Nintendogs nous en a déjà apporté la preuve, les boules de poils virtuelles ont de beaux jours devant elles. Point de nourriture à acheter quotidiennement, pas de souris éviscérées sur le tapis persan du salon, ni de petites surprises odorantes plus ou moins bien ensevelies dans la litière. Conscient des avantages de proposer un chaton de pixels à des ménagères ou des petites filles demandeuses et presque déjà conquises, le studio Yukes nous propose d'adopter ses Catz dans ce qui s'apparente plus à un petit jeu d'aventure qu'à un titre de gestion canine.
Cette première version Wii de Catz semble tout de même arriver avec un sacré retard, car cela fait déjà quelque temps que les bestioles répandent leurs phéromones et se font les griffes sur nos PC et nos DS. La franchise est d'ailleurs assez ancienne, puisqu'en 1995, la série des Petz, dont Catz n'est qu'une déclinaison, s'invitait déjà sur nos PC, pour venir ensuite uriner sur les portes de nos massives Gameboy. Mais au fond, cet étrange retard s'explique aisément dès lors que l'on insère la galette dans la console. En effet, le concept inspiré de Nintendogs auquel les différentes moutures de Catz nous avait habitués, a en fait subi un sérieux relooking. Ici, il ne sera absolument plus question de se choisir un chat dans le seul but de le dresser à grands coups de câlins et de bains moussants. Non, Catz se présente davantage sous la forme d'un jeu d'aventure dans lequel on suivra les pérégrinations d'un petit chaton désireux d'aider tous les habitants en détresse de l'île qu'il habite.
Le seul rapport avec les autres versions de Catz est qu'on vous laissera tout de même choisir votre animal parmi une bonne quarantaine de tueurs de rongeurs. De l'abyssin à l'américain à poil court, en passant par l'ocicat, le ragdoll ou le siamois, tout est là pour étancher votre soif de griffures. Une fois votre choix effectué, vous vous retrouverez bien vite plongé dans une aventure rocambolesque à base de chapeau magique et de grand méchant loup avide de destruction. Sans trop en dévoiler sur le scénario atypique de ce Catz nouvelle formule (car faut pas gâcher), sachez tout de même qu'il y sera question de crédulité, de repentance, de morale enfantine et surtout de conversations interminables entre les nombreux protagonistes. Le terme "conversation" ne semble d'ailleurs pas très approprié pour décrire ces lignes et ces lignes de texte insipide ponctués par les pitoyables "miaou" des habitants poilus de ce petit monde. C'est là l'un des principaux écueil de ce titre pourtant destiné à un jeune public. On peut effectivement se demander si les plus petits accepteront sans rechigner ces incessantes séquences de parlotte qui peuvent parfois durer plus de 5 minutes. Catz impose donc dès le début un rythme très particulier, très lent et même haché par de courts mais nombreux chargements.
Quant à l'aventure en elle-même, il s'agira avant tout d'évoluer sur l'île des chats et de réaliser un bon nombre de quêtes afin d'aider la population à se débarrasser du méchant local. Ces missions prennent généralement deux formes distinctes : la recherche d'un objet précis ou le mini-jeu. Dans tous les cas, le chemin est clairement balisé et il sera donc impossible de se perdre ou même de partir explorer librement les différentes régions de l'île. L'idée ne serait pas mauvaise si les développeurs n'avaient pas opté pour un système de contrôle reposant exclusivement sur la Wiimote. Exit le Nunchuk et son joli stick si pratique pour les déplacements. Non, dans Catz, il vous faudra orienter un curseur en pointant l'écran, et le chat de batifoler gaiement dans la direction indiquée. Et malheureusement, force est de constater que ce système rajoute encore un peu plus de lourdeur au gameplay alors qu'il ne se destinait sans doute qu'à simplifier les contrôles. Dans les faits, on passe son temps à s'emmêler les pinceaux dans le décors et à recentrer une caméra presque entièrement manuelle.
En plus de ces soucis de prise en main (particulièrement gênants lors des mini-jeux de courses), le soft souffre également d'un manque flagrant de variété. On s'aperçoit en effet rapidement que toutes les missions du jeu se ressemblent énormément. Il y sera presque toujours question de collecter des objets divers, même si le contexte change. Quant aux mini-jeux, on en fera également très vite le tour : pécher des poissons, capturer des insectes, faire quelques courses, creuser quelques trous, tout ne demande aucun effort particulier et se révèle vite ennuyeux. Même le plaisir tout relatif d'évoluer occasionnellement dans de vastes zones infestées de monstres inoffensifs (s'en rapprocher et miauler suffit généralement à les faire s'évanouir) finit par s'effriter rapidement. Bref, malgré son interface empruntée à un jeu de rôle, ses boutiques, ses nombreux objets à collecter et son apparente richesse, Catz finit bien vite par se mordre la queue.
- Graphismes9/20
Les frimousses de nos petits amis ont beau être craquantes, le manque de variété des décors et la pauvreté des textures ne font pas véritablement honneur à la Wii.
- Jouabilité8/20
Catz se joue uniquement à la Wiimote, pour notre plus grand désespoir. Les déplacements y sont imprécis et on finit toujours par buter contre un bout de décor. La caméra n'arrange rien puisqu'il vous faudra la recentrer manuellement toutes les dix secondes. Mais au-delà de ces considérations bassement matérialistes, Catz souffre surtout de son manque de variété et d'un rythme extrêmement lent.
- Durée de vie9/20
Terminer l'aventure ne prendra guère plus de 5 ou 6 heures au joueur, et ce malgré la profusion de dialogues mollassons. Quant à la possibilité d'affronter un autre joueur lors des mini-jeux, elle se révèle plutôt anecdotique.
- Bande son9/20
Si les musiques guillerettes collent bien à l'univers baigné de sucre et de douceur des Catz, on ne pourra pas en dire autant des pitoyables aboiements qui ponctuent généralement les dialogues. Dialogues qui apparaissent d'ailleurs sous la forme de textes et qui ne bénéficient donc pas de doublages.
- Scénario10/20
Un contenu étrange pour une jaquette qui laisse à penser qu'on aura affaire à un soft dans la veine de Nintendogs et des précédents Catz. Il s'agit en fait de l'histoire classique d'un grand méchant qui joue de la naïveté des héros pour mettre en marche ses plans machiavéliques. C'est enfantin, étrange, mais étonnamment rafraîchissant.
Ne vous laissez pas abuser par l'apparence vaguement trompeuse de la jaquette de Catz. Le soft n'est nullement un jeu de gestion féline dans la veine de Nintendogs ou des précédents opus de la série, mais se présente plus comme un petit jeu d'aventure saupoudré de mini-jeux. Une aventure qui pêche d'ailleurs par sa répétitivité, la lourdeur de sa narration et ses contrôles déséquilibrés. Un achat à ne considérer que si vous vous trouvez en manque absolu de petites moustaches frémissantes.