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Test Kane & Lynch : Dead Men

Kane & Lynch : Dead Men : The Dope Bag

Kane & Lynch : Dead Men
7 416 vues
Profil de Logan,  Jeuxvideo.com
Logan - Journaliste jeuxvideo.com

En attendant le prochain Hitman sur consoles new-gen, Io Interactive entend bien nous "imposer" une nouvelle franchise censée nous renvoyer à la figure tout un pan de l'industrie hollywoodienne avec ce que ça implique de dialogues bien sentis et de fusillades démentielles. Kane & Lynch : Dead Men est donc une sorte d'adaptation du cinéma de Michael Mann, le chef d'orchestre derrière des chefs-d'oeuvre tels que Le Sixième Sens, Miami Vice ou Heat. De fait, voilà une intention louable de la part des développeurs danois qui, malheureusement, ont oublié en chemin qu'un jeu ne se construit pas simplement sur sa seule ambiance mais aussi sur son gameplay.

Kane & Lynch : Dead Men

Kane & Lynch : Dead Men est un titre fort, au background incisif qui renvoie à celui de plusieurs longs-métrages de Michael Mann. Présenté de cette façon, ce jeu d'action s'offre une vraie légitimité pour celles et ceux qui connaissent le réalisateur américain, celui-là même qui a offert ses lettres de noblesse à Tom Cruise dans son nocturne Collateral, qui, bien avant Le silence des agneaux, nous a dressé un portrait effrayant d'Hannibal Lecter dans Le Sixième sens et qui a simplement redéfini le polar urbain en deux films : Heat et Miami Vice. C'est d'ailleurs à ce premier film que Kane & Lynch rend hommage. On pourrait presque parler d'adaptation tant les similitudes sont nombreuses. Ainsi, on y suit les déboires de Marcus Adam, alias Kane, condamné à mort pour le meurtre de 25 vénézuéliens, récemment évadé grâce à l'intervention de James Seth Lynch, psychopathe ultra-violent. Ainsi, dès le chapitre 1, durant lequel le camion dans lequel Kane est enfermé se fait attaquer par Lynch et sa bande, on se retrouve tout de suite projeté dans l'univers de Mann dans le sens où ladite scène fait immédiatement penser au premier braquage de fourgon de Heat. Bien, très bien même, mais une question se pose alors : Kane & Lynch est-il oui ou non une véritable excroissance ludique du travail de Mann ? Oui et non...

Kane & Lynch : Dead Men
La sortie de l'immeuble Retomoto ou comment faire écho à la fusillade finale de Heat.
Pour être précis, disons que Io Interactive s'est évertuée à balancer moult références tout en copiant certains aspects du cinéma de Mann. Il est alors jouissif de se retrouver face à un tel titre surtout si vous aimez l'oeuvre du cinéaste. Pourtant, on pourra être surpris par des similitudes qui ont des allures de simples plagiats. Par exemple, Lynch n'est rien d'autre que la copie conforme du personnage de Waingro de Heat. D'ailleurs, la ressemblance physique entre le personnage et l'acteur Kevin Cage est plus que frappante. Ensuite, la personnalité névrotique, violente, est elle aussi un simple reflet de la façon de faire dudit Waingro. Kane, lui, renvoie davantage à Neil McCauley, campé par Robert De Niro. Plus posé, plus calculateur, il est avant toute chose présenté comme le boss, celui qui donne les ordres. Pour revenir aux scènes du jeu à proprement dites, le chapitre se déroulant dans le night-club de Tokyo est lui aussi très influencé par une scène similaire de Collateral et dans une moindre mesure, de Miami Vice, au tout début du film. A Tokyo toujours, le gunfight, une fois sorti de l'immeuble Retomoto, est calqué sur l'énorme fusillade de Heat, qui est accessoirement une des plus réalistes et immersives de l'histoire du cinéma. Pour rester dans les références, on en remarquera aussi deux ou trois à Kill Bill ou Le Jeu de la mort dans les niveaux tokyoïtes, par le biais des tenues jaunes de snipers notamment. Pour l'anecdote, signalons aussi que le doubleur français de Lynch n'est autre que José Luccioni, qui a prêté sa voix à Al Pacino dans certains films... Dont Heat.

Kane & Lynch : Dead Men
Une bien belle fusion entre Georges Moustaki et Zaius pour un des grands méchants de Kane & Lynch.
Maintenant que nous avons survolé le background, venons-en directement au titre pour savoir de quoi il en retourne. S'il n'aurait pu être qu'un jeu d'action tendant vers le shooter survolté, à l'instar de Stranglehold, Io Interactive a misé sur un mélange entre action et tactique. Pour faire simple, les développeurs ont simplement tout repris d'un de leurs anciens titres (peu connu mais pourtant très plaisant), Freedom Fighters, de l'astuce consistant à diriger plusieurs hommes en passant par le menu d'inventaire pour choisir ses armes, etc. Bref, comment faire du neuf avec du vieux en quelque sorte. Ainsi donc, si Kane sera tout le temps flanqué de son acolyte Lynch, vous ne pourrez jamais diriger que le premier. Cependant, l'aventure pouvant aussi se vivre en coopératif, le second joueur incarnera alors le beau chevelu un brin déjanté. Mais revenons à nos moutons. En plus de Lynch, d'autres comparses viendront grossir les rangs de votre "unité". Deux, puis trois suite à l'attaque d'une prison.

