Comme on manque d'idées chez Square Enix, on en vient toujours à la même chose : le remake. Dragon Quest, Final Fantasy, qu'importe puisque ça se vendra quel que soit le support. Toutefois si cette logique financière est aussi évidente que le suricate est le roi des animaux, le point de non-retour semble avoir été atteint avec cette adaptation PSP synonyme de trompe-l'oeil.
Si on ne remettra pas en cause que Final Fantasy a donné naissance à une des plus grandes séries de RPG au monde, le premier segment à la base du mythe fondateur a vieilli, mal vieilli même. Le plus triste dans cette histoire est qu'au lieu de laisser reposer en paix le titre qui sauva Squaresoft de la faillite, la firme nippone ne cesse d'abuser de son Saint-Graal. On en viendrait presque à les plaindre puisqu'au-delà du besoin quasi obsessionnel d'engranger les yens, le joueur fera, lui aussi, les comptes, en jetant un coup d'oeil sur les précédentes versions sorties il y a quelques années.
Ainsi donc, en plus de la version d'origine sur NES, ce titre aura droit à diverses adaptations au fil du temps. On le retrouvera donc notamment sur Wonderswan, au Japon, puis sur Playstation, dans la compilation Final Fantasy Origins qui incluait entre autres choses des cinématiques inédites. En 2004, il répond à nouveau présent par le biais d'une compile incluant une fois encore les deux premiers opus. Si les cinématiques de la mouture PSone sont absentes, on a droit en revanche à des donjons bonus ainsi qu'à une traduction française. 2008, c'est à la PSP d'accueillir l'épisode à la base de tout. Hourra, criera le fan endurci qui entend bien avoir droit à quelque chose d'au moins aussi sympathique que les remakes de Final Fantasy III et IV sur Nintendo DS. Eh bien sûr le fan endurci va vite devoir réviser son jugement puisqu'en sus et place d'un soft utilisant les capacités de la portable de Sony, on nous refourgue un jeu profitant d'un pt'it coup de polish et basta.
De fait, je ne sais pas vraiment ce qui est le plus embêtant : que l'histoire et le système de jeu de Final Fantasy soient simplistes, trop peut-être pour convaincre ou qu'Ubi et Square aient eu l'outrecuidance de nous vendre cet épisode au prix de la compil des deux premiers sur GBA, qui plus est en anglais ! Car oui, après Breath Of Fire III qui avait été proposé dans la langue de Shakespeare sur PSP, alors qu'il fut en son temps traduit sur PSone, c'est au tour de FF de subir ce sort en France. Il s'agit sûrement ici d'une question de droits, la localisation ayant été faite au préalable sur une machine de Nintendo mais si on fait fi de ces considérations, c'est le joueur qui trinque une fois de plus. Bref, si on arrive malgré tout à ne pas se sentir trop lésé, on pourra alors tenter de profiter comme il se doit de l'aventure qu'on nous propose. Mais ici, on constate vite que le poids du temps a fait des ravages.
Le scénario par exemple, se limite à une chasse aux cristaux et à l'éradication du Mal. Les quatre héros, qu'il est possible de choisir au début de l'aventure, n'ont aucune histoire, peu de personnalité et ne sont finalement là qu'en tant qu'avatars à qui il incombe de sauver le monde. En parlant d'eux, sachez que Square avait déjà pensé dès le départ aux jobs. Certes, cela restait limité mais il était tout de même possible de choisir la classe des aventuriers parmi les six choix que sont le Guerrier, le Moine, le White mage, le Black Mage, le Voleur et enfin le Red Mage. A ce sujet, optez plutôt pour une équipe composée des quatre premiers jobs pour une plus grande facilité. Ce n'est pas que celle-ci soit si élevée que ça (cette dernière n'ayant rien à voir avec celle de la version originale) mais il faut tout de même savoir que les premières heures demandent un peu de level-up histoire d'être en paix. Le système de jeu, lui, est confondant de simplicité. Les combats se font au tour par tour et il est possible d'effectuer plusieurs actions comme fuir, attaquer, utiliser un objet, de la magie. Au sujet de cette dernière, il faut savoir que les sorts s'achètent dans des boutiques. Cependant, les mages disposent simplement de huit niveaux et peuvent apprendre trois sorts par niveau. Il faudra alors opter pour les magies qui vous semblent les plus indispensables au tout départ.
