Commençons par adresser un reproche à Power Rangers : Super Legends. Je sais, c'est mal poli d'accoster quelqu'un en lui jetant à la figure un aspect négatif, mais là, il faut que ça sorte. Super Legends a le gros désavantage de vous faire sentir stupide dès que vous allumez la console pour la première fois. Non pas que le titre nous prenne pour des demeurés en nous abreuvant de textes toutes les trente secondes pour nous expliquer ce qu'il faut faire. A ce niveau le jeu de Disney fait correctement son travail, on ne va pas se plaindre. Le problème, c'est juste qu'on se trouve complètement largué au milieu d'une histoire visiblement assez importante pour impliquer deux douzaines de Rangers sur vitaminés. Et être largué par un scénario de Power Rangers, croyez-moi, ça ne flatte pas vraiment l'ego ! La cartouche nous plonge ainsi au coeur de l'action dès le commencement d'une partie sans prendre la peine de poser quelques bases pour expliquer de quoi il en retourne véritablement. D'après le mode d'emploi, le vilain Gluto serait sur le point de réunir ses potes super-vilains pour anéantir tous les Rangers. Mais pourquoi leur veut-il du mal ? Parce que c'est un méchant. Et pourquoi à eux ? Parce que ce sont des gentils !

Grâce à un scénario impliquant de multiples voyages dans le temps, Super Legends réalise une petite pirouette et permet au joueur de contrôler plusieurs Rangers issus d'équipes et d'époques différentes. Comme on l'a dit, 16 héros en tenues moulantes sont jouables. Si à la première partie le jeu attribue automatiquement un personnage à un niveau donné et nous fait ainsi passer de Force Rouge à Force Bleue, Noire ou Rose suivant les besoins du scénario, on pourra à la seconde visite choisir qui incarner, ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour les fans. Globalement, Super Legends rappelle ces vieux jeux d'arcade à la Shinobi ou Strider dans lesquels les mandales sont distribuées à volonté sur des ennemis consentants. Ainsi, le jeu exige que vous filiez une leçon à une horde de sbires avant de vous permettre d'avancer de quelques mètres pour botter les fesses d'un autre groupe d'écervelés. Puis un autre et encore un autre, et ainsi de suite.

Quel que soit le Ranger sélectionné, la panoplie de coups reste la même avec des coups de poings, des coups de pieds, une attaque au laser pour étourdir les ennemis et une autre à l'épée capable de percer les armures. Il est aussi possible de déclencher une super-attaque. Le Megazord pointe alors son nez et suit de son laser les mouvements que vous indiquerez sur l'écran tactile. Au fur à mesure de l'avancée dans les niveaux, vous pourrez débloquer de nouveaux combos pour être plus efficace aux combats. Plutôt classique dans leur déroulement, ces séquences de baston auraient pu être grandement améliorées si les Rangers n'étaient pas aussi mous du genou. Leurs mouvements sont en effet extrêmement lents au point de rendre pénible la moindre passe d'armes. Et puisque les coups mettent du temps à sortir, il devient carrément impossible de batailler comme un gentleman en parant et en attaquant au bon moment. Dès lors, on se contente de marteler les touches sans trop se préoccuper de ce qu'il se passe réellement à l'écran. C'est forcément dommage pour un titre qui base une bonne moitié de son gameplay sur ces phases de jeu.

Le reste du titre se compose de séquences de shoot'em up et de combats entre Megazords, vous savez ces gigantesques robots en carton-pâte. Les premières voient la ville défiler en vue de haut. Votre vaisseau doit alors se frayer un chemin en détruisant les appareils ennemis et en slalomant entre leurs tirs. Assez molles, elles aussi, ces phases manquent de speed pour faire monter l'adrénaline. C'est comme si tout se passait au ralenti, donnant largement le temps de batifoler entre les gros spots orangés censés représenter les tirs ennemis. Pour ce qui est des affrontements en Megazords, le jeu change du tout au tout. Jusque-là en 2D, Super Legends gagne subitement une dimension, passe en vue subjective et fait intervenir le stylet pour éliminer les missiles qui vous collent de trop près, mais aussi pour attaquer l'adversaire ou même se défendre. Malheureusement, ces duels interviennent rarement au cours du jeu et sont pour ainsi dire à considérer comme l'apogée d'une mission, conformément à la série où ils apparaissent toujours en fin d'épisode. La construction du jeu reste donc très proche du modèle cathodique. Comme les Rangers aiment se battre en équipe, on trouve même une option pour jouer en coopération (deux cartouches nécessaires) ainsi que des combinaisons de touches servant à réaliser des chorégraphies pour se motiver et frapper plus fort. Les fans peuvent donc être rassurés, Power Rangers : Super Legends conserve les ingrédients de leur série préférée. Toutefois, l'action reste trop molle pour sortir la cartouche de son cercle d'initiés.