Après avoir fait sensation en Europe, sur PS2 en 2004, Disgaea revient sur la portable de Sony quelques années plus tard. Si l'on excepte le côté "copier-coller" de l'ensemble avec ce que ça implique de problèmes non résolus, Afternoon Of Darkness conserve malgré tout cette part de magie lui donnant peps, humour et technicité.
Tout commence lorsque le prince Laharl se réveille d'un très long sommeil et apprend que son père est mort en laissant le royaume démoniaque de Netherworld en proie à de viles turpitudes. Ainsi, accompagné de votre charmante acolyte, Etna, vous allez devoir remettre de l'ordre dans tout ce foutoir en parcourant votre royaume de long en large pour y effectuer moult batailles qui seront autant de preuves de votre pouvoir légitime. Si le scénario n'est pas très développé en soi, l'humour véhiculé par le titre est bien réel. On saluera à ce titre le doublage américain, vraiment très bon, avec des voix appuyées, très Tex Avery dans l'âme, qui arriveront sans peine à vous faire décrocher des éclats de rire. Sachez également que la version PSP intègre les voix japonaises qui sont au moins aussi bonnes que leurs consoeurs américaines.
L'aventure, elle, débute dans notre propre château et nous oblige à y revenir à intervalles réguliers pour soigner, moyennant finances, nos personnages blessés ou morts au cours d'un combat, à acheter des pièces d'équipement, à créer nos propres troupes, etc. Le jeu se dote de 14 épisodes (chacun étant constitué de batailles obligatoires) présentés tels des segments d'un dessin animé. Côté chiffres, 150 classes de personnages se côtoient et si plusieurs héros issus d'une même caste se ressemblent inévitablement, il n'y a aucun doute quant à la qualité fabuleuse des sprites 2D tant pour ce qui est de la minutie du détail de chacun d'entre eux, des couleurs pastel utilisées ou de l'influence de la japanime. En substance, Disgaea est un des RPG tactiques les plus innovant qu'il m'ait été donné de voir et propose un système de jeu fouillé et demandant énormément de concentration afin d'être apprécié à sa juste valeur.
Ainsi, après avoir été parachuté sur la surface de combat, vous aurez dans un premier temps à choisir vos combattants. Vous devrez ensuite assigner des ordres à ces derniers (attaquer, lancer un sort, se défendre...) et attendre que l'ennemi fasse de même. Jusque-là rien de bien novateur, le principe étant commun à quasiment tous les RPG tactiques. Pourtant, la première astuce veut que vous puissiez faire jouer vos héros de deux façons, soit en déplaçant un personnage et en lui faisant effectuer une action, soit en plaçant tous vos combattants, en rentrant les ordres voulus et en réalisant toutes les actions à la suite. A ne surtout pas négliger car vous pourrez alors faire en sorte d'encercler un ennemi, placer un combo ou effectuer des attaques groupées en faisant attention à ne pas gâcher un tour d'action. Prenons par exemple un ennemi avec très peu d'HP. Il ne servira à rien de mettre quatre personnages autour de lui et d'exécuter un ordre global puisque vous serez quasiment assuré de le tuer après un ou deux coups, les deux derniers personnages perdant dans ce cas de figure toute utilité et par la même un tour d'action.
En parlant d'attaques groupées, celles-ci seront précieuses à plus d'un titre. Premièrement, elles seront souvent synonymes de coups plus puissants. Deuxièmement, elles feront augmenter une jauge de bonus qui vous octroiera à la fin du combat des objets, des armes ou des points d'EXP supplémentaires. Pour réaliser ces coups rien de plus simple. En ce qui concerne les combos, il suffira de placer vos personnages autour d'un ennemi et de les faire attaquer. Pour les attaques groupées, vous devrez placer un personnage à côté d'un ennemi et utiliser la commande "Attaquer". Ensuite il suffira de placer à côté de l'attaquant des alliés et d'exécuter l'action. Notons tout de même que l'attaque groupée n'a pas un taux de réussite de 100% puisqu'un degré d'affinité entre les différents personnages vous donnera une indication sur la réussite de l'attaque. Vient ensuite le lancer de personnages. Cette technique se veut très intéressante puisqu'elle va vous permettre de lancer un compagnon là où il n'aurait pu aller (à cause d'un relief par exemple), de réaliser des chaînes de personnages (un héros en portant un qui lui-même en portera un autre et ainsi de suite) pour atteindre des endroits inaccessibles ou d'utiliser vos démons en tant que "bombes humaines". Vous pourrez faire de même avec vos ennemis mais ici il faudra faire très attention puisque les effets pourront être positifs, un ennemi lancé contre un autre pouvant par exemple fusionner pour augmenter de niveau.
