Perseus Mandate, second "add-on" de F.E.A.R., cette fois présenté sous forme de stand-alone, ne clôt pas vraiment la saga qui s'offre même une fin très ouverte à même de servir de point de départ à un prochain volet, probablement sous l'égide de Vivendi. Copiant-collant la méthode de production et de progression des deux précédents opus, ce segment n'en reste pas moins supérieur à Extraction Point.
Si vous avez quelque peu suivi l'actualité F.E.A.R. de ces derniers mois, vous n'êtes pas sans savoir que la franchise se dédoublera prochainement, Monolith s'en étant allé développer de son côté son Project Origin en emportant avec elle tout ce qui a trait au scénario de F.E.A.R. pendant que Vivendi, garde simplement le nom du jeu. Perseus Mandate est donc probablement le dernier F.E.A.R. auquel Monolith a participé, de loin a priori puisque c'est bel et bien Timegate qui reprend le poste de développeur. Pourtant, si les papas de No Ones Lives Forever sont surtout crédités à titre honorifique, on peut une fois encore profiter de l'ambiance du jeu original et des fabuleux gunfights initiés dans le tout premier segment. En somme, Perseus Mandate ne surprend pas une seule seconde, autant dans sa construction que dans son scénario qui n'arrive plus vraiment à nous tenir éveillée malgré son statut de porteur de chandelle.
Que faut-il donc attendre de ce stand-alone si le synopsis s'enfonce un peu plus dans des méandres routinières d'où quelques apparitions et autres personnages centraux émergent de temps à autre pour nous rappeler que F.E.A.R., ben c'est quand même censé faire un tit peu peur ? Eh bien, de l'action mes bons amis, de l'action et encore de l'action et sur ce point, autant dire que nous sommes servis. Pourtant, les nouvelles armes ne sont pas des plus nombreuses. Une mitraillette nouveau modèle avec visée infrarouge (présentée comme une arbalète au verso de la boîte), une sorte de pince à sucre géante délivrant des décharges électriques, un fusil laser, un lance-grenades et c'est à peu près tout. Et quoi de mieux que de nouveaux types d'ennemis pour faire mumuse avec nos jouets tout nouveaux tout beaux. Eh bien messieurs dames, nous avons décidé de ne pas vous proposer grand-chose sur ce coup-là car hormis des soldats ATC new-look et un bipède métallique, proche parent du nouveau modèle vu dans Extraction Point, c'est un peu le calme plat. Citons quand même les Nightcrawlers, sortes de mercenaires rapides et très très résistants.
Finalement, si les nouveautés manquent un peu à l'appel, il est finalement assez ironique de se rendre compte que le jeu fonctionne mieux que son prédécesseur direct, notamment dans la variété des décors qui nous font visiter des buildings à moquette rase (eh oh, F.E.A.R. quand même !), des parkings souterrains (eh oh, F.E.A.R. quand même !) mais aussi des grottes (eh oh, F.E.A... Ah bon ?), sans oublier les bases high-tech (ah, je me disais aussi). En substance, on passe donc beaucoup plus de temps à l'extérieur et ce n'est pas un mal. Cependant, une question demeure : Comment appréhender F.E.A.R. ? Comme un FPS mâtiné d'horreur ou un mélange entre survival-horror et First person Shooter ? Difficile à dire car malgré une ambiance pesante, on ne sursaute pas vraiment devant des apparitions fonctionnant toujours sur le même principe (on se retourne, hop, vision, des flash-back sanglants, etc) ou des séquences qu'on nous rabâche une fois encore, le souffle d'explosion nous projetant par la fenêtre compris. Ok, cet exemple sert aussi de clin d'oeil aux développeurs mais il n'en reste pas moins que malgré ses qualités, Perseus Mandate recopie à la virgule près son aîné.
