Alors que la version PC s'est récemment dotée d'une très bonne extension, Silverfall investit la PSP. Adapté aux spécificités de la console, le jeu se voit quelque peu simplifié tout en conservant les nombreuses qualités de l'original. A conseiller sans hésitation aux amateurs du genre.
Si on devait situer ce Silverfall PSP, on pourrait dire qu'il est au jeu d'origine ce que Dark Alliance était à Baldur's Gate, ou - plus proche - ce que Throne Of Destiny est à Dungeon Siege. Autrement dit, il ne s'agit pas d'un simple portage (l'entreprise eut été pour le moins hasardeuse), mais d'un jeu repensé et remanié pour tenir compte des spécificités de la portable de Sony. "Consolisé", donc, mais pas pour autant édulcoré : l'équipe qui a mis au point cette version PSP a réussi à conserver les deux gros points forts du titre original, à savoir la richesse de l'univers et la liberté d'évolution du personnage que l'on incarne.
Le jeu conserve donc son background particulier, qui se démarque de l'heroïc-fantasy classique en adoptant un contexte steampunk. L'histoire se situe dans un monde en proie au conflit entre le respect de la nature et la tentation technologique. Les décors visités mêlent avec brio les environnements naturels et les machines évoquant l'ère industrielle. Cette dualité se prolonge dans le bestiaire qui va du classique mort-vivant au gobelin à cheval sur sa monture mécanique. Tout au long du jeu, notre héros a la possibilité d'incliner d'un côté ou de l'autre en fonction des choix effectués, en particulier lors des quêtes. Les conséquences sont multiples et très concrètes, à commencer par l'équipement utilisable, qui diffère selon le camp choisi. Tout cela a donc été préservé dans cette version PSP, qui propose en outre une création de personnage tout aussi complète, couplée à une liberté d'évolution appréciable. On dispose de quatre races jouables (humains, elfes, gobelins et trolls), en version masculine ou féminine, dont on peut modifier l'apparence. En revanche, pas de choix de classe dans Silverfall : le jeu a le mérite de nous laisser développer librement notre personnage. A chaque gain de niveau, on répartit les points de caractéristique obtenus et on choisit de nouvelles compétences (ou on améliore celles dont on dispose déjà) dans des domaines aussi variés que le combat à distance, la magie noire, la technologie... On peut multi-classer son personnage pour varier les plaisirs et multiplier les approches, ou bien encore le spécialiser dans un des domaines, ce qui accroît le potentiel de rejouabilité du jeu.
Jusque-là, ce Silverfall PSP reste donc très proche de la version PC. Il faut ajouter que les quêtes qu'on nous confie, moins nombreuses, sont pour la plupart reprises à l'identique du jeu d'origine. Cependant, dès les premiers pas dans le marécage où l'on débute l'aventure, la spécificité de cet opus PSP se fait sentir. Exit les environnements ouverts de Silverfall, qui proposaient une liberté de déplacement de type MMO. Ici, quels que soient les décors environnants (intérieurs ou extérieurs), on progresse à travers une succession de salles et de couloirs qu'on vide de leurs occupants, à la manière d'un Baldur's Gate : Dark Alliance. A l'instar de cet illustre modèle, c'est fait de manière suffisamment habile pour qu'on n'ait pas l'impression de déambuler dans un Dungeon-RPG. De toute façon, cette adaptation aux possibilités de la PSP était inévitable et ne nuit nullement au plaisir de jeu. Conséquence plus ou moins directe de cette architecturation différente : on ne se lance plus à l'assaut de groupes d'une demi-douzaine d'ennemis, mais les combats nous opposent la plupart du temps à 1 ou 2 adversaires. Les niveaux sont aussi vastes que peu généreux en chair à canon, et certains joueurs pourraient regretter l'absence de l'action frénétique qui caractérisait la version PC. Mais en dépit de ce rythme plus lent, les affrontements ont conservé tout leur dynamisme, et la jouabilité simple et efficace n'y est pas étrangère. On affecte les compétences désirées aux 4 boutons de la console, de façon à pouvoir les utiliser très simplement. Attaque magique, au corps-à-corps ou à distance, utilisation de potions, lock de monstres : on enchaîne les actions de façon convaincante.
