quelques minutes auparavant. Et vu la linéarité du scénario, refaire une quête n'a rien de particulièrement réjouissant. D'autant que contrairement à la version DS, la gestion des Esprits est lourde et il n'y a pratiquement aucune customisation des personnages. Bref, en dépit d'une réalisation tout à fait honnête, Les Chroniques de Spiderwick sur Playstation 2 s'enfoncent, et c'est regrettable, dans l'habituelle médiocrité des jeux à licence.
- Graphismes12/20
Les environnements sont tellement sombres qu'on est régulièrement obligé de régler la luminosité de l'écran directement sur sa télévision. Pourtant, les décors sont relativement jolis et quelques extraits du film illustrent même l'aventure.
- Jouabilité11/20
Les missions consistent trop souvent à aller chercher des objets éparpillés n'importe où. Certains objectifs demeurent trop flous et il est facile de se perdre ou de tourner en rond. De plus, les combats ne présentent guère d'intérêt et le mini-jeu de capture des Esprits est affreusement lassant.
- Durée de vie11/20
L'histoire se termine en moins de huit heures mais la difficulté de certains passages et le système des sauvegardes automatiques rallongent artificiellement la durée de vie. On peut débloquer un mode multijoueur anecdotique.
- Bande son14/20
Les musiques inspirées du film collent tout à fait à l'ambiance et les bruitages sont sympathiques. En revanche le doublage de Jored manque un peu de conviction.
- Scénario13/20
L'intrigue s'en tient au film. De nombreux dialogues illustrent les divers chapitres mais le tout manque parfois d'intensité dramatique.
Mélange des genres superficiel, ces Chroniques de Spiderwick pour Playstation 2 ne parviennent jamais à captiver réellement l'attention du joueur. Entre un système de combat ultra basique et des quêtes répétitives, il faudra vraiment apprécier la licence pour trouver un intérêt au soft.