Dès mes premiers pas dans La Vie de Palace de Zack et Cody (que nous nommerons désormais La Vie de Palace pour des raisons de concision), j'ai été pris d'un affreux doute : n'avais-je pas déjà joué à ce jeu ? Cette impression de déjà-vu s'explique en fait très simplement : le jeu est développé par A2M, qui reprend ici le principe et le moteur déjà utilisés dans sa dernière production sur DS : A la Croisée des Mondes : La Boussole d'Or. Ce dernier titre était une adaptation vidéoludique plutôt plaisante que je reconnais, avec du recul, avoir noté un peu trop sévèrement. Il faut dire que sa réalisation graphique décevante et sa répétitivité ne jouaient pas en sa faveur.

Or, ce sont des aspects qui ont été corrigés dans La Vie de Palace. Les développeurs ont une fois encore fait le choix de la 3D avec vue latérale, mais le rendu est beaucoup plus convaincant : la caméra est plus proche de l'action, les environnements sont plus jolis et beaucoup moins pixellisés. Bref, l'action n'en est que plus lisible et le jeu plus agréable. Et surtout, la 3D est bien mieux utilisée et se justifie donc davantage. En outre, le level-design a été retravaillé afin de dynamiser le gameplay et d'atténuer son caractère répétitif : l'action, qui gagne en variété, est concentrée dans des niveaux plus courts et moins tarabiscotés, ponctués de points de sauvegarde plus rapprochés qui estompent un peu l'aspect "die and retry". Au final, on peut considérer La Boussole d'Or comme un brouillon de La Vie de Palace. On perd en intérêt scénaristique et en poésie, mais on gagne largement en terme de plaisir de jeu.

Dans La Vie de Palace, vous contrôlez deux jumeaux, Zack et Cody, qui soupçonnent des espions de s'être infiltrés dans l'hôtel dans lequel ils résident. En se mettant sur leur piste, ils vont affronter mille dangers et visiter des lieux inattendus. Le jeu propose un savant dosage d'action et de réflexion. La première de ces composantes est omniprésente : chaque étage de l'hôtel est un niveau de plates-formes qu'il faut explorer de fond en comble. Les deux garçons peuvent courir, sauter, ramper, s'accrocher et grimper. Ils ont aussi la possibilité de se glisser par les ouvertures (portes ou fenêtres) qu'ils croisent, pénétrant alors dans des sous-niveaux tantôt optionnels, tantôt indispensables pour la suite de la progression. Face aux ennemis rencontrés, Zack et Cody ne manquent pas de répondant. Avec son Bombardor (une sorte de jouet tirant des balles de tennis), Zack peut éliminer les espions, tandis que Cody se débarrasse des fantômes et des moutons de poussière (sic) avec son aspirateur. Nos deux garnements tombent également de temps en temps sur des grooms qui les recherchent afin de les renvoyer dans leur chambre : ils doivent alors progresser en se dissimulant tant bien que mal dans les cachettes prévues par les développeurs. Ces phases sont amusantes car moins difficiles et bien moins redondantes que dans La Boussole d'Or. Au final, l'action est variée, dynamique et prenante.

Passons au deuxième aspect du jeu (savamment imbriqué dans le premier) : la réflexion. A la base, Zack et Cody avancent en même temps. Vous contrôlez l'un des deux pendant que l'autre vous suit automatiquement. Mais vous pouvez à tout moment passer de l'un à l'autre via une simple pression de la gâchette gauche. Le gameplay rend la chose nécessaire en ayant pris soin de doter les deux garçonnets de gadgets différents, souvent utiles, et parfois indispensables pour progresser (exemple : l'arme de Zack permet de détruire les plafonds branlants). Là où ça se complique, c'est qu'on se retrouve parfois bloqué par des obstacles qu'on ne peut franchir qu'en "dissociant" les jumeaux grâce à une icône présente sur l'écran tactile. Chacun peut alors vaquer de son côté pour contribuer à la résolution du puzzle. Zack peut ainsi activer un levier quelque part pour ouvrir la voie à son compère, ailleurs dans un sous-niveau. Ajoutez à cela quelques casse-tête à base de fils à connecter, et vous obtenez une dimension réflexive plutôt étoffée. Rien d'inédit, mais le tout est intelligemment agencé et bien moins répétitif que dans La Bousole d'Or. Seul gros reproche : malgré des points de sauvegarde plus fréquents, le jeu reste assez difficile, trop sans doute pour le jeune public visé. Que vous mouriez ou que vous vous fassiez attraper, les game-over sont fréquents, obligeant à recommencer plusieurs fois certaines phases un peu plus exigeantes.

Dernier point : La Vie de Palace ne déroge pas à la mode actuelle et propose plusieurs mini-jeux pour se détendre entre deux niveaux. Mettant à contribution le stylet et le double-écran de la DS, ils se révèlent plutôt réussis, même s'il est regrettable que leur principe soit si futile. Jugez-en par vous-même : l'un d'eux vous propose d'aider London, la fille du directeur du Palace qui s'en revient d'une séance de shopping, à porter ses paquets jusqu'à sa suite sans les faire tomber. Les fans seront aux anges, les autres feront la grimace. C'est un peu à l'image du jeu dans son ensemble : le gameplay accrocheur est au service d'un scénario léger et d'un univers sacrément superficiel. Mais pour peu que vous soyez un adepte de la série TV ou que vous parveniez à faire abstraction de cet aspect, le jeu en vaut la chandelle.