La jouabilité ne souffre que d'un seul reproche, hérité du Silverfall d'origine : la caméra. Elle peine à suivre le héros dès qu'il change de direction, nécessitant alors un recentrage manuel à l'aide de la gâchette droite. Or, cette fonction de recentrage est une véritable plaie : impossible à utiliser en pleine course, dotée d'un temps de réaction beaucoup trop long, elle a en outre du mal à stabiliser la caméra, rendant les lancers de sorts plus que délicats. Heureusement, la possibilité de locker la cible pour se trouver toujours face à elle permet de compenser en partie ce défaut. L'interface est quant à elle tout bonnement exemplaire. On navigue avec aisance dans les menus, ainsi que dans les pages de caractéristiques et d'inventaire. De nombreux joueurs apprécieront le fait que le moindre équipement porté par leur personnage soit visible à l'écran : combiné aux 80 compétences disponibles, ces pièces d'équipement variées permettent d'obtenir un personnage unique. Cet aspect apporte un petit plus à un rendu visuel somme toute assez banal. Les décors sont jolis et variés, mais sans jamais flatter réellement la rétine. L'autre regret concerne la musique trop répétitive, mais c'était aussi le cas sur PC. Pour le reste, Silverfall sur PSP possède suffisamment de qualités pour provoquer l'addiction. Bien que le jeu soit sans doute trop facile, sa durée de vie importante se voit en outre boostée par deux modes multijoueurs Ad Hoc. Le premier permet à deux joueurs de vivre l'aventure solo en coopération, et le second oppose jusqu'à quatre combattants dans des affrontements en pvp dans des arènes dédiées. Bref, les amateurs du genre auraient tort de se priver.
- Graphismes13/20
Le jeu est plutôt joli, mais a perdu beaucoup de sa singularité graphique, qui lui avait permis de sortir du lot sur PC. Le cel shading est toujours utilisé pour les personnages, mais de façon moins prononcée. D'un côté, cela leur permet d'être mieux incrustés dans les décors ; de l'autre, cela fait perdre au jeu une grande part de son identité visuelle.
- Jouabilité15/20
Hormis la mini-map non pivotante héritée du jeu original, l'interface ne souffre d'aucun reproche. L'ergonomie est excellente : les menus sont clairs et pratiques, la maniabilité du personnage est bonne, et les contrôles sont particulièrement simples et intuitifs. En revanche, on peste régulièrement contre cette satanée caméra, qui avait elle aussi déjà sévi dans l'opus PC.
- Durée de vie15/20
La campagne solo, avec ses niveaux vastes (les temps de chargements propres à la PSP sont amplement rentabilisés) et ses nombreuses quêtes annexes, occupe déjà de nombreuses heures. Le jeu accorde en outre une telle liberté dans le développement du personnage qu'il possède un vrai potentiel de rejouabilité. Enfin, le mode multijoueur est un vrai plus pour prolonger le plaisir.
- Bande son12/20
Les thèmes musicaux sont bien dans le ton, mais ils se révèlent plutôt banals et surtout beaucoup trop répétitifs. Les bruitages sont efficaces et concourent à rendre les affrontements dynamiques et percutants. Les râles des monstres, par contre, sont beaucoup trop discrets. L'aspect sonore reste donc perfectible.
- Scénario14/20
L'intrigue se suit sans aucun déplaisir, et le jeu s'appuie plus que jamais sur son background original. Ce que l'on regrette, c'est que les quêtes confiées tournent systématiquement autour de la dualité nature/technologie : c'est sympa un moment, et justifié (étant donné que nos choix influencent l'alignement de notre personnage), mais cela peut finir par lasser.
Silverfall sur PSP n'a pas à rougir face à la version PC. Le jeu est quelque peu simplifié et se veut plus accessible, mais il n'a rien perdu de la richesse de son univers et des nombreuses possibilités d'évolution du personnage. Les fans du genre les plus endurcis passeront facilement sur ses quelques défauts, les autres sont invités à l'essayer avant de l'adopter.