Kane & Lynch : Dead Men
Si vous doutiez des liens de parenté entre Kane & Lynch et Freedom Fighters, les développeurs nous le confirment.
En premier lieu, on pourra quand même trouver étrange que cet aspect "tactique" soit moins évolué que dans Freedom Fighters justement où il était possible de diriger jusqu'à 16 guérilleros. Comme je le disais plus haut, vous ne pourrez commander que quatre personnes au maximum même si les derniers chapitres se déroulant à la Havane proposent de diriger une escouade de soldats, qui généralement se fait éliminer en quelques secondes. Toutefois, afin d'éviter ces massacres en règle, vous pourrez ordonner à un personnage (en le sélectionnant dans une liste en haut de l'écran à l'aide de la croix directionnelle) ou un groupe de vous suivre, d'attaquer un ennemi précis, de tirer dans une direction ou de se protéger. De plus si vous ou un des vos camarades veniez à mourir, vous pourriez bénéficier d'un sursis en recevant une dose de médocs. Cependant, notez que ces résurrections restent limitées et surtout liées à vos comparses qui devront faire vite pour vous sauver. De votre côté, vous devrez aussi vous montrer très véloce lorsqu'il s'agira d'aller soigner un de vos hommes auquel cas, le game over se montrerait sans pitié. Enfin, j'exagère puisque le jeu reste globalement assez simple compte tenu du nombre de checkpoints. A ce sujet, misez dès le départ sur le mode Normal ou Difficile même si dans tous les cas il ne vous faudra pas plus de sept heures pour faire le tour des 16 chapitres du mode Aventure.

Kane & Lynch : Dead Men
Si vous ne parvenez pas à soigner rapidement vos comparses, leur mort sera synonyme de game over.
Pour ce qui est de la progression, on note la volonté de proposer quelque chose de relativement varié aux joueurs même si au final, le titre reste peu inventif. Il est même ironique de constater que les phases les plus originales sont aussi les plus barbantes. Je pense ici à une fuite en camionnette durant laquelle vous devrez dégommer des bagnoles de flics ou celle où vous serez juché dans une jeep, armé d'une mitraillette qui vous aidera à détruire des tours de guet. Entre ces séquences, un flot de gunfights viendra s'intercaler. Ici, il faudra alors diriger vos hommes tout en faisant attention à vos miches. Pour ce faire, vous pourrez vous planquer derrière la plupart des éléments du décor (murs, piliers...) et tirer à l'aveuglette, à l'image de Gears Of War. Toutefois, le système de couverture n'est vraiment pas très probant, Kane ayant parfois du mal à se protéger pour on ne sait quelle raison. De plus, on notera d'énormes bugs de collision qui font qu'il est souvent impossible de tirer sur un ennemi à moitié caché. Risible surtout quand l'adversaire est planqué à côté d'une voiture par exemple. Car oui, en plus de bugs de collision, Kane & Lynch enchaîne les bugs graphiques sans parler de l'IA absolument lamentable. Ici, on frise vraiment le n'importe quoi avec des adversaires nous chargeant comme des mulets ou à l'inverse ne bougeant pas d'un pixel bien qu'on se trouve à un mètre d'eux. Il est alors très simple des les éliminer en visant leurs pieds et ce avant qu'ils ne nous repèrent. Classe.

Kane & Lynch : Dead Men
Le multijoueur permet d'incarner un braqueur ET un membre du SWAT, une fois décédé.
Pour rester dans les nombreux soucis du titre, signalons aussi quelques missions défiant toute logique. Je reviens à ce titre sur celle se déroulant dans le night-club de Tokyo. De fait, il convient ici de nous rendre dans un bureau pour kidnapper une charmante demoiselle puis de sortir en nous frayant un chemin parmi les clients affolés tout en éliminant des yakuzas. Ok, sauf qu'une fois arrivé sur le toit, notre "paquet" se fait la malle, retourne dans son bureau, ceci nous obligeant à nous y rendre à nouveau (par une verrière) et à nous retaper le même passage sans clients mais avec deux fois plus d'ennemis. Du grand art, vraiment. De plus, comme Io Interactive s'est sans doute rendu compte de la longévité toute relative de leur bébé, ils se sont amusés à corser la difficulté vers la fin en troquant le côté "polar" contre celui de "film de guerre". L'idée est bonne mais sonne faux surtout dans l'absence de vraies cinématiques faisant le lien entre le niveau se déroulant à Tokyo et le suivant à la Havane. De plus, on pestera aussi contre la mission durant laquelle il faut couvrir un de nos hommes en snipant à tout va. Simple (encore une fois, merci à l'IA pérave) mais énervante surtout quand Carlos met quatre plombes à aller à l'endroit voulu parce que le gameplay a contre lui de sérieux problèmes.

