Initiée depuis plus de vingt ans maintenant, la série des Akumajô Dracula, ou Castlevania en Occident, célèbre son entrée en scène sur PSP au moyen d'un épisode qui fait figure d'hommage à toute la saga. The Dracula X Chronicles réunit pas moins de trois épisodes : la version originale de Rondo of Blood inédite en Europe, son remake exclusif à la PSP et le fameux Symphony of the Night considéré par beaucoup comme le meilleur Castlevania de tous les temps. Autant dire que ce cadeau est une véritable bénédiction pour les inconditionnels que nous sommes.
Dans les terres désolées de Transylvanie, une légende raconte que tous les cent ans, le seigneur du mal connu sous le nom de comte Dracula renaît de ses cendres et se relève de son cercueil pour semer la désolation sur le pays. Depuis des générations, le clan Belmont est condamné à lutter indéfiniment contre cette menace que seuls les détenteurs du fouet légendaire connu sous le nom de Vampire Killer ont le pouvoir d'enrayer. Un destin funeste qui relève de la malédiction, mais auquel doit pourtant se plier le brave Richter Belmont s'il veut empêcher le seigneur des vampires de sacrifier sa bien-aimée.
Disponible pour la première fois en dehors du Japon grâce à cette version PSP, Castlevania : Rondo of Blood (ou Chi no Rondo en VO) a donc servi de matière première à l'élaboration de ce remake. La version originale, que l'on peut débloquer en bonus, est sortie en 1993 sur PC Engine TurbograFX et compte parmi les plus recherchées par les collectionneurs. Sa difficulté n'a d'égal que l'efficacité de son level-design, sans oublier la qualité des compositions musicales dont les thèmes seront maintes fois repris par la suite. L'histoire se déroule à la fin du XVIIIème siècle et met en scène le personnage de Richter Belmont dans des niveaux d'action/plates-formes typiques des premiers volets de la série. Si l'épisode Symphony of the Night est également proposé en bonus ce n'est pas un hasard puisqu'il constitue la suite directe de Rondo of Blood et prend place cinq ans plus tard. Richter cède alors le rôle principal au célèbre Alucard, mais le chasseur de vampires n'en est pas moins présent dans le jeu, tout comme son acolyte Maria Renard qui n'est autre que le second personnage jouable à débloquer dans les deux épisodes.
Mais revenons au remake de Rondo of Blood par lequel vous serez forcément obligé de commencer si vous voulez déverrouiller le jeu en version originale et l'opus Symphony of the Night. Le retour au concept du Castlevania à la sauce action/plates-formes se révèle assez délicat dans la mesure où les derniers titres sortis nous ont plutôt habitués à un gameplay plus ouvert et beaucoup moins old-school. Linéaires et difficiles, les niveaux recèlent de pièges et ce ne sont pas les occasions qui manquent pour faire une chute mortelle ou périr sous les attaques répétées d'ennemis beaucoup plus vifs que vous. En dépit d'une panoplie de mouvements limitée, Richter doit se débrouiller avec son fouet et ses armes secondaires pour déjouer la configuration pernicieuse du level-design. Retrouver le gameplay old-school d'un Castlevania à l'ancienne pourra s'avérer rebutant pour les néophytes, mais les fans de la série y retrouveront au contraire toute la nostalgie des épisodes 8 et 16 bits. Les réflexes reviennent heureusement très vite et on ne s'étonne plus de découvrir des viandes cachées dans des portions de murs ou des coeurs à l'intérieur des torches. Le maniement du fouet n'avait d'ailleurs pas la souplesse de celui de l'épisode Super Nintendo, et chaque coup devait donc être soigneusement calculé en anticipant sur les déplacements parfois très rapides des squelettes, chauves-souris et autres créatures gothiques peuplant les niveaux.
Cet opus avait néanmoins la particularité de proposer des stages qui regorgeaient de passages secrets pouvant déboucher sur des embranchements alternatifs. Aux huit stages de base s'ajoutent ainsi quatre niveaux supplémentaires pas faciles à débloquer et encore moins à terminer. Sur PSP, on dispose tout de même d'une fonction de sauvegarde rapide et d'un plan du château qui permet d'atteindre directement n'importe quel stage déjà visité. Un bon moyen de faciliter le retour dans les niveaux pour que le joueur puisse les explorer minutieusement afin de découvrir l'ensemble des secrets qu'ils renferment. Tous ces bonus sont bien sûr optionnels mais ils relancent grandement l'intérêt du soft et sont pour la plupart exclusifs à ce remake. Dans sa quête pour sauver Annette, Richter devra libérer deux autres jeunes filles, ce qui lui permettra d'acquérir le pouvoir de franchir certaines barrières magiques. Les portes scellées ne peuvent s'ouvrir qu'à l'aide d'une clé qui s'utilise comme une arme secondaire et que vous ne devrez donc pas perdre en cours de route. On peut d'ailleurs rappeler que chacune de ces armes possède une fonction spéciale qui permet généralement de tout ravager à l'écran. Les items les mieux cachés restent quand même les notes de musique qui donnent accès ensuite à la totalité des BGM, les thèmes de Rondo of Blood faisant sans aucun doute partie des meilleurs de toute la série.
