Dernier-né de la gamme des Petz, Le Cirque des Tigres vous invite à enfiler votre habit de lumière pour dompter deux gros félins paresseux. Construit autour d'un mini-jeu d'équilibre ultra-répétitif, ce titre à l'intérêt limité peinera sans doute à susciter des vocations.
Parfois on se dit qu'on n'aimerait pas être à la place des éditeurs et de leurs problématiques commerciales : comment innover dans un concept porteur sans trop en bousculer les fondements ? Le party-game, la gestion, le RPG : autant de pistes explorées simultanément dans Le Cirque des Tigres, mais autant de composantes mal agencées qui finissent par diluer le propos. Ce dernier est de toute façon fort obscur tant le jeu semble prendre un malin plaisir à se jouer de vos attentes. Vous cherchiez un jeu d'élevage ? Votre personnage ne fera ici que développer ses propres compétences. Vous comptiez dresser des animaux à exécuter des tours ? Vous n'aurez droit qu'à un simple mini-jeu d'équilibre. Vous pensiez passer votre temps sous un chapiteau ? C'est un voyage autour du globe qui vous attend.
L'entrée en matière ressemble comme deux gouttes d'eau à celle de Dolphinz : deux jeunes ados, Enzo et Anna, sont invités par leur grand-père Zapardo, ex-grand dompteur, à sauver l'école de dressage qu'il a fondée et dont il n'a plus le temps de s'occuper. Ils ont pour première tâche de s'occuper de deux jeunes tigres recueillis par Zapardo, qu'ils doivent nourrir, soigner, nettoyer et caresser le plus régulièrement possible afin de préserver leur bien-être. On connaît le topo, et ce ne n'est pas cet aspect du jeu qui lui confère son originalité. Enzo et Anna vont également parcourir le monde afin d'aider les personnages les plus hétéroclites à dresser leur animal : un général russe et son ours de cabaret, un monte-en-l'air français et sa chatte funambule, une Anglaise revêche et son caniche, un rappeur et son lion adepte du hip-hop, une Indienne et son éléphant sacré, une pom-pom girl et son singe mascotte d'un club de football américain... Les personnages sont souvent ridicules et les situations plus décalées les unes que les autres - ce qui ne plaira sans doute pas à tout le monde mais apporte une touche de dérision plutôt bienvenue. Si l'on ajoute à cela des dialogues un peu plus matures que de coutume et une histoire emberlificotée qui avance au rythme de vos rencontres, il ressort que le jeu se destine davantage à un public de préadolescents que d'enfants.
Quel que soit son âge, on ne peut être que déçu devant la seule et unique épreuve qui revient invariablement au centre du gameplay. Il s'agit d'un mini-jeu d'équilibre, durant lequel Enzo et Anna sont censés enseigner un tour à un animal : tenir sur un ballon ou sur le dossier d'une chaise, marcher sur une corde... L'écran du haut représente l'animal cherchant à se stabiliser sur son objet ; vous devez l'y aider en manipulant une roue à l'aide du stylet sur l'écran tactile. Concrètement, il faut maintenir une flèche dans une zone d'équilibre représentée en vert, en tournant la roue dans un sens ou dans l'autre, de façon plus ou moins prononcée en fonction de la correction à apporter. Une fois l'équilibre atteint, l'épreuve se termine par un finish qui consiste à repasser une forme au stylet, à toucher des étoiles qui s'allument, ou encore à reproduire la séquence de gestes indiquée... L'ensemble est amusant la première fois, mais archi-rébarbatif au bout de la centième. Ajoutons qu'il est inutile (et déconseillé) de regarder ce qui se passe sur l'écran supérieur : on concentre toute son attention sur l'écran tactile, de sorte qu'on a du mal à s'imaginer vraiment dans la peau d'un dompteur. C'est d'ailleurs fort dommage, parce que les animaux sont à la fois bien modélisés et bien animés, et évoluent dans des décors plutôt réussis.
Au fur et à mesure de votre progression dans le jeu, l'épreuve évolue en se dotant de quelques complications aléatoires destinées à vous gêner : mouches à faire fuir en soufflant dans le micro de la DS, bulles odorantes à éclater au stylet avant qu'elles ne déconcentrent l'animal... Cela ne suffit pas à atténuer son caractère répétitif, mais cela a le mérite de faire évoluer sa difficulté. Les développeurs ont heureusement prévu de quoi pouvoir s'y adapter : au terme de chaque numéro réussi, Enzo et Anna gagnent de l'expérience. Cet aspect RPG leur permet de progresser en niveau et de perfectionner leurs capacités de dresseurs : élargissement de la zone d'équilibre, amélioration de la stabilité... Les succès obtenus par nos deux ados leur octroient également de l'argent. Il leur sert à acheter des objets (brosse, lotion, grattoir) permettant de s'occuper plus rapidement et plus efficacement de leurs tigres : cette phase devient alors bien moins fastidieuse et on s'en acquitte plus volontiers. Cela permet d'éviter que le vétérinaire de l'école de dressage ne les confie à un centre d'éducation pour félins (duquel on ne peut les extraire que contre caution !). Mieux : si vos tigres sont bien soignés, pour pourrez monter un spectacle avec eux.
Hélas, vous n'aurez droit une fois de plus qu'au mini-jeu d'équilibre vu et revu. La seule différence est qu'à l'issue de chaque numéro accompli avec succès par les tigres, Zapardo utilise les gains obtenus pour financer son rêve : une réserve naturelle pour animaux menacés, dans laquelle on peut choisir et placer soi-même les différents bâtiments. La morale est sauve, mais cet aspect du jeu contribue à disperser encore davantage le propos. Le Cirque des Tigres donne l'impression de brasser les genres pour essayer de s'extraire de son principe ultra-répétitif. Malheureusement, la mayonnaise ne prend pas.
- Graphismes14/20
Point fort du jeu, l'aspect graphique est une réussite : les personnages tout droit sortis d'un dessin animé sont incrustés dans des décors en 3D gais et colorés et côtoient des animaux à la modélisation et à l'animation réussies. Dommage que votre regard doive rester rivé la plupart du temps sur la fameuse roue d'équilibre.
- Jouabilité13/20
Le stylet permet de s'acquitter facilement du soin de vos tigres, du mini-jeu d'équilibre ou encore de la navigation dans les menus. La difficulté, qui croît progressivement, devient rapidement trop élevée pour le jeune public, à qui le jeu ne paraît pas vraiment destiné.
- Durée de vie7/20
La mécanique de jeu est identique d'un bout à l'autre du Cirque des Tigres. Du coup, malgré l'insertion de quelques aspects destinés à enrichir artificellement le contenu et à gonfler la durée de vie, on a vite fait de se lasser.
- Bande son9/20
Le jeu est avare d'effets sonores et de bruitages, notamment en ce qui concerne les animaux, bien trop silencieux. La bande-son se résume donc à des ritournelles plutôt variées et bien dans le ton, mais vite horripilantes.
- Scénario11/20
Le jeu possède un aspect narratif, c'est assez rare pour être signalé ; et comme les dialogues ont le mérite de ne pas être trop niais, on apprécie l'effort. Reste que ça part un peu dans tous les sens là où on aurait apprécié une histoire centrée sur l'univers du cirque.
Le Cirque des Tigres est un titre étrange, qui se focalise sur une épreuve d'un intérêt limité, tout en essayant de l'étoffer de diverses façons. Bref, un jeu qui a du mal à s'assumer et à se trouver. Les plus persévérants pourront s'amuser à monter leur dresseur au niveau maximum, les autres auront décroché depuis longtemps face à la répétitivité du concept.