Passons maintenant aux Géostratégies, autre point essentiel du jeu basé sur un ensemble de cases de couleurs composant certaines aires de combat. Ces cases peuvent être associées à des éléments en fonction des Géosymboles que vous placerez dessus, ces derniers étant présents quand la bataille commence. Chaque Géosymbole renferme un élément avantageant l'ennemi, votre groupe ou profitant aussi bien à l'un qu'à l'autre. A ce stade vous avez également plusieurs choix. Vous pouvez, si vous trouvez le système trop complexe (et croyez-moi à un haut niveau, il l'est !), détruire les Géosymboles pour faire en sorte de ne pas être gêné par un effet quelconque ou placer judicieusement lesdits symboles pour réaliser quelques coups de maître. Prenons une fois de plus un exemple si vous le voulez bien. Vous êtes sur la surface de combat et vous avez deux cases rouges à votre gauche sur lesquelles est posé un Géosymbole jaune qui booste les compétences des monstres. Plus loin, une vaste zone rouge s'étend avec une pléthore d'ennemis. Il conviendra alors de lancer le Géosymbole jaune (pour annuler les effets des cases rouges) et de placer le Géosymbole bleu qui traîne plus loin et qui octroiera à tous les combattants un gain d'EXP supplémentaire après avoir tué un ennemi. Si ceci ne vous convient pas, vous pourrez tout aussi bien jeter le symbole jaune, placer le symbole bleu et le détruire, ce qui entraînera une réaction en chaîne, les cases rouges devenant bleues et provoquant des dégâts sur tous les ennemis présents sur ladite surface. Résultat, vos adversaires perdront des HP et vous aurez droit à une surface neutre où tout le monde sera à égalité. Le système est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît, les aires de combat pouvant être remplies de dizaines et de dizaines de cases de couleurs et de Géosymboles, le tout amenant des altérations d'état, des téléportations, un affaiblissement de vos héros, une augmentation de leurs compétences, etc.
Continuons avec le Monde des objets. Dans Disgaea, chaque objet renferme un univers peuplé d'habitants que vous allez pouvoir visiter afin d'augmenter les caractéristiques de vos items. Chaque monde (propre à chaque objet) est constitué de plusieurs étages peuplés d'habitants qu'il vous faudra traverser, un étage terminé permettant à l'objet de monter d'un niveau. Sachez tout de même que vous ne pourrez sortir de l'objet que tous les 10 étages. En parlant d'habitants, précisons aussi que les objets renferment des populations plus ou moins grandes et que toutes les personnes vivant dans ce monde parallèle disposent de caractéristiques spécifiques augmentant la puissance de l'objet. Vous pourrez à ce titre transférer les habitants d'un objet à l'autre (la population de chaque item étant limitée) pour en modifier les caractéristiques. Rajoutons enfin que vous aurez l'occasion de croiser des maîtres dans chaque objet, qui, une fois vaincus, pourront améliorer les compétences de l'item. Libre à vous par la suite de transférer également le maître dans un autre objet pour booster la puissance de telle arme ou armure.