Si vous avez trouvé le moyen de la libérer dans le stage 2, Maria Renard viendra se battre aux côtés de Richter en tant que second personnage jouable. Vous pourrez alors parcourir n'importe quel niveau avec elle, sachant que son double saut, sa glissade, son tir de colombes et sa rapidité facilitent grandement l'exploration du jeu. Maria dispose même d'une attaque spéciale très puissante qui requiert une combinaison de touches à la Street Fighter. Présente également dans la version originale ainsi que dans Symphony of the Night, Maria offre une autre approche du gameplay et permet ainsi de redécouvrir le jeu dans de nouvelles conditions. Concernant les à-côtés, on retrouve évidemment le fameux Boss Rush qui vous propose de défier tous les boss à la suite, mais aussi le mode Technic (Démo Boss en VF) qui vous révèle comment battre chacun des boss sans vous faire toucher, moyennant tout de même une certaine quantité d'or à débourser. A noter que le système d'embranchements implique que chaque niveau débouche forcément sur deux boss différents.
Outre son lifting graphique, la version PSP de Rondo of Blood profite de nouvelles cut-scenes qui se traduisent par des animations en 3D précédant généralement l'arrivée des boss. Bien que conservant le même level-design, les niveaux s'avèrent toutefois légèrement plus faciles et ont été sujets à quelques petites modifications. La présence du jeu en version originale permet d'ailleurs de comparer les deux au pixel près et d'apprécier les améliorations apportées. Les puristes auront même le plaisir de revoir l'introduction d'époque, et même dans le prologue du remake la voix off en allemand a été conservée pour renforcer l'immersion. Dans l'ensemble, les changements opérés ont donc le mérite de faire évoluer le jeu dans le bon sens, tout en ne dénaturant pas l'esprit du soft original.
Profitons enfin de ce test pour dire quelques mots sur Symphony of the Night, développé à l'origine sur PSOne et Saturn. Pour de multiples raisons, ce titre a été élevé au rang d'épisode cultissime par les fans de la série Castlevania, et l'engouement qu'il suscite est amplement mérité. Le retrouver en bonus dans cette compilation PSP est donc un cadeau assez fabuleux, même si l'image n'est pas en plein écran et qu'elle ne rend pas totalement justice à la qualité visuelle du soft. Il faut surtout retenir que Symphony of the Night a marqué un tournant brutal dans l'orientation de la saga, délaissant les niveaux de plates-formes/action pour une aventure entièrement libre et calquée sur le principe de Metroid. Concrètement, c'est cet épisode qui a instauré le concept du château immense à découvrir salle par salle comme un immense labyrinthe. La plupart de ses successeurs reprendront d'ailleurs ce principe caractérisé par une progression libre, un gain d'expérience pour le personnage principal, des capacités évolutives et un inventaire pouvant accueillir un grand nombre d'armes différentes. Cet opus proposait même d'explorer le château dans les deux sens pour le terminer à plus de 200%, et de refaire l'aventure avec Richter, Maria ou sous la forme d'un Axe Armor. A lui seul, Symphony of the Night rallonge donc la durée de vie d'une bonne douzaine d'heures et sa présence devrait suffire à convaincre les plus hésitants d'investir sans plus attendre dans cette superbe compilation.
- Graphismes16/20
L'aspect visuel de Rondo of Blood a été complètement remanié pour offrir un rendu magnifique. La présence du remake permet d'ailleurs de bien se rendre compte des améliorations apportées, même s'il n'est pas jouable en plein écran. De nouvelles animations font leur apparition pour mieux mettre en scène l'arrivée des boss.
- Jouabilité15/20
Afin de rendre hommage au titre original sans le dénaturer, les concepteurs se sont efforcés de ne pas retoucher aux mouvements de Richter, et les modifications apportées au niveau du level-design sont mineures. Le gameplay old-school est donc restitué intact, même si le soft se révèle plus facile à traverser dans le remake que dans l'original. La présence de Maria renouvelle d'ailleurs considérablement les sensations de jeu.
- Durée de vie16/20
De par sa difficulté redoutable et ses multiples embranchements, Rondo of Blood n'est pas de ces jeux qui se terminent rapidement, surtout si vous comptez terminer à 100% les deux versions. La présence en bonus de l'épisode Symphony of the Night rallonge à elle seule la durée de vie d'une bonne douzaine d'heures.
- Bande son17/20
Les musiques de cet opus sont très certainement les meilleures de toute la série et ses thèmes seront d'ailleurs maintes fois repris dans les opus ultérieurs. Celles de Symphony of the Night n'ont pas grand-chose à leur envier et on a la possibilité d'opter pour les voix anglaises ou japonaises.
- Scénario15/20
Le scénario de Rondo of Blood et celui de Symphony of the Night sont étroitement liés puisque ce dernier se déroule cinq ans après, d'où sa présence dans cette compilation. Il est d'ailleurs particulièrement intéressant d'analyser l'évolution des personnages entre ces deux volets.
Il aura fallu attendre près de quinze ans et cette version PSP pour découvrir l'épisode Rondo of Blood qui était resté inédit en Occident. Proposé à la fois en version originale ou sous la forme d'un remake de très belle facture, le titre se range parmi les Castlevania à l'ancienne et pourra donc surprendre par son gameplay old-school et sa difficulté parfois rebutante. Pour autant, le soft n'a rien perdu de sa superbe et de son efficacité, mais la présence inespérée de Symphony of the Night en bonus lui fait cruellement de l'ombre.