C'est l'heure de faire un break et d'oublier toutes les tactiques inscrites à la craie sur le tableau en ardoise. Les stars du football international ont troqué leur maillot dégoulinant de sponsors pour des survêtements, des shorts et des paires de baskets afin de squatter quelques rectangles sauvages. Plus improbable que jamais, le foot de rue prend des airs de balais technique et aérien dont le bouquet final est fait de boulets de canon imparables. Bienvenue dans l'enfer des gardiens.
Le parallèle est aussi évident que prévisible, FIFA Street 3 ressemble dans l'esprit comme deux gouttes d'eau à l'excellent NBA Street Homecourt, disponible sur PS3 et Xbox 360 depuis une petite année. EA Big continue donc d'opter pour une surenchère de fun au détriment d'un réalisme en tout état de cause malvenu et bien plus légitime au rayon simulation. Plus orienté arcade que jamais, FIFA Street se distingue également par un design entièrement revisité, aux antipodes de ce que la franchise a produit lors des deux premiers épisodes. Les joueurs adoptent des formes assez longilignes tournant par moments à la caricature. Ainsi, Peter Crouch vire à l'anorexie pendant que Gennaro Gattuso avance un buste surdéveloppé. L'objectif étant principalement d'empêcher un nivellement des gabarits afin de permettre aux gros costauds, aux "murs" comme on les appelle ici d'imposer leur physique alors que les plus fins s'appuient sur leur technique pour enchaîner les humiliations. La recette est connue mais demeure diablement efficace.
A l'instar de NBA Street Homecourt (encore une fois), FIFA Street 3 s'apprécie réellement après quelques heures de pratique intensive. Le premier contact avec la bête est en effet assez déroutant. La violence des frappes, la vitesse des enchaînements et le déséquilibre entre l'attaque et la défense font des oppositions un festival de buts et de tricks spectaculaires. L'essentiel est donc d'apprendre progressivement à anticiper et à utiliser à bon escient le placement de ses cinq joueurs, gardien compris. Bien évidemment, tout n'est pas uniquement question de circulation fluide du ballon, les gestes techniques étant le meilleur moyen de faire grimper sa jauge de Gamebreaker. Un principe quelque peu modifié dans la mesure où il peut être activé à n'importe quel endroit du terrain, et plus seulement au centre du rectangle. Mais il diffère également de ses prédécesseurs par l'amoindrissement de son impact sur le tableau d'affichage. S'il permet toujours de marquer beaucoup plus simplement, il n'est plus un moyen de tripler son score ou de faire chuter celui de l'adversaire. Fini les buts compte double ou compte triple. Au final, c'est l'intérêt des matches qui y gagne. Il ne suffit plus de deux ou trois Gamebreaker convertis par des buts pour assommer son rival. Et c'est tant mieux.
Le gameplay sort donc grandi de ces choix de l'équipe de développement. Les possibilités de dribbles sont assez nombreuses et simplement réalisables en utilisant le stick analogique droit de la manette, dans toutes les directions, afin de varier la feinte. Les commandes très intuitives permettent de réaliser des actions d'une rare complexité techniques. Les reprises de volée et retournées acrobatiques étant logiquement semi-automatisées, n'importe quel joueur sera capable de s'envoler pour smasher le ballon en pleine lucarne. Il est par exemple possible de lever le ballon à tout moment en appuyant sur la touche de jongle. Idéal lorsque les règles du match joué exigent de vous des buts marqués sur têtes ou reprises de volée. Des règles paramétrables ou imposées en fonction du mode de jeu sélectionné. Il pourra par exemple vous être demandé de marquer un certain nombre de buts pour remporter le match, de terminer la rencontre avec une certaine différence de buts, d'inscrire trois buts sur Gamebreaker, etc.
