Longtemps cantonnés à nos ordinateurs, les jeux de stratégie en temps réel commencent à arriver en force sur consoles. Après la Bataille pour la Terre du Milieu 2 et Command & Conquer 3, et en attendant Halo Wars, Supreme Commander ou Alerte Rouge 3, c'est Universe at War qui se lance dans ce genre qui reste à défricher sur les machines de salon. Sans surprise, le titre conserve les éléments qui ont fait son succès sur PC, tout en réussissant le tour de force d'être parfaitement maniable à la manette.
Trois races extraterrestres très différentes luttent à mort pour le contrôle de l'univers. Ca vous rappelle quelque chose ? Oui, c'est le concept de base de Starcraft. Universe at War reprend un peu ce principe. Ainsi, Novus, Hiérarchie et Masari s'affrontent grâce à des techniques bien spécifiques à chaque faction. Et où tout cela se passe, je vous le demande ? Sur Terre pardi ! Décidément, les humains n'ont pas de bol... En effet, nous ne sommes qu'en 2012, les pauvres sont donc totalement à la ramasse du point de vue technologique comparé à leurs adversaires. De toutes façons, même si c'est la planète bleue qui sert de champ de bataille, ses habitants ne jouent qu'un rôle annexe, celui de victimes en gros. Contrairement aux trois forces en présence, les humains ne constituent pas une race jouable à part entière, excepté dans le prologue de la campagne. Enfin les humains, les Américains plutôt devrais-je dire, puisque cette introduction consiste à aller sauver les fesses du Président des Etats-Unis dans un Washington dévasté, dans le plus pur style Independance Day... Sauf qu'on a droit à l'explosion du Capitole à la place de la Maison Blanche.
Qui a donc osé détruire ce monument de la civilisation ? Il s'agit de la Hiérarchie, une race qui pille toutes les planètes qui se trouvent sur son passage, ne laissant derrière elle que chaos et désolation. Elle dispose d'unités gigantesques, les marcheurs, des structures mobiles très lentes mais terriblement puissantes. Il en existe trois types, mais tous peuvent être améliorés en divers points. On pourra ainsi les équiper en armes, en blindage et surtout en modules de production d'unités, celle-ci se faisant directement sur les marcheurs. Très pratique pour avoir des troupes qui apparaissent directement au coeur de l'action. Concrètement, les unités de la Hiérarchie sont assez variées, des soucoupes volantes aux brutes et aux damnés. Une sorte de patchwork d'unités mécaniques et biologiques, assez incohérent au niveau du design. Visuellement, c'est de loin la moins réussie. Mais il faut avouer qu'avec ses marcheurs dévastateurs, elle est plaisante à jouer. Notons aussi qu'elle peut infecter les humains pour en faire des mutants, comme les Zergs.
Ca, c'était donc les méchants envahisseurs. Heureusement, avant que l'humanité entière ne soit réduite en cendres, les gentils Novus débarquent. Il s'agit d'une race de robots, dont les créateurs ont jadis été exterminés par la Hiérarchie. Depuis, ils poursuivent inlassablement leurs ennemis jurés pour se venger. Ils sont froids, sans émotion (forcément), mais il reste parmi eux une créature vivante, Mirabel, créée à partir de l'ADN de ses ancêtres. Prise de compassion par le triste sort des humains, elle va combattre à leurs côtés, protégée par son mecha. La première campagne solo nous met donc à la tête des Novus, une race au fonctionnement bien particulier. Ils peuvent notamment se téléporter au travers de leur réseau d'antennes de flux, une fonctionnalité très pratique pour se déplacer rapidement d'un bout à l'autre de la carte. Ces antennes servent aussi à délimiter la zone où les bâtiments peuvent être construits, tiens donc, comme les pylônes des Protoss dans un certain Starcraft...
Enfin, plus tard, un troisième larron viendra fourrer son nez là-dedans, réveillé par tout ce barouf. Les Masari, c'est leur petit nom, sont des demi-dieux humanoïdes. Accessoirement, ils ont aussi créé la Hiérarchie il y a fort longtemps, une erreur qu'ils sont bien décidés à réparer aujourd'hui. Ils disposent d'une technologie très avancée et, tels des Jedis, ils maîtrisent aussi bien le côté clair que le côté sombre de la Force, pardon de l'énergie. Leur unité de construction, l'architecte, se révèle primordiale, car ils peuvent être affectés à des tâches très différentes : réparer bien sûr, mais aussi augmenter la production d'un bâtiment ou améliorer les dégâts d'une structure défensive. Voilà pour la présentation des belligérants, une peu longuette peut-être, mais nécessaire, tant leurs différences sont nombreuses. Voyons maintenant le coeur du gameplay.
