« Enfile tes santiags... dégaine ton "pi-stylet"... et pars à la conquête de l'Ouest !!! ». Telle est l'accroche de la boîte DS de Tous à l'Ouest, l'adaptation vidéoludique du nouveau long métrage d'animation de Lucky Luke, actuellement sur les écrans. Party-game fun et esthétique, mais manquant cruellement de contenu, Tous à l'Ouest aurait-il été développé plus vite que son ombre ?
Le scénario sonne aussi bref que deux coups de Colt : alors qu'ils sont sur le point d'être jugés au tribunal de New-York, les Dalton trouvent le moyen de s'évader et en profitent au passage pour cambrioler quelques banques. Lucky Luke, qui les avait escortés jusqu'à la ville, se lance à leur poursuite. Et c'est déjà l'occasion du premier mini-jeu, dans lequel vous prenez le contrôle du cow-boy chevauchant son fidèle destrier à travers les rues de New-York. Un mouvement de stylet vers le haut pour sauter, un mouvement vers le bas pour se baisser : la prise en main est immédiate. Lucky Luke doit éviter les obstacles et parvenir à l'autre bout de la ville dans un temps limité, tout en tirant sur certaines cibles pour gagner de précieuses secondes. Le mini-jeu est vite terminé, et les autres s'enchaînent sans que vous ayez le temps de souffler, si ce n'est pour admirer quelques scènes transitoires directement issues du film. Pas de doute, vous êtes bien dans un party-game.
Le mode histoire, qui reprend la trame du film, consiste à escorter une caravane de pionniers d'Est en Ouest en moins de 80 jours. Ces 80 jours prennent la forme d'autant d'étapes portées sur une carte des Etats-Unis, et chacune est l'occasion d'un mini-jeu qu'il vous faut remporter pour passer à la suivante. Ces mini-jeux brassent un peu tous les genres : action avec "Les courses de Jolly Jumper" et "La formation du bivouac", réflexion avec "Le magot des Dalton", précision avec "Duel" ou "Les Jurons d'Ugly Barrow", et rapidité avec "Les recettes de Tang". Vous bénéficiez également, lors de certains étapes, de quelques jeux spéciaux. Certains sont parfois très drôles, comme cette déclinaison French cancan de Oendan, ou encore ce remake de Space Invaders dans lequel des alligators traversent une rivière et se transforment en sacs à main une fois abattus par Lucky Luke !
Là où le bât blesse, c'est que les mini-jeux en question sont peu nombreux. Tout au long du parcours, vous ne cessez de retrouver les quelques épreuves mentionnées ci-dessus, déclinées à toutes les sauces. Seuls changent l'enrobage et la difficulté (croissante), mais le principe et le gameplay restent les mêmes. Par exemple, quelques modifications suffisent à transformer la course de Jolly Jumper à New-York en une escapade de Rantanplan dans le désert. Wario Ware ne fonctionnait pas autrement, mais avait au moins pour lui la profusion des mini-jeux, ce qui n'est pas le cas de Tous à l'Ouest et ses quelques épreuves qui se battent en duel. Pour ne rien arranger, la dimension répétitive du titre se voit encore accentuée par la difficulté importante des dernières étapes, qui vous pousse à recommencer encore et encore ce fichu mini-jeu qui vous bloque l'accès à la suite. Nul besoin de dire qu'au bout de quelques heures de jeu, l'intérêt s'estompe.
Ce manque de contenu est d'autant plus dommageable que le développeur (Neko Entertainment) a fait l'effort d'exploiter à fond les capacités de la DS. Le jeu se joue entièrement au stylet, et celui-ci remplit parfaitement son rôle dans les épreuves qui exigent une précision particulière (tir, cuisine, dessin...). Le double écran est de plus intelligemment exploité dans la plupart des mini-jeux. Quant à la réalisation d'ensemble, elle fait honneur à la machine, avec des menus au style BD très réussis, des écrans aux couleurs chatoyantes qui reprennent les personnages du film, et surtout une animation de grande qualité dans les mini-jeux. Gros regrets par contre pour le mode multijoueur, qui aurait pu vous permettre de prolonger le plaisir en affrontant vos amis, mais ne consiste finalement qu'en un unique petit jeu de cartes totalement déconnecté de l'esprit du titre. Le récent Mario Party DS a pourtant prouvé la viabilité d'un concept de ce type sur console portable.
- Graphismes16/20
On a bel et bien l'impression de prendre part à un dessin animé tant les graphismes sont fins, la palette de couleurs bien choisie, et l'animation réussie.
- Jouabilité17/20
Les mini-jeux sont immédiatement compréhensibles et le stylet répond bien à la précision exigée par ce type de jeu.
- Durée de vie7/20
Une douzaine d'épreuves, c'est clairement insuffisant pour un party-game, surtout lorsqu'aucun mode multijoueur digne de ce nom ne vient combler cette lacune.
- Bande son13/20
Des sons de trompette de la Nouvelle-Orléans aux riffs de guitare de l'Ouest sauvage, l'ambiance sonore, sans génie, illustre cependant bien l'univers de Lucky Luke.
- Scénario10/20
Le jeu reprend l'histoire du film, qui multiplie les situations cocasses sans s'embarrasser de fioritures scénaristiques.
Tous à l'Ouest DS est un party-game sympathique et bien réalisé, mais qui souffre d'un manque de contenu impardonnable pour le genre, que ni les quelques bonus, ni le pitoyable mode multijoueur ne suffisent à relayer. Même les plus grands fans de l'univers de Lucky Luke peuvent craindre un légitime désintéressement à l'égard du titre avant d'en avoir vu la fin.