Toutefois, en Normal ou Difficile, on prend une fois de plus un pied magistral. Les affrontements sont dynamiques et l'IA fait encore des miracles même si certaines réactions des ennemis peuvent surprendre, surtout quand on nous permet parfois de nous planquer derrière des blocs de briques pour recharger complètement notre jauge de ralenti sans craindre une quelconque attaque. Quoi qu'il en soit, ce stand-alone nous propose quand même deux ou trois morceaux d'anthologie dont un combat contre un gigantesque robot dans quatre petites pièces communicantes ou un affrontement final contre plusieurs Nightcrawlers armés de lance-grenades. Au final, on prend du plaisir à jouer mais le tout se termine aussi rapidement qu'Extraction Point. On pourra bien débloquer trois missions bonus mais comme celles-ci se déroulent dans des environnements du mode Scénario et que le but avoué est d'éliminer tous les ennemis qu'on croise, l'intérêt est tout relatif. Heureusement que le multi, armé de nouvelles maps, rallonge un peu la durée de vie. Est-ce donc suffisant pour s'acheter cette nouvelle extension ? Oui et non car en marge d'un scénario peu intéressant (sans parler de cette fin d'une banalité affligeante), d'un faible nombre de nouveautés, Perseus Mandate remplit son office en accumulant les douilles et les corps s'envolant au ralenti, au gré de monstrueuses déflagrations. Du déjà-vu mais benêts comme on est, on en redemande encore et en gore.
- Graphismes13/20
Le moteur graphique n'a pas changé depuis le premier opus et si les gunfights sont toujours aussi percutants, grâce au ralenti et aux décors destructibles, synonymes d'une bonne gestion des particules, les textures sont plutôt pauvres et le tout a pris un sacré coup de vieux. Ceci dit, bien que les décors soient vides, ils sont bien plus éclectiques que dans F.E.A.R. et Extraction point.
- Jouabilité15/20
Aucun ajout pour ce qui est de la jouabilité en elle-même. On notera cependant l'arrivée de deux nouveaux types d'ennemis (une version évoluée d'un robot de combat vu dans Extraction point et les Nightcrawlers qui auraient leur place dans le casting de Blade II) et de quelques nouvelles armes. L'IA est toujours aussi convaincante (malgré quelques errances) et si le ralenti simplifie une fois encore un peu trop les choses, la puissance des gunfights est directement liée à cet aspect du gameplay.
- Durée de vie9/20
Huit intervalles qui vous demanderont environ de six à huit heures selon le mode de difficulté choisi. Ceci dit, si vous jouez en Normal ou Difficile, préparez-vous à deux ou trois scènes très très chaudes, notamment vers la fin contre les Nightcrawlers. Une fois l'aventure terminée, des missions Bonus sans grand intérêt se débloquent et il reste bien sûr comme d'habitude le Multijoueur (avec l'ajout de nouvelles maps notamment) pour rallonger la durée de vie.
- Bande son15/20
Un doublage français plutôt correct et si les musiques sont toujours aussi tripantes, on regrettera que plusieurs, excellents, thèmes des anciens opus constituent la moitié de la bande-son. Un peu d'originalité n'aurait pas fait de mal.
- Scénario9/20
Plus maîtrisé que Extraction Point, notamment au niveau des apparitions, Perseus Mandate n'en reste pas moins assez léger en matière de scénario. Plusieurs séquences des anciens F.E.A.R. sont ici reprises à l'exact, le rôle des personnages n'évolue pas et la vraie fin (visible après les crédits) renvoie à celle de dizaines de jeux, de Metal Gear Solid à Syphon Filter.
Bien que Perseus Mandate n'arrive pas à la cheville de l'original, à cause d'un manque de véritables nouveautés (vous me direz, ce n'est qu'un add-on), il ne se situe pas très loin derrière. Plus éclectique en matière de décors, le titre propose également une progression plus fluide ponctuée par des gunfights toujours aussi jouissifs. On aurait juste aimé que le titre dispose de davantage de nouvelles armes, d'ennemis inédits tout en offrant une conclusion scénaristique plus ambitieuse en attendant la scission de la franchise entre Vivendi et Monolith.