Kane & Lynch : Dead Men
Arrivé aux 3/4 du jeu, l'ambiance change radicalement de tonalité.
En conclusion, que penser de Kane & Lynch ? Qu'il est sorti trop tôt ? Sûrement. Qu'il pourra donner lieu à un bon jeu d'ici deux ou trois possibles suites ? Aucun doute là-dessus. Mais pour le moment, ce premier volet est une déception qui au-delà d'une atmosphère couillue accumule les bourdes. Si j'osais, j'enfoncerais encore un peu le clou en citant les phases de descente en rappel qui ne servent à rien si ce n'est à bien rigoler, surtout quand Kane se retrouve derrière la vitre de l'immeuble Retomoto, devant une trentaine de personnes qui le laissent tranquillement poser son pain d'explosifs sans bouger un sourcil. Toutefois, n'oublions pas le Multijoueur permettant à 8 petits braqueurs de dévaliser des banques. Le principe est alors de récolter le plus d'argent possible et de rejoindre un camion stationné non loin de là avant le temps imparti. Le petit plus est qu'une fois mort, vous rejoindrez automatiquement le camp des flics afin d'affronter vos anciens camarades. Sympathique même si on peut trouver dommage que l'entraide entre braqueurs ne soit pas plus mise en avant. Bref, malgré une excellente ambiance, des héros très typés (nous assénant de répliques un brin stéréotypées) et de bonnes idées, Kane & Lynch ne parvient jamais à la hauteur de ses modèles cinématographiques. On pourra prendre du plaisir en y jouant mais comment cautionner ce genre de production blindée de bugs en tout genre et surtout terriblement frustrante par moments ?

Les notes
  • Graphismes9/20

    La modélisation des personnages principaux est bonne, très bonne même, mais tout le reste est d'un niveau très inférieur à ce qu'on trouve sur Xbox 360. Les textures sont pauvres, les effets spéciaux à la ramasse (malgré une petite gestion des particules liée à des décors en partie destructibles) et les bugs graphiques sont légion. Heureusement que les environnements restent variés, le joueur étant transporté de vastes ruelles éclairées grouillant de monde, à une prison en passant par une boîte de nuit tokyoïte, une Havane en pleine guerre civile et une jungle malfamée.

  • Jouabilité12/20

    Le système d'ordres ou les menus rapides, pour changer d'armes ou en donner à ses coéquipiers, est directement inspiré de celui de Freedom Fighters. Néanmoins, ledit système est plus anecdotique que dans le jeu susnommé tout en servant l'ambiance. Utiliser les trois commandes disponibles est vite instinctif mais entre les nombreux bugs de collision et l'IA ennemie à la ramasse, on aura du mal à féliciter Io Interactive de nous avoir refilé une version bêta de leur bébé.

  • Durée de vie11/20

    Les 16 chapitres du mode Aventure se terminent en sept heures mais il est possible d'y jouer dans trois modes de difficulté, en solo ou en coopératif (en splitté). A ceci s'ajoute du multijoueur, en multiconsole ou online, pour 8 mercenaires en herbe. Ce dernier est intéressant même si le côté "coopératif" entre braqueurs n'est pas véritablement mis en exergue.

  • Bande son15/20

    Un doublage français proposant des voix connues pour un résultat très convaincant. Comme d'habitude avec les productions Io Interactive, Jesper Kyd se charge de la bande-son et comme d'habitude, le bonhomme nous livre un travail fabuleux, même si celle de Kane & Lynch ne constitue pas son meilleur boulot. La gamme de bruitages n'est pas très étendue (pas de bruits de pas par exemple) mais tout ce qui touche aux armes à feu est très réaliste.

  • Scénario12/20

    L'ambiance cinématographique sert le jeu qui propose de survoler l'oeuvre de Michael Mann, illustre cinéaste boudé du public mais pourtant véritable esthète dans son art. Cependant, si l'atmosphère est électrisante, le scénario en lui-même est bateau avec des dialogues peu inspirés. "Scripturalement" moins évolué qu'un Heat (notamment au niveau de la psychologie des personnages), moins visuel qu'un Miami Vice ou qu'un Collateral, Kane & Lynch loupe finalement un peu le coche d'un scrict point de vue scénaristique.

On attendait énormément de ce Kane & Lynch qui déçoit d'autant plus et ce à quasiment tous les niveaux, la faute à une sortie trop hâtive. Singeant ses modèles cinématographiques sans jamais parvenir à leur niveau, accumulant les bugs (graphiques et de collision), proposant un système d'ordres moins évolué que celui de son modèle Freedom Fighters, devant supporter une IA catastrophique, le soft de Io Interactive, sous des dehors "Manniérés", n'est finalement qu'un brouillon de très bon jeu.

Note de la rédaction

9
13.5

L'avis des lecteurs (144)

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