Je dois avouer avec une honte non dissimulée que les Power Rangers font défaut à ma culture télévisuelle : mes derniers souvenirs de Sentaï remontent plutôt à Bioman, dont je ne peux dissocier l'image de Bernard Minet poussant la chansonnette dans un magnifique collant bleu. Disney Interactive me permet de combler cette lacune en me laissant incarner les Power Rangers des différentes saisons de la série TV dans Power Rangers Super Legends. Et quoi de mieux qu'un bon beat'em all des familles pour fêter dignement le 15ème anniversaire de cette incontournable série ? Il reste que le test de ce genre de jeu nécessite une adhésion sans concession à l'univers très kitsch et un tantinet manichéen, dans lequel je me plonge sans plus attendre.

Je démarre le jeu dans la peau d'un Power Ranger noir. Malgré la cinématique d'introduction, je n'ai pas très bien compris ce que je fais dans cet environnement égyptien. Tout ce dont je suis sûr, c'est que je suis un gentil. Mon pyjama noir et blanc symbolise d'ailleurs la dualité de ma personnalité : super sympa avec les gentils, mais impitoyable envers les méchants. Et comme les affreuses créatures cel shadées qui s'avancent vers moi ne ressemblent pas précisément à l'idée que je me fais d'honnêtes gens, je suppose qu'elles doivent appartenir à ces forces du mal qui ne cessent de vouloir envahir la Terre. Ça tombe bien : ne suis-je pas là pour la protéger, cette fichue Terre ? Alors allons-y, place à l'action ! J'ai à ma disposition une panoplie de coups tous plus meurtriers les uns que les autres : je peux frapper mes ennemis, les saisir et les projeter, parer leurs coups, tirer dessus avec mon pistolet-laser... Comme dans tout bon beat'em all qui se respecte, j'ai aussi la possibilité de lâcher un super-coup dévastateur une fois la jauge de combo remplie. Pas de doute, je suis un super-gentil accompli. Par contre, quelques minutes de combat me suffisent à comprendre pourquoi les méchants sont si méchants : c'est parce qu'ils sont bêtes ! Il n'y a qu'à les voir foncer vers moi sans aucune coordination, ou continuer à frapper dans le vide alors que j'ai déjà bondi derrière eux pour les prendre à revers. Oh, il m'arrive bien à moi aussi de commettre quelques erreurs. Mais comme tous les super-gentils, je suis immortel : si je mords la poussière, je réapparais aussitôt dans un halo de lumière, regonflé à bloc et prêt à en découdre à nouveau.

Au fil des environnements traversés (ruines égyptiennes, hangars futuristes, bas-fonds urbains...), je rends donc inlassablement la justice sans que rien ni personne ne parvienne à m'arrêter. Hormis quelques mécanismes à activer, quelques pièges à éviter ou encore quelques caisses à détruire pour récupérer divers bonus, ma progression est faite d'une succession de combats ininterrompus. Ça tombe bien, c'est ce que je sais faire de mieux. Non qu'un Power Ranger ne connaisse pas les joies de l'esprit : d'ailleurs, tout au long des niveaux parcourus, je m'efforce de récupérer les lettres du mot "RANGER" disséminées çà et là, et qui me permettront de débloquer de nouveaux pyjamas pour varier les plaisirs et terroriser les méchants. Ces derniers, par contre, ne se renouvellent pas beaucoup, exception faite du super-méchant qui vient régulièrement me compliquer un peu la tâche. Il ressemble aux autres, sauf que lui me gratifie d'un petit discours avant de taper : "Rhaaa... Hahahaha !". Bon j'avoue qu'il n'est pas beaucoup plus prolixe que les autres ; en tout cas il se jette sur moi avec une certaine conviction. Et comme c'est un chef, et qu'il est très courageux, il en profite pour appeler d'autres méchants pour l'épauler. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que je peux moi aussi faire appel à un ami : un autre Power Ranger, tout comme moi, mais d'une couleur différente. En tout cas, il tape aussi fort que moi, et à deux c'est bien plus marrant. Enfin, ça l'aurait sans doute été davantage si l'on avait pu effectuer quelques mouvements combinés. En l'état actuel des choses, l'ennui nous gagne vite. Heureusement que de temps en temps, avec mon copain Power Ranger, on saute dans le grand robot pour combattre de gigantesques démons sortis des entrailles de la Terre. Et là, ça change du tout au tout : on ne se bat plus directement, mais on doit reproduire le plus vite possible la séquence de boutons indiquée par le jeu, afin de développer de la puissance et de prendre l'avantage. Jusqu'à ce qu'enfin, la victoire sur les forces du mal soit complète. Mission accomplie !