Ne me dites pas que vous n'avez jamais entendu parler d'Alvin et de ses deux compères, Simon et Théodore ? Mais si, vous savez bien, ces étranges créatures mi-hommes mi-écureuils nommées Chipmunks, directement sorties de la fin des années 50 pour nous chanter des berceuses de leurs voix stridentes. Et sans doute les avez-vous entendus s'époumoner dans les couloirs de votre cinéma favori ces dernières semaines, puisque les bougres viennent tout juste de faire leur grand come-back. Mais qui dit film, dit souvent jeu vidéo, et malheureusement, c'est là que les choses prennent une bien mauvaise tournure.
Afin de rendre un vibrant hommage au trio poilu, grand consommateur d'hélium devant l'éternel, la PS2 accueille un nouveau jeu de rythme dans lequel on devra battre la mesure à tout bout de champ, et jusqu'à ce que mort s'ensuive. Reprenant très maladroitement l'histoire et l'univers dépeints dans le film par le biais de quelques images fixes et de dialogues insipides, cette nouvelle galette a tout de même le mérite de délivrer un fond sonore relativement consistant. Vos petites oreilles profilées pourront donc être bercées au son d'une trentaine de morceaux connus et "embellis" par les douces voix nasillardes des Chipmunks. On découvre ainsi avec plaisir, un petit Alvin remplaçant pour un temps Michael Stipe dans "Shiny Happy People" ou B52 dans "Love Shack". On y trouvera également "I'm Gonna Be", "All The Small Things", "It's Tricky", "Walking On The Sun", "I Fought The Law", "You Really Got Me" ou "Video Killed The Radio Star", entre autres. Cela dit, même si la qualité sonore est bien là, je doute quand même que des individus sains d'esprit supportent les couinements des Chipmunks plus de dix minutes d'affilée. Mais au moins, de ce côté-là, on ne pourra pas reprocher au soft de ne pas faire honneur à l'étonnante performance vocale d'Alvin le rockeur. Le reste, vous vous en doutez bien, est une affaire de goût.
Alvin Et Les Chipmunks propose donc aux mélomanes avertis que vous êtes de traverser les Etats-Unis pour donner une série de concerts et ainsi obtenir le statut de superstar intersidérale. Et nous voilà partis pour des sessions rythmiques pour le moins mollassonnes. Plutôt que de voir les notes descendre du haut de l'écran comme dans la plupart des jeux de rythme, celles-ci surgissent du centre de l'écran et se dirigent, en fonction de leur couleur, vers l'un des coins de l'écran. Votre pénible tâche consistera alors à presser le bouton correspondant à chaque coin de l'écran au bon moment. Dans le cas de la Wii, il faudra en plus agiter la Wiimote ou le Nunchuk, ce qui franchement, rend le jeu encore plus navrant et inintéressant que sur les autres supports, si cela est possible. D'autant que quel que soit le niveau de difficulté choisi, le soft est d'une facilité déconcertante et se contente de vous lâcher de plus en plus de notes au visage, dans l'espoir que cela suffise à vous divertir. Si vous parvenez à respecter le timing de la chanson, vous serez alors en mesure de réaliser des combos dispensateurs de nombreux points bonus. Points qui n'auront d'ailleurs pas d'autre utilité que celle de gonfler votre ego déjà démesuré. Chaque chanson impose bien évidemment son propre rythme, plus ou moins frénétique, mais au bout de deux ou trois morceaux, la lassitude finit inévitablement par s'installer. Car c'est un fait, le jeu ne fait rien pour varier les plaisirs, et ce gameplay primaire reste totalement inchangé tout au long du jeu.
Cet insupportable vide vidéoludique déteint en plus sur la tenue graphique du soft, également médiocre. Rater un note, ou au contraire parvenir à sortir une série de 150 à la file, n'a effectivement pas la moindre influence sur les Chipmunks qui, quoi que vous fassiez, continueront de se trémousser lamentablement en arrière-plan, sans lien véritable avec le morceau en cours. Dépité, proche de l'overdose, le joueur cherchera peut-être à se consoler en défiant un ami en écran splitté (sauf sur PC, où le mode multijoueur est tout simplement passé à la trappe). Mais là encore, rien n'est fait pour pimenter cette odyssée musicale grinçante. Pas de bonus à jeter dans les pattes de l'adversaire ni d'autres joyeusetés. On devra simplement marquer plus de points qu'un adversaire, qui finira lui aussi mortifié par tant de platitude. Bref, si l'idée de créer un jeu de rythme mettant en scène les Chipmunks avait de quoi séduire les fans, se retrouver avec un tel chaos de pixels entre les mains n'a rien de réjouissant. Alvin et les Chipmunks viennent donc rejoindre les rangs déjà bien garnis des adaptations de films sans aucun intérêt et qui ne doivent leur existence qu'à la volonté de tout un tas de bonshommes en costume de nous déposséder de nos petites économies. Un titre à éviter.
- Graphismes6/20
Des Chipmunks à-peu-près correctement modélisés se trémoussent de manière complètement indépendante de vos performances ou de la chanson en cours, sur des scènes hideuses et sans âme. Difficile de faire moins sexy.
- Jouabilité5/20
Un concept basique et sans saveur répété encore et encore, jusqu'à l'overdose. Rien n'est fait pour renouveler l'expérience ou apporter ne serait-ce qu'un peu de variété au titre. On appuie sur les boutons ou on secoue faiblement Wiimote et Nunchuk en attendant que ça se passe.
- Durée de vie8/20
Avec une trentaine de chansons qu'on débloquera en une heure ou deux et aucun bonus à déverrouiller, le jeu se montre vraiment chiche en matière de contenu.
- Bande son14/20
Si la qualité sonore est bien au rendez-vous, supporter les petites voix des Chipmunks demande tout de même beaucoup de courage. En dehors de ça, le jeu ne propose aucun bruitage digne de ce nom et semble donc très dépouillé, voire même oppressant.
- Scénario/
Si votre plus grand plaisir consiste à écouter des écureuils chanter des chansons populaires de leurs petites voix suraiguës, alors peut-être jetterez-vous un oeil à cette galette. Mais au-delà du plaisir tout relatif que procurent nos interprètes à fourrure pendant quelques minutes, on découvre un jeu sans grande profondeur ni intérêt, et qui souffre de surcroît d'une présentation et de graphismes indignes du support. Un soft à louer par pure curiosité malsaine.