Terminons avec l'Assemblée Mystique où vous allez notamment pouvoir créer vos combattants. Pour ceci vous aurez besoin de Mana (obtenu en achevant un ennemi) pour convoquer l'Assemblée. Chaque guerrier de votre groupe aura ainsi l'occasion de créer plusieurs personnages qui deviendront leurs élèves. Très important puisqu'une fois sur le champ de bataille, l'élève et son maître auront des liens mystiques, l'un permettant à l'autre d'apprendre des sorts, le maître obtenant des points bonus quand son élève monte de niveau, etc. Vous pourrez aussi retrouver parmi le choix des personnages à créer les monstres que vous aurez vaincus. N'oubliez pas non plus qu'en prenant par exemple un guerrier et en le faisant augmenter de niveau, vous pourrez ainsi avoir accès à une classe de guerrier supérieure pour créer un élève. Vous aurez aussi la possibilité de faire augmenter plusieurs personnages de différentes castes pour en avoir accès à de nouvelles. Enfin, il sera possible de faire en sorte qu'un personnage change de classe (celui-ci redescendant au niveau 1 mais augmentant plus rapidement en parallèle) tout en gardant les techniques ou sorts déjà appris, ceci variant suivant le niveau d'intelligence du héros, le grade de Génie permettant de garder toutes les techniques apprises dans le job précédent. L'Assemblée pourra être également convoquée pour faire passer des lois concernant des objets rares, des baisses de prix, une demande de crédits et bien plus encore. Chaque loi devra être approuvée par l'Assemblée et c'est votre influence qui déterminera le résultat. Je vous conseille à ce titre d'offrir des cadeaux ou des petits présents aux membres du conseil histoire de les avoir dans votre poche lors du vote. Vous aurez aussi l'occasion de persuader les sénateurs par la force mais ceci n'est pas vraiment recommandé, un refus étant dans ce cas pareil à un Game Over ! Enfin, l'examen de promotion permettra à un des vos persos de monter de niveau, ceci faisant grimper votre rang et vous donnant le droit de proposer de nouvelles lois. En somme, si Disgaea n'est pas parfait (le comportement des ennemis étant parfois agaçant, les problèmes de caméra n'étant toujours pas résolus sur PSP), il se présente malgré tout comme un RPG tactique d'une richesse inouïe. Élitiste à bien des égards, demandant beaucoup d'abnégation de votre part, sachez tout de même prendre le temps de l'apprécier afin de ne pas passer à côté d'une pièce maîtresse du genre.
- Graphismes15/20
Le design des personnages en 2D est somptueux, la centaine de classes disponibles a bénéficié du plus haut soin et si les décors en 3D restent moins travaillés, on appréciera malgré tout les divers environnements et quelques superbes arrière-plans égayant le tout. Quant aux effets spéciaux, les couleurs crèvent l'écran, les champs de batailles sont bombardés d'explosions et les invocations sont magnifiques.
- Jouabilité16/20
La gestion des combats est facile à assimiler via un tutorial rempli d'humour mais si on peut utiliser un zoom ou tourner le plateau de jeu, il est rageant de constater que Nippon Ichi n'a réglé aucun des problèmes de caméra. De plus, le fait que les ennemis n'avancent jamais lorsqu'ils ne sont pas à bonne distance de nous est également très énervant. Cependant, le jeu regorge de bonnes idées (création des personnages, augmentation du niveau des objets, lois à faire voter, Géostratégie...) qui donnent à Disgaea une vraie personnalité.
- Durée de vie15/20
14 épisodes où vous attendent plusieurs batailles à la difficulté progressive. Sachez également que vous pourrez passer des heures, et des heures dans le monde des objets pour booster vos items, participer à des examens pour faire grimper votre rang ou revenir dans les anciens niveaux pour faire gagner de l'EXP à vos personnages. La durée est donc gigantesque surtout que cette version PSP comporte un mode multijoueur (pour gagner des objets, combattre d'autres joueurs) ainsi qu'un scénario inédit dans lequel Etna tue Laharl.
- Bande son15/20
Un doublage anglais (ou japonais) excellent, les voix étant délirantes à souhait et totalement dans le ton du jeu et des bruitages accentués pour des affrontements aussi sonores que dantesques. Les musiques demeurent aussi très sympathiques, les thèmes semblant avoir été composés par un Danny Elfman sous acide.
- Scénario15/20
Le scénario de base est peu original (un prince qui s'éveille d'un long sommeil et qui tente de reprendre le royaume des enfers en mains) mais le tout déborde de créativité. Entre les épisodes présentés à la manière d'un dessin animé avec résumé de l'épisode suivant, et une bonne once d'humour, le synopsis reste un pur régal.
Sous ses apparences de remake, Disgaea : Afternoon Of Darkness n'en conserve pas moins toutes les qualités de son aîné. Dispensant divers ajouts comme les voix japonaises, il est tout de même dommage que Nippon Ichi n'ait résolu aucun des problèmes de caméra ou d'IA et qu'aucune localisation n'ait été à l'ordre du jour. A contrario, on y trouve également un scénario bonus, quelques options supplémentaires en cours de jeu dont un brouillard de guerre ainsi qu'un mode Multijoueur pour deux personnes afin de combattre ou échanger des objets. En somme, un très bon investissement même si une fois de plus, il faudra se taper des dialogues en anglais, chose de plus en plus courante de nos jours. Quoi qu'il en soit, impossible de passer à côté de ce Disgaea qui reste plus que jamais un indispensable du genre sur PSP.