La sortie des versions PC et PS2 est l'occasion de revenir sur l'extension, déjà disponible sur le XboX Live, de Phantasy Star Universe. Ce dernier n'avait pas fait l'unanimité parmi la communauté des joueurs, certains lui reprochant le manque d'attrait d'un mode solo pourtant annoncé comme le messie. La Sonic Team a donc essayé de rectifier le tir dans Ambition of the Illuminus, qui préserve toutes ses chances en prenant la forme d'un stand-alone.
Pour ce faire, il fallait d'abord satisfaire les joueurs qui reprochaient le manque de charisme de Ethan Weber, le héros que l'on contrôlait dans le mode solo. Qu'à cela ne tienne : dans Ambition of the Illuminus, vous incarnez un personnage créé par vos propres soins, à choisir parmi les quatre races du jeu (Humains, Newmans, Beasts et CASTS) et à personnaliser selon votre goût. Il faut dire que depuis que Ethan est passé du côté obscur de la force, il n'a plus les faveurs de personne, et surtout pas des Guardians : recherché suite à une tentative d'assassinat sur leur président, il semble même s'être rangé du côté des Rogues. C'est ce que vous découvrez dès vos premiers pas dans le mode histoire : alors que vous faites votre apprentissage aux côtés de Laia, votre instructrice chez les Guardians, vous êtes amené à contrecarrer une tentative d'enlèvement de la Grande Prêtresse, orchestrée par les frères Vol et commanditée par... Ethan lui-même ! Plus tard, tandis que vous suivez la piste d'Ethan sur la planète Moatoob, vous tombez sur Magashi, une vieille connaissance. Il fait désormais partie des Illuminus, une organisation fondamentaliste qui a juré d'exterminer toutes les races du système, et prétend qu'Ethan les a rejoints... Qu'en est-il vraiment ?
Ambition of the Illuminus s'inscrit donc dans la continuité de l'épisode précédent, en proposant un scénario classique, mais que l'on suit sans trop de déplaisir. Hélas, on a une nouvelle fois du mal à s'attacher aux différents personnages, qui manquent de profondeur et qui ont des réactions bien trop caricaturales. Autre impasse que ne pouvait sans doute éviter cette extension : incarner un Guardian anonyme en formation est un point de départ sympathique, mais le problème est que cela vous contraint d'occuper un rôle de faire-valoir dans l'espace scénaristique. C'est bien simple : pendant une bonne partie du jeu, c'est Laia qui prend toutes les initiatives, vous disant où aller et quoi faire. Votre personnage subit donc les événements, d'un air détaché et sans mot dire, durant les nombreuses cut-scenes. Du coup, en dépit du soin apporté à la création de votre avatar, il est bien difficile de s'impliquer dans cette histoire qui vous fait jouer les seconds couteaux. De plus, à l'instar de Phantasy Star Universe, son extension laisse peu d'initiatives au joueur. Le système de jeu à l'architecture rigide et obsolète l'enferme dans des missions cloisonnées. Ces dernières consistent en outre en une succession peu réjouissante de portes/monstres/trésors/cinématiques.
Chaque mission est néanmoins l'occasion pour vos compagnons de vous déléguer généreusement le premier rôle : le monster bashing, c'est pour vous ! L'IA n'a en effet guère évolué depuis le premier volet : le comportement de vos coéquipiers est toujours aussi erratique lors des combats (il faut les voir parfois rester plantés sans agir), et il est toujours impossible de leur donner des ordres. Heureusement, les missions principales qui constituent le mode histoire sont plutôt faciles. Hormis quelques boss qui pourront vous poser des problèmes, vous franchirez vite les 10 chapitres de Ambition of the illuminus. A l'issue de chaque chapitre complété, vous débloquez l'accès à une nouvelle planète où vous attendent, aux comptoirs dédiés, plusieurs missions secondaires. Elles se révèlent assez rébarbatives, et sans grand challenge pour peu que vous disposiez d'un bon stock de potions. Vous pouvez donc vous y adonner au levelling si l'ennui ne vous fait pas peur, ainsi qu'y glaner quelques Mesetas et un meilleur équipement.
Les mécanismes de jeu n'ont que peu bougé depuis l'épisode précédent. Votre personnage progresse toujours sans que vous ayez beaucoup d'influence sur son évolution, hormis le choix de la classe (Hunter, Ranger, Force, ainsi que d'autres types en multijoueur) qui influe sur les statistiques et restreint l'accès aux armes et aux techniques disponibles. C'est d'ailleurs dans la gestion de l'équipement que l'on trouve les véritables possibilités de customisation de son avatar. Grâce à l'intégration de photons, les armes peuvent disposer de coups spéciaux détonants. Durant les affrontements, qui se déroulent en temps réel, vous pouvez effectuer des attaques au contact ou à longue distance (via un zoom peu pratique). Vous disposez également des classiques TECHNICS portées avec les armes modifiées, ainsi que de la possibilité d'effectuer des combos en respectant un certain timing entre vos coups. Le système d'esquive a été revu, et se couple désormais d'une opportunité de contre-attaque. Enfin, pour tromper l'ennui entre deux missions, de nombreuses boutiques sont à votre disposition, avec de quoi vêtir votre personnage à votre goût, ainsi que des éléments de décoration pour votre chambre. Dans cette dernière, vous retrouverez l'indispensable petite boîte de conserve qui peut stocker vos possessions ou encore synthétiser des objets à l'aide des cartes et des matériaux récupérés.