Bref, du très classique qui conserve un certain charme d'autant qu'on a droit à tout ce qui fera le succès de la saga comme les différents moyens de transports pour voyager plus vite ainsi que les donjons inédits de la version Gameboy Advance. Pourtant, au delà de ça, Square Enix s'est contenté du strict minimum. Les graphismes par exemple, qui en dehors de magies plus classieuses, ont un aspect poli propre à plusieurs émulateurs et il est toujours aussi difficile de savoir ce qu'on attend de nous. Et quand bien même, lorsqu'on a découvert où aller, il faut constamment ouvrir la mappemonde (à l'aide de la combinaison de touches improbable Rond + Select) pour tenter de se repérer. De plus, si on rajoute une fréquence de combats trop élevée, qui permet néanmoins de gagner facilement des niveaux, on se lasse rapidement de devoir combattre à tour de bras pour atteindre un endroit précis où nous attendent… De nouveaux combats. Finalement, en plus de l'arnaque que constitue le fait de vendre séparément les deux premiers Final Fantasy, le premier segment amuse, ni plus, ni moins. Du coup, on eut préféré pouvoir profiter d'autres RPG bien plus attrayants mais non encore annoncés sur le vieux continent comme Jeanne D'Arc ou la compilation Suikoden I & II. Un jour, peut-être...
- Graphismes9/20
Entre les graphismes de la version PSone et GBA, ceux de la mouture PSP ne rendent pas hommage aux capacités de la console. Néanmoins, les sorts sont plus jolis, quelques effets météo sont visibles et si le tout reste agréable à l'oeil pour qui n'a rien contre ce délicieux parfum de nostalgie, on eut aimé un vrai remake, en 3D par exemple.
- Jouabilité12/20
Très simple à prendre en main, le premier Final Fantasy aura posé les bases de la saga notamment par la présence des jobs qui prendront véritablement leur envol avec Final Fantasy V. Cependant, Square n'a apporté aucune amélioration au système de jeu original. De fait, l'apprentissage de sorts est limité tout comme les combats, la fréquence de ces derniers est trop élevée, on ne peut se déplacer avec le stick et il est difficile de se repérer sur la mappemonde, toujours accessible par une combinaison de touches mal pensée.
- Durée de vie13/20
Le plus difficile dans l'histoire est de savoir où aller, les indications des NPC étant parfois obscures tout comme ce que l'on attend de nous. Bien qu'on retrouve les donjons inédits de Final Fantasy I.II : Dawn Of Souls, il ne vous faudra qu'entre 25 et 30 heures maximum pour en faire le tour. A noter qu'une galerie et un sound mode se débloqueront une fois l'aventure terminée.
- Bande son14/20
La PSP peut se targuer de proposer les mélodies de Uematsu dans une qualité irréprochable. De plus, on appréciera à sa juste valeur des thèmes ou des ambiances musicales qui gagneront leurs galons par la suite.
- Scénario8/20
Peut-on vraiment parler de scénario quand on évoque le tout premier Final Fantasy ? Pas vraiment car à l'exception d'une chasse aux cristaux, le scénario tient dans un dé à coudre. Les héros n'ont pas de passé ni de futur, notre quête est purement matérielle (si je puis dire) et nous nageons ici en plein combat manichéen opposant le bien et le mal.
Si on ne doute pas un seul instant de l'intérêt de cette réédition chez Square Enix, le joueur, en revanche pourra se poser quelques questions. Si sur GBA, on avait eu droit à Dawn Of Souls qui proposait les deux premiers opus en un seul jeu, sur PSP au contraire, il faudra acquérir les deux titres séparément, qui plus est en anglais. Bref, cette version aura du mal à mettre en avant ses qualités pour légitimer son existence surtout après les très bons remakes de FF3 et 4 sur DS.