Bien sûr, chaque faction a donc ses spécificités dans sa manière d'être jouée, mais globalement on a affaire à du classique. N'oublions pas que les développeurs de Petroglyph sont des pères fondateurs de la stratégie en temps réel, puisque beaucoup viennent de Westwood, studio créateur de Dune II et de la série Command & Conquer. Les trois races disposent toutes de trois héros et d'une dizaine d'unités, certaines dotées de capacités spéciales. On obtient l'habituel gameplay pierre/feuille/ciseau des STR. Il existe une seule ressource, sobrement baptisée "matières premières", que chaque race produit de façon assez automatisée, épargnant au joueur de fastidieuses phases de récolte. La gestion économique est donc réduite à la portion congrue, traduisant la volonté des développeurs de rendre leur titre accessible au plus grand nombre. On obtient au final une formule facile à prendre en main mais pas simplifiée à outrance pour autant, les possibilités tactiques restant nombreuses.
Le grand défi, c'était évidemment de rendre ce gameplay jouable à la manette. Pari réussi, puisque les contrôles sont très intuitifs. La caméra se déplace à l'aide du stick gauche, le droit servant quant à lui à zoomer ou pivoter. Les sticks servent aussi à se déplacer ou donner des ordres sur la mini-carte, qui s'agrandit d'un coup de gâchette. La sélection de plusieurs unités se fait très simplement en maintenant le bouton A enfoncé. Les unités de même type sont automatiquement réunies dans un groupe, mais il reste possible de créer ses propres groupes. On retrouve le double "clic" pour sélectionner rapidement plusieurs unités similaires ou se déplacer rapidement à un point. Quant à la construction, la production, la recherche ou l'utilisation des pouvoirs, elle se fait via des menus circulaires. Tout ça rend le jeu presque aussi maniable qu'à la souris, même si je trouve la rapidité d'exécution un peu inférieure (dur d'atteindre les 300 actions par minute...). Cela va bientôt pouvoir se vérifier sur le terrain, puisqu'une mise à jour prochaine devrait rendre le jeu cross-platform. Autrement dit, les joueurs console pourront affronter les joueurs PC. Du moins, ceux ayant accepté de payer un abonnement gold pour le Live for Windows... Ce qui était une aberration sur ordinateur est ici "normal", et c'est donc logiquement que Universe at War, même un peu moins beau que son homologue PC, récolte un point de plus, la concurrence étant moins rude.
- Graphismes13/20
Au niveau du design, c'est bien sûr très subjectif, mais je n'aime pas les unités de base de la Hiérarchie, seuls leurs colossaux marcheurs parviennent à éveiller mon intérêt. Les Masari et surtout les Novus tout de blanc vêtus sont beaucoup plus réussis. Techniquement, c'est un peu moins beau que sur PC, la faute à des textures moins fines qui rendent les décors un peu plus grossiers. En revanche, les effets restent jolis et c'est fluide, à quelques rares saccades près.
- Jouabilité16/20
Les bases du gameplay sont très classiques, mais il y a plein de petites idées franchement bien vues, comme la téléportation des Novus à travers leur réseau d'antennes de flux ou les emplacements modulaires des marcheurs. La maniabilité au pad est excellente grâce à plusieurs trouvailles ingénieuses. On trouve bien quelques menus reproches, comme le niveau maximal du zoom arrière insuffisant, mais c'est un défaut récurrent dans les jeux de stratégie, surtout depuis Supreme Commander...
- Durée de vie16/20
Trois campagnes, un mode escarmouche, et des scénarios indépendants en mode global, qui consiste à conquérir la vingtaine de régions qui constituent la planète. Bref, Universe at War contient tout ce qu'on est en droit d'attendre d'un STR complet. Sans compter le multi, qui promet d'être cross-platform d'ici peu. Des dizaines d'heures de jeu en perspective.
- Bande son14/20
Quelques rares musiques sont assez désagréables, mais dans l'ensemble ça reste du bon boulot, tout comme pour les voix et les sons.
- Scénario12/20
Dommage que l'histoire soit si manichéenne, avec ses gentils et ses méchants bien identifiés et son humanité trop américano-centrée.
Les jeux de stratégie se contentent trop souvent de factions similaires copiées les unes sur les autres, à quelques changements cosmétiques et modifications mineures près. Ce n'est pas le cas avec Universe at War, qui propose trois races vraiment différentes dans leur fonctionnement, comme Starcraft en son temps. Il ne va pas jusqu'à atteindre l'excellence de cet illustre ancêtre, mais Universe at War n'en reste pas moins un bon STR, surtout sur Xbox 360 où la concurrence est moindre.