On a toutefois vite fait le tour des possibilités de Ambition of the Illuminus. Il faut alors se tourner vers le mode multijoueur pour comprendre que, une fois de plus, son intérêt est bien supérieur à celui de l'aventure en solo. Le jeu en groupe est nettement plus motivant, ne serait-ce que pour bénéficier enfin de "vrais" équipiers et pouvoir mettre en place des stratégies lors des combats. On regrette toutefois que la complémentarité entre les joueurs ne soit pas plus poussée. Au rayon des reproches, il est dommage de ne pouvoir bénéficier de son personnage solo dans le mode multi. Cette restriction, qui était bien compréhensible dans Phantasy Star Universe (Ethan étant la seule option en solo) l'est beaucoup moins dans cette extension. Elle entretient de surcroît un problème récurrent : les serveurs sont actuellement remplis de joueurs de haut niveau (transfuges du jeu original), et il semble particulièrement difficile de trouver un groupe adapté pour débuter. Mais gageons que ce dernier aspect soit amené à évoluer, en fonction du succès rencontré par l'extension.
Il faudra pour cela que les nouveaux venus passent outre une réalisation technique loin d'être à la hauteur. Certes, Ambition of the Illuminus n'est guère plus attirant sur consoles new-gen, mais on sait la PS2 capable de bien mieux. Le jeu n'est pas dénué de tout sens esthétique, mais il souffre d'un manque de polygones et de textures fades qui le rendent visuellement peu attrayant. En outre, la rigidité de l'animation renforce l'aspect anguleux des personnages. Sans compter que tout le monde n'appréciera pas le character design kitsch et bigarré. Mais ce qui nuit sans doute le plus à l'aspect graphique est l'aliasing toujours aussi omniprésent et bien trop prononcé. Quant à l'ambiance sonore, elle n'a guère évolué non plus : peu d'effets sonores, des thèmes musicaux qui manquent de dynamisme, et quasiment pas de voix dans le jeu. Heureusement, la jouabilité se révèle satisfaisante : l'interface remplit plutôt bien son office et le pad PS2 procure un bon confort de jeu. Cette extension reste donc agréable à jouer ; on se demande simplement quand Sega se décidera une bonne fois pour toutes à dépoussiérer sa licence, qui a pris un sacré coup de vieux.
- Graphismes9/20
Bien que l'on soit sur PS2, on ne peut s'empêcher de penser que l'aspect visuel est loin de tirer parti au maximum des capacités graphiques de la console. Le moteur 3D est vieillissant, les personnages et les décors manquent de polygones, alignent des textures fades et sont truffés d'aliasing. Enfin, le style "particulier" des personnages en rebutera de nouveau plus d'un.
- Jouabilité13/20
L'interface est plutôt bien pensée, malgré une certaine lourdeur dans la navigation. Une palette permet de changer facilement d'équipement en cours de combat. On regrette cependant que l'IA soit toujours aussi imparfaite, rendant les missions solos peu attractives.
- Durée de vie14/20
Bien que les chapitres s'enchaînent plus vite que dans le jeu original, le mode histoire de cette extension procure son lot d'heures de jeu. Mais nul doute qu'avant ce terme, vous vous serez déjà tourné vers le mode multijoueur afin d'en relancer l'intérêt. De nombreuses nouvelles missions vous y attendent, et c'est quand même plus fun à plusieurs.
- Bande son10/20
Plutôt agréables à l'oreille, les thèmes musicaux manquent cependant de pêche. Une austérité sonore renforcée par l'insuffisance de bruitages et l'absence de voix dans les phases de dialogues. A noter que les scènes cinématiques ne sont toujours pas doublées en français.
- Scénario9/20
Bien que très (trop) classique, l'histoire propose son lot de rebondissements. Mais les personnages manquent d'épaisseur, et le peu d'initiatives laissées au joueur nuit à son immersion dans l'univers.
Difficile de porter un avis objectif sur Phantasy Star Universe : Ambition of the Illuminus, qui continuera à partager la communauté des fans de la série. Certains jugeront le système de jeu simpliste, d'autres argueront qu'il suffit à la tâche. Le débat se prolongera également sur des aspects aussi divers que le scénario ou le character design. Ce qui est certain, c'est que cette extension ne propose que peu de nouveautés, se contentant d'étoffer son contenu sans toucher au gameplay ni proposer de réelle mise à jour graphique. Il serait temps pour Sega de rafraîchir pour de bon cette franchise vieillissante.