Midway continue d'adapter en jeu vidéo les dessins animés à succès de la chaîne Cartoon Network. Heureusement, Foster : La Maison Des Amis Imaginaires est loin d'être le pire. Mais l'absence de localisation inexplicable de Imagination Invaders rentre en contradiction directe avec le jeune public visé.
Il vous est peut-être déjà arrivé, étant petit, de vous inventer un ami imaginaire. Celui à qui on peut tout confier, et avec lequel on s'occupe durant les longs dimanches de pluie. Quitte à pouvoir créer ce que l'on veut, ce compagnon virtuel prend souvent une forme insolite, extravagante et drôle. Le problème, c'est qu'on finit toujours par abandonner son ami imaginaire, soit que les adultes le jugent trop encombrant, soit qu'on finisse tout simplement par grandir. Heureusement, il existe un refuge pour ces personnages farfelus délaissés par leur créateur : la maison de Madame Foster, un vieux manoir que sa propriétaire a converti en un immense orphelinat. Les amis imaginaires de tous les enfants y sont recueillis, et peuvent cohabiter dans la joie et la bonne humeur.
Bloo est une espèce d'ectoplasme bleu créé par Mac, un petit garçon de huit ans. Comme tous les soirs, il sirote tranquillement sa limonade devant un jeu vidéo. Et là, c'est le drame : il assiste impuissant au kidnapping de Madame Foster par les Space Nut Boogies, des envahisseurs venus de l'espace. Ces derniers la retiennent en otage dans une des nombreuses pièces du manoir et réclament en échange "le plus grand trésor de l'univers". Bloo doit donc explorer tous les étages de la maison à la recherche de Madame Foster. Il lui faut aussi convaincre ses amis (imaginaires eux aussi) de lui apporter leur soutien, et ce ne sera pas une mince affaire vu qu'ils semblent tous avoir d'autres préoccupations plus importantes en tête. Vous prenez donc le contrôle de Bloo dans des niveaux en 3D avec vue isométrique. Malgré l'aspect minimaliste de la 3D, les graphismes cartoon mignons comme tout et l'animation réussie donnent l'impression d'évoluer dans un dessin animé. La maison possède 6 niveaux, qui ont chacun leur fonction et leurs environnements particuliers : dortoir, sanitaires, salle de sport... Bloo débute l'aventure dans le dortoir et doit atteindre l'étage inférieur. Pour cela, il faut se débarrasser du monstre qui garde l'escalier, ce qui n'est réalisable qu'avec l'aide d'un autre ami imaginaire (Rex, Eduardo, Wilt ou Coco). Le problème, c'est que ces derniers ne lui apporteront aucune aide avant qu'il n'ait retrouvé leurs objets fétiches, disséminés dans les niveaux.
Vous le comprenez vite : le plus gros morceau du jeu consiste à fouiller de fond en comble chaque étage de la maison à la recherche d'objets cachés. Pour cela, rien de plus simple : Bloo se déplace à l'aide de la croix directionnelle, et une simple pression sur le bouton A suffit à fouiller les différents éléments du décor (armoires, lits, lavabos...), ce qui donne lieu à des animations plutôt amusantes. Bloo peut aussi sauter pour atteindre les endroits les plus élevés ; mais on regrette l'apparition trop tardive de l'ombre au niveau du point de chute, qui rend parfois les sauts difficiles à négocier. Lorsque Bloo a retourné une pièce de fond en comble, une icône sur la carte des lieux (visible sur l'écran inférieur de la DS) lui confirme qu'il peut passer à la suivante. La progression de Bloo se voit toutefois entravée par la présence de caméras de surveillance à esquiver, et de patrouilles de Space Nut Boogies à éviter. Ces derniers peuvent être ralentis par le pistolet à bulles de Bloo, ou distraits en allumant une radio ou une TV à proximité. La plupart du temps, cependant, une simple pression sur le bouton de course suffit à les distancer. De toute façon, si par malheur vous vous faites attraper, il n'y a aucune conséquence puisque Bloo s'échappe et reprend tranquillement son exploration là où il l'avait laissée. Le game over n'est pas au programme, ce qui ôte définitivement tout challenge à ce jeu destiné à l'évidence à un très jeune public (un joueur confirmé le bouclera en moins de trois heures).