FIFA Street 3 innove à d'autres étages. Ainsi, si la liste des équipes disponibles se constitue de 18 sélections nationales composées d'une quinzaine de joueurs (Allemagne, Angleterre, Australie, Brésil, Cameroun, Chine, Écosse, Espagne, États-Unis, France, Grèce, Italie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Portugal, République Tchèque, Suède et Turquie), elle se complète par des équipes originales (notons l'absence des équipes d'Argentine et des Pays-Bas pourtant pas avares en talents de dribbleurs). Celles-ci sont créées à partir de critères bien précis. Ainsi, on retrouve l'équipe des "Murs" (les joueurs les plus physiques), celles des "Petits", des "Jeunes Talents" ou encore celle des "Vétérans". La liste est assez longue et l'idée de regrouper les joueurs autrement que par nationalité apporte un vent de fraîcheur à la série. Cependant, les développeurs ont semble-t-il oublié quelques essentiels comme la possibilité de faire des remplacements pendant les matches. La gestion d'équipe n'existe d'ailleurs carrément pas dans FIFA Street, ce qui comprend l'absence d'outil de création d'équipes ou de joueurs. Autre déception, aucune statistique n'est disponible à la fin des rencontres. Pas de tableaux récapitulatifs, pas de listing des buteurs...
Et cette suffisance est malheureusement la même au niveau du contenu, curieusement très limité en solo. Sans connexion Playstation Network ou Xbox Live, l'expérience FIFA Street 3 tourne en effet court. Il faut se contenter de matches amicaux, d'un entraînement, de deux modes deux joueurs (ou plus, jusqu'à 4 sur Xbox 360 et 7 sur PS3) et d'un mode carrière qui n'en est pas un et dont on voit très rapidement le bout. Il s'agit en réalité d'une suite de défis à réussir afin de débloquer les équipes une à une. La pilule a de ce côté là beaucoup de mal à passer à 70€ pièce. Reste donc le Online qui a la bonne idée d'accueillir jusqu'à huit utilisateurs. Les modes de jeu sont alors rigoureusement les mêmes, en dehors du Challenge Mondial qui fait s'opposer 18 sélections nationales. A l'instar d'une Ligue Interactive dans FIFA 07 et 08, un classement est établi et combine les résultats des rencontres jouées sur le Online. Ainsi, si vous jouez et gagnez un match avec l'Equipe de France, vous la ferez progresser dans la hiérarchie. Au final, on ne saurait donc que trop vous conseiller d'investir dans FIFA Street que si vous êtes coutumier du Online. En solo, le titre souffre de limites de contenu radicalement handicapantes.
- Graphismes15/20
On adhérera complètement ou pas du tout à l'esthétique assez originale du jeu. La prise de risque est cependant louable et l'ambiance graphique a le mérite de posséder une vraie identité, même si tous les joueurs ne sont pas reconnaissables au premier coup d'oeil.
- Jouabilité17/20
FIFA Street 3 se joue les yeux fermés. Le gameplay est simple, la configuration des touches bien pensée. Les amateurs d'arcade à outrance s'en donneront à coeur joie et réaliseront des actions totalement insensées. Du fun à l'état pur qui découle sur un plaisir de jeu démentiel. Dommage en revanche que les acteurs n'offrent pas davantage d'animations différentes sur les tirs, acrobatiques ou non.
- Durée de vie12/20
C'est là où le bât blesse. Le Offline est très succinct et certains oublis feront grincer les dents. Les joueurs qui se limitent à une utilisation solo n'en auront donc pas pour leur argent...
- Bande son18/20
La tracklist du titre est certainement l'une des meilleures dans un jeu de sport depuis FIFA 98. Une bande-son qui colle parfaitement à l'ambiance des matches, mêlant tous les genres.
- Scénario/
FIFA Street 3 aurait pu frôler la perfection arcade s'il n'avait pas oublié la moitié du contenu de son aîné en chemin. EA a eu la main légère à ce niveau-là, privilégiant un travail de fond sur l'esthétique de la série. Un style qui ne plaira d'ailleurs pas à tout le monde. Qu'importe, le plaisir est immense et le concept est poussé à son extrême, sans commettre trop d'erreurs.