Attention, ceci n'est pas un Need For Speed ! Oubliez les poursuites infernales à travers les rues bondées des grandes métropoles, Need For Speed Pro Street est un jeu de courses réaliste et exigeant se déroulant sur des circuits. Vous êtes prévenu.
Jouissant d'une popularité qui ne s'est jamais démentie au fil des années, la série des Need For Speed (NFS) était jusqu'à présent célèbre pour sa conduite résolument arcade. Les chauffards virtuels pouvaient ainsi s'en donner à coeur joie en rebondissant contre les glissières, zigzaguant à travers le trafic et semant les voitures de police. Les divers épisodes proposaient des courses de rue illégales sur fond de rivalités urbaines. Need For Speed Pro Street ne fait allusion à ce passé tumultueux que dans son titre car s'il s'agit bien de devenir pro, ce ne sera certainement pas dans la rue. En effet, Electronic Arts a décidé de faire volte-face en orientant sa série à succès vers le domaine concurrentiel de la simulation réaliste. Si on loue l'effort de renouvellement, la célèbre franchise, hélas, pourrait bien y perdre son âme.
Il existe trois modes de jeu dans ce NFS : les courses rapides, la carrière et le multijoueur. Les courses rapides permettent, comme leur nom l'indique, de se lancer immédiatement sur un circuit avec la voiture de son choix. Le multijoueur, très complet, autorise quatre personnes à se défier online ou offline. Elles auront également la possibilité de disputer des championnats qu'elles auront au préalable paramétrés grâce à un éditeur très pratique. Enfin, le mode carrière constitue le coeur du jeu avec ses challenges innombrables, son garage et ses magasins. Et il y aura fort à faire avec la multitude de défis que propose la carte principale. Ceux-ci se répartissent principalement en cinq types. Les grips sont des courses de vitesse traditionnelles. Il s'agira simplement d'être le premier à franchir la ligne d'arrivée d'un circuit. Les drifts prennent en compte la qualité et la fréquence des dérapages. Les sprints sont de brèves courses d'accélération. Les maxi défis se courent à fond de cale sur des autoroutes. Enfin, les concours de suspensions hydrauliques feront danser la voiture en appuyant en rythme sur des touches (non, je n'ai pas fumé la moquette...). Les quatre premiers concepts se déclinent en une quantité impressionnante de variantes et de règles spéciales. On trouvera des courses à handicaps, des éliminations, des contre-la-montre, des drifts solos, etc etc. Le contenu est donc solide quoique classique pour ce type de jeu. C'est surtout du gameplay que vient la surprise. Et la déception pour certains fans...
Autrefois synonyme d'arcade pure, le gameplay de ce NFS a été profondément modifié pour tendre vers la simulation de conduite réaliste. Il garde heureusement quelques caractéristiques propres à la série comme l'usage de nitro ou la possibilité d'envoyer ses concurrents valser dans le décor. Néanmoins, il faudra désormais prendre en compte très sérieusement le comportement crédible des véhicules et la gestion des dégâts en temps réel. Chaque coup de volant un peu trop brutal est maintenant sanctionné par un dérapage intempestif, voire par un tête-à-queue. Le moindre choc avec une voiture ou un élément du décor affecte un capital de dégâts localisés. Bien que la carrosserie ne se déforme pas, un diagramme sur l'écran tactile indique les éléments du véhicule qui ont le plus souffert. La conduite s'en ressent rapidement. Il faudra souvent compenser une direction faussée ou un manque de reprise avec des trajectoires adaptées et de la nitro. On pourra même ruiner complètement la caisse et être forcé à l'abandon en atteignant 100 % de dommages. Contrairement aux autres NFS, il faut donc être prudent et attentionné dans sa conduite, un comble pour une série d'arcade pure ! Les réparations, en effet, coûtent un max de blé et ne sont pas réalisables entre les différents challenges d'une même journée. Les passionnés de tuning préfèreront économiser patiemment leurs deniers pour customiser leur petit bijou de voiture. Ils seront servis : les possibilités de personnalisation sont bluffantes. Outre, la peinture, les spoilers, les stickers et les jantes, on peut acheter des pièces et des améliorations en quantité impressionnante dans le magasin.
Les courses se déroulent exclusivement sur des circuits et des autoroutes vides. Aucun trafic et aucun véhicule de police ne viendra donc troubler la partie. Le jeu y perd beaucoup en fun d'autant que les huit circuits principaux ne brillent pas par leur réalisation. Ils sont particulièrement fades et ne proposent aucun raccourci ni aucun obstacle. La physique des voitures, moches elles aussi, est bien retranscrite au point que l'on doive gérer les transferts de masse en calculant précisément sa trajectoire. On mettra aussi à profit l'art du dérapage qu'il sera de toute façon nécessaire de maîtriser rapidement pour remporter les drifts. Certains trouveront insupportable de partir en sucette à chaque virage en épingle. D'autres, autrefois peu portés sur la série pourraient au contraire y trouver leur compte. Les challenges sont variés mais inégalement intéressants. Les sprints, par exemple, partaient d'une bonne idée avec le chauffage des gommes, le passage des vitesses manuel, etc, mais ils se révèlent lassants et répétitifs au fur et à mesure que l'on avance dans le jeu. La pire épreuve, sans le moindre doute, c'est le concours de suspensions (sic). Il s'agit en fait de marteler en rythme les touches qui défilent à l'écran pour faire danser sa voiture. Ce mini-jeu, en plus d'être totalement dénué d'intérêt, souffre d'une difficulté abrutissante. Les touches arrivent toutes en même temps à une vitesse vertigineuse, tant et si bien qu'il est impossible pour un être humain normalement constitué d'atteindre le score cible avant de nombreuses tentatives. J'invite les joueurs à me donner leur avis sur le concours de suspensions dans le forum du jeu.
En guise de conclusion, attendez-vous donc à un jeu entièrement différent de tous ceux auquel vous avez pu jouer dans la série des NFS. Ce Pro Street n'a plus rien à voir avec la rue et les courses illégales. A la place, nous avons une simulation réaliste, qui ne brille pas par sa réalisation, mais qui s'en tire en proposant un contenu consistant et des possibilités de customisation intéressantes.
- Graphismes11/20
Les graphismes sont décevants pour un NFS. Les voitures ne sont pas très bien modélisées et les décors ternes sont tristes à souhait. De petits bugs d'affichage viennent compléter le tableau.
- Jouabilité13/20
Exit la jouabilité accessible orientée arcade, Need For Speed Pro Street est une simulation pure et dure qui propose une conduite exigeante. Une vigilance de chaque instant est de mise pour éviter de coûteux accidents car le comportement des voitures est réaliste. L'expérience est plaisante. En revanche, le concours de suspensions est un mini-jeu aussi inutile que frustrant.
- Durée de vie14/20
Le mode carrière n'est pas près d'être plié grâce à ses tonnes de défis et un nombre important de variantes de courses. La répétitivité de certaines épreuves peut lasser les joueurs en mal de progression rapide mais les nombreux prix à débloquer donnent envie de prendre son temps. On regrette le faible nombre de circuits.
- Bande son14/20
Une tradition chez EA : les musiques sont pêchues et les bruitages plutôt convaincants.
- Scénario/
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Difficile de noter un Need For Speed qui n'est pas un Need For Speed. Cette simulation automobile est agréable, quoique médiocrement réalisée, mais on regrette tout de même d'avoir perdu ce qui faisait le charme de la série : l'accessibilité et le fun. A réserver aux amateurs de conduite réaliste avant tout.