Les développeurs ont essayé d'étoffer un peu le gameplay avec l'intervention des amis de Bloo. Dès qu'il leur a rapporté les objets demandés, ces joyeux drilles acceptent de mettre à son service leur capacité particulière (concrètement, vous débloquez une nouvelle capacité à chaque niveau traversé) : Rex arrête le temps, Eduardo défonce les obstacles infranchissables, Wilt attrape les objets haut perchés, et Coco pond des oeufs explosifs. Bien que déjà vu, le principe est sympathique, mais sa mise en oeuvre se révèle bien sommaire. D'une part, vous ne pouvez faire appel à un ami qu'aux endroits où des dalles spécifiques sont présentes sur le sol : l'utilisation des différentes capacités est prédéterminée par le jeu, et n'est au centre d'aucun puzzle ni quoique ce soit qui fasse appel à votre ingéniosité. Elle se limite à vous ouvrir l'accès à des pièces bloquées, à vous permettre d'attraper des objets inaccessibles, ou enfin à vous débarrasser des quelques boss rencontrés. Décevant. D'autre part, l'utilisation des pouvoirs donne lieu à des mini-jeux au stylet, simplistes et sans intérêt. Ils consistent à tracer des traits dans une direction donnée, à faire tourner une roue, ou à suivre une ligne brisée : rien de bien passionnant. Du coup, cet apport ne permet pas de sortir le gameplay d'une certaine indigence : on franchit les niveaux sans réelle conviction, et parvenu au terme du jeu on a le sentiment d'avoir traversé une sorte de tutorial, truffé d'idées prometteuses mais jamais vraiment développées.
Pour conclure, il faut savoir que Imagination Invaders est intégralement en anglais : il n'a bénéficié d'aucune localisation, et fait même figurer le titre original du dessin animé sur la boîte de jeu, alors que celui-ci est diffusé en France depuis 2005. Bravo Midway ! Cela n'empêchera peut-être pas les plus jeunes de jouer, mais cela les privera en tout cas de la dimension la plus convaincante du jeu, à savoir l'absurdité des situations et l'humour omniprésent des dialogues (qui rappellent parfois Day of the Tentacle). Quant aux autres, les joueurs confirmés, ils ne sauront se satisfaire d'un titre qui manque cruellement de contenu, que l'ajout de quelques mini-jeux bonus (dont un remake de Space Invaders) ne suffisent pas à relever.
- Graphismes11/20
La 3D est minimaliste et les environnements un peu dépouillés, mais le style cartoon sied parfaitement au jeu. Quant aux animations, elles sont de bonne facture.
- Jouabilité12/20
La jouabilité, qui alterne contrôles classiques et utilisation du stylet, se révèle satisfaisante. On reprochera juste une certaine difficulté à mesurer la longueur des sauts de Bloo.
- Durée de vie6/20
Trois heures de jeu tout au plus, et un dernier niveau qui pousse le vice jusqu'à vous opposer à nouveau à tous les boss déjà vaincus, dans le seul but de prolonger la durée de vie.
- Bande son12/20
Les thèmes musicaux, plutôt entraînants, sont tout droit issus du dessin animé, et le jeu s'offre même le luxe de quelques voix digitalisées.
- Scénario13/20
Bon, il faut avoir l'esprit sacrément ouvert, mais si c'est le cas (et pour peu que vous maîtrisiez l'anglais) vous apprécierez le délirium ambiant et les dialogues complètement déjantés.
Une grosse déception que ce titre qui paraissait posséder un bon potentiel avec sa réalisation satisfaisante et ses idées de base intéressantes. Mais doté d'un challenge absent et d'une durée de vie ridicule, Imagination Invaders est un jeu que l'on pourrait qualifier d'imaginaire. Tout va bien cependant, puisque le public auquel il s'adresse, celui des moins de 10 ans maîtrisant l'anglais, est lui aussi imaginaire. La sanction, quant à elle, est tout ce qu'il y a de plus réel.