Privée du quatrième volet officiel de SoulCalibur, la Wii hérite finalement d'un épisode à part dans lequel Namco s'est visiblement fait plaisir en adaptant l'univers de la série à la sauce beat'em all. Mais si le concept a de quoi faire fantasmer la grande majorité des fans, encore faut-il que le résultat soit à la hauteur de la réputation de la série.
Alors qu'il ne s'était jamais permis aucun écart de parcours depuis Soul Blade, le jeu de baston de Namco ose sortir des sentiers battus en délaissant les combats classiques pour du beat'em all. Une idée qui avait déjà été tentée par Midway avec les derniers Mortal Kombat, mais ce qui aurait pu n'être qu'un simple mode bonus représente dans SoulCalibur Legends l'essentiel du contenu. Car si la possibilité de jouer avec un ami en Versus ou en coopération est bien présente, vous verrez qu'elle est extrêmement mal intégrée dans ce jeu qui repose exclusivement sur l'aventure solo. Pas de duels classiques non plus puisque le soft s'appuie ici sur un tout nouveau gameplay, avec une prise en main rappelant celle de Zelda Twilight Princess puisqu'elle consiste à agiter la Wiimote pour donner des coups d'épée tout en se déplaçant avec le stick du Nunchuk.
Après une entrée en matière aussi dépitée, vous pensez sans doute que les lacunes du titre résultent probablement d'un maniement chaotique dû à la Wiimote. En fait il n'en est rien, et les problèmes, s'ils sont nombreux, résident plutôt ailleurs. Les premiers niveaux procurent même de bonnes sensations, le joueur apprenant à gérer un à un les mouvements que le personnage reproduit efficacement à l'écran. Un coup de bas en haut pourra par exemple soulever l'adversaire dans les airs afin de placer quelques combos de coups horizontaux, tandis qu'un mouvement en direction de l'écran produira une fente qui repoussera les ennemis. Les pas d'esquive sont affectés au Nunchuk qu'il faut bouger dans le sens voulu pour amorcer une sorte de contre-attaque, et tout ceci enrichit la panoplie de coups de manière intéressante. Les niveaux nous confrontent à des monstres inédits mais aussi à des créatures issues de Soul Calibur 2 tels les assassins, les berserkers ou encore les lizardmen. Le bestiaire a pourtant un peu de mal à se diversifier, un problème qu'on retrouve aussi au niveau des boss, peu inspirés, parmi lesquels le dragon Fafnir viendra faire son come-back une bonne dizaine de fois.
Dans le même style, le level-design ultra linéaire gâche lui aussi le plaisir d'arpenter les environnements du jeu. Des environnements qui sont de toute façon desservis par une réalisation très modeste et qu'on est obligé de parcourir plusieurs fois durant l'aventure. Pour ne rien arranger, la progression nous empêche de choisir librement notre destination puisqu'il faut d'abord terminer le jeu avant de pouvoir revenir dans le niveau de son choix. Un problème qui n'est pas anodin car on aurait bien aimé pouvoir faire évoluer ses armes et passer au rang supérieur quand le besoin s'en fait sentir. A raison de sept chapitres plus longs que ne le laissent penser les premières missions, le jeu s'étale sur une bonne douzaine d'heures mais souffre d'une difficulté bien trop inégale. Si certaines étapes sont une véritable promenade de santé, les choses se corsent rapidement au point de devenir parfois presque insurmontables. La faute à une profusion de pièges en tout genre qui profitent de la mauvaise gestion des caméras pour s'abattre sur nous en traîtres. Entre les avalanches de rochers, les flèches qui fusent des murs, les gaz toxiques et les colonnes qui s'écroulent, difficile de rester en un seul morceau. Dommage qu'au lieu de rester simplement divertissantes, les parties finissent parfois par virer au supplice, d'autant que la montée en puissance des personnages est quasiment imperceptible alors que l'adversité se renforce considérablement dans les derniers chapitres.
L'histoire tourne autour de Siegfried, l'héritier et le détenteur de Soul Edge, l'épée dévoreuse d'âmes convoitée par de nombreux guerriers. Dans un contexte imaginaire, le scénario fait intervenir sans complexe des figures aussi diverses que l'alchimiste Paracelse, le célèbre Leonard de Vinci, et même Nicolas Flamel, le créateur de la pierre philosophale. Avec comme objectif les fragments de Soul Edge éparpillés de par le monde, ce voyage dans la vieille Europe en compagnie des héros de SoulCalibur vous fera aussi partir en quête d'une arme capable de vaincre le dragon Fafnir. Des personnages imaginés spécialement pour le jeu auront également leur rôle à jouer, à l'image du chef du Saint Empire Romain et du sultan Barbaros de l'Empire Ottoman. Quant aux héros emblématiques de la série, ils seront soit les alliés soit les ennemis de Siegfried, mais on ne dénombre en tout et pour tout que sept personnages jouables. Aux côtés de notre héros nordique, on retrouve ainsi Ivy, Sophitia, Mitsurugi, Taki et le golem Astaroth. Le septième personnage pourra en surprendre plus d'un puisqu'il s'agit de Lloyd Irving, le héros de Tales of Symphonia, autre série emblématique de Namco qui n'a pourtant absolument rien à voir avec SoulCalibur. Pas de quoi être stupéfait pour autant puisque le deuxième volet de la série intégrait lui aussi quelques invités surprises, à savoir Spawn, Heihachi ou Link selon les versions. Dans un contexte aussi tiré par les cheveux, le joueur ne s'étonnera donc plus de rien et se concentrera plutôt sur les enjeux, car il n'aura pas trop de deux personnages pour accomplir les objectifs demandés.
Le fait de devoir sélectionner un duo est d'ailleurs assez trompeur, car on s'attend tout de suite à jouer en coopération ou avec un allié contrôlé par la console. En réalité, le système de jeu se contente de nous laisser libre d'alterner à tout moment entre nos deux héros, le deuxième n'apparaissant même pas à l'écran pour nous donner un coup de main. Le seul moyen de jouer en coopération est donc de passer par le mode Party, un mode c onçu uniquement pour les sessions de jeu rapides et qui voit son intérêt limité par le fait qu'on ne peut rien sauvegarder. Ainsi, non seulement vous devrez d'abord débloquer les niveaux en les terminant en solo, mais en plus aucune récompense ne vous sera remise si vous jouez à deux. Avec un écran splitté verticalement, le soft n'y gagne d'ailleurs pas vraiment en lisibilité, la seule bonne idée étant de pouvoir jouer aussi bien en Versus qu'en coopération ou en compétition. Que de désillusions pour un titre qui aura bien du mal à consoler les possesseurs de Wii d'être privés d'un vrai SoulCalibur...