Cela fera bientôt 20 ans que Dungeon Explorer est sorti sur TurboGrafx. Hudson Soft, qui se plaît à recycler ses vieux hits, nous propose un revival de ce hack'n slash sur consoles portables. Dans cette version PSP, dotée d'une réalisation plus convaincante que sur DS, l'aspect répétitif propre au genre se voit hélas décuplé jusqu'à l'écoeurement.
Il faut tout d'abord souligner que Dungeon Explorer sur PSP est très différent de la version DS. Certes, on retrouve la même mécanique de jeu, qui consiste à parcourir des donjons et à les vider de leurs occupants, tout en ramassant des loots et en améliorant son personnage. Mais les disparités sont telles qu'on peut affirmer qu'on a affaire à deux jeux différents. A commencer par leurs scénarios respectifs, qui diffèrent sensiblement. Exit le background fouillé et les fioritures scénaristiques : cette version PSP va à l'essentiel, sans que cela joue forcément en sa défaveur. Jadis, des créatures maléfiques ont réussi à pénétrer dans le royaume en empruntant un portail situé dans un ancien donjon. On a alors fait appel à des mercenaires pour sceller magiquement ce portail. Mais aujourd'hui, le sceau vient d'être brisé, et les monstres recommencent à affluer. On incarne un aventurier embauché par le roi pour pénétrer à nouveau dans le donjon et enquêter sur ce qui a pu se produire. Simple mais efficace. D'autant que notre progression est régulièrement ponctuée de cut-scenes sympathiques qui font évoluer l'histoire.
Autre différence majeure : l'aspect graphique. Dès les premiers écrans, on est plutôt surpris par le rendu, plus que correct pour un jeu PSP. Personnages et environnements sont soignés et l'animation reste fluide quel que soit le nombre de monstres et d'effets visuels à l'écran. En outre, on passe par une phase de création de héros assez complète : six classes, trois races (en version masculine ou féminine), répartition de caractéristiques, customisation possible de la couleur de sa tenue. Pour un hack'n slash, c'est amplement suffisant. A noter cependant qu'à l'instar de la version DS, le choix de la classe restreint le type d'équipement que peut porter notre personnage, et régit de façon automatique l'acquisition de nouveaux pouvoirs. En termes de possibilités d'évolution, c'est limité et quelque peu décevant. Mais ce n'est pas si grave à partir du moment où l'on a découvert le pot aux roses : sous ses atours attrayants, le jeu propose une action basique agencée de façon ultra-répétitive.
Tout d'abord, les développeurs ont cru bon de nous envoyer nettoyer une douzaine de fois le même donjon pour nous expliquer le système de jeu. Un donjon truffé d'escargots (rouges, bleus ou géants : il y en a de toutes les sortes) et autres créatures tout aussi grotesques : le bestiaire n'est vraiment pas le point fort de Dungeon Explorer. En outre, la quasi-totalité des adversaires rencontrés provient des générateurs de monstres qui parsèment les niveaux. L'objectif est invariablement de les détruire pour pouvoir passer au niveau suivant. Pour cela, on dispose d'une attaque de base, d'un coup spécial lié à l'arme dont on est équipé, et enfin d'un pouvoir magique (nommée "big bang") qui permet de faire le ménage dans les rangs. On est parfois accompagné de coéquipiers à qui l'on peut donner des ordres simples (suivre, soigner, taper comme un sourd sur le générateur...). A noter que le jeu propose un mode multijoueur en local qui permet de faire équipe avec deux autres aventuriers, mais qu'il est privé du mode en ligne présent sur la version DS.
Dans Dungeon Explorer, toutes les missions nous sont confiées via la guilde des aventuriers locale, moyennant une taxe dont il faut s'acquitter systématiquement. Le problème, c'est que ces quêtes très répétitives, qu'on prend au début pour des quêtes secondaires, doivent être obligatoirement remplies pour débloquer la mission "spéciale" suivante (qui fait avancer le scénario). Ce serait un moindre mal si elles ne se montraient pas aussi dénuées de tout intérêt (si ce n'est la récompense promise) et ne vous obligeaient régulièrement à parcourir plusieurs fois les mêmes lieux. Témoin, cette scène mémorable où, parvenu à ouvrir enfin la porte qui bloquait ma progression, un écran "mission réussie" s'est affiché, me renvoyant à la guilde et m'obligeant à recommencer le donjon pour savoir ce qu'il y avait derrière. Désolant. Bref, un titre à oublier, sauf peut-être pour les fans de hack'n slash les plus endurcis qui chercheraient absolument un jeu du genre sur PSP.
- Graphismes12/20
L'aspect graphique assez passable ne souffre pourtant d'aucun gros reproche. Les décors sont plutôt jolis, les personnages sont fins et bien animés, et le moteur est suffisamment souple pour supporter les cohortes de monstres qui sortent des générateurs et les effets visuels réussis qui accompagnent les coups spéciaux.
- Jouabilité11/20
La maniabilité du personnage est correcte. Côté interface, c'est mi-figue mi-raisin : le jeu propose une palette de raccourcis qui permet d'accéder facilement à un objet ou à un pouvoir. Heureusement, car les menus sont une véritable usine à gaz, dans lesquels on navigue avec peine.
- Durée de vie10/20
De nombreuses heures de jeu, certes, mais la répétitivité de l'action et le manque de variété des objectifs et des situations rencontrées annihilent au mieux le potentiel de rejouabilité du titre, au pire l'envie d'en voir la fin. On regrette aussi que le mode multijoueur soit limité au jeu en Ad Hoc.
- Bande son9/20
Au niveau sonore, Dungeon Explorer s'en sort mieux sur PSP que sur DS, même si le résultat reste assez médiocre. On regrette que les thèmes musicaux ne soient pas plus inspirés et que les bruitages issus des monstres soient trop discrets.
- Scénario8/20
Moins étoffé mais aussi moins complexe que dans sa version DS, le scénario de Dungeon Explorer sur PSP suffit à sa tâche. L'enrobage scénaristique des quêtes se révèle par contre tout à fait inutile vu leur contenu basique et répétitif.
Dungeon Explorer est l'exemple parfait du jeu qu'on ne conseillera qu'à un public très précis : celui des inconditionnels du hack'n slash qui recherchent absolument un titre du genre sur PSP. Mais face à son manque d'intérêt global, même ceux-là finiront sans doute par jeter l'éponge.