Empire Earth 2 avait quelque peu déçu les fans du premier volet par les nombreuses modifications apportées au concept original. Pour Empire Earth 3, Mad Doc Software remet encore ça en changeant radicalement d'orientation. Une prise de risque payante ? C'est ce que nous allons tenter de découvrir.
Enfin, prise de risque, relativisons un peu. La plupart des nouveautés de cet opus ont déjà été vues ailleurs, il ne s'agit pas réellement d'innovations, plutôt d'idées reprises ici ou là. Le principal changement, c'est le mode de jeu qui répond au doux nom de "domination mondiale". Le globe terrestre est divisé en une trentaine de régions, le but étant bien évidemment d'en posséder le plus possible. Sur cette carte, le jeu se déroule en phases au tour par tour, pendant lesquelles on peut déplacer ses troupes. Quand une confrontation a lieu, on peut résoudre le combat automatiquement (ce qui présente peu d'intérêt, après tout il s'agit quand même d'un STR), ou bien prendre directement le contrôle de notre armée sur le terrain. Un mécanisme qui rappelle forcément la série Total War.
Avant de voir l'aspect stratégie temps réel plus en détail, attardons-nous un peu sur les spécificités de ce mode domination mondiale, car il n'est pas dénué d'intérêt, loin de là. Chaque province contrôlée peut être consacrée à la production d'une de ces trois ressources : commerce, empire et technologie, qui servent à évoluer en avançant d'époque ou en effectuant des recherches. La quatrième catégorie, les provinces militaires, est utilisée pour produire des armées qu'on peut personnaliser en fonction des besoins. Il suffit de choisir une des trois civilisations et on peut se lancer à la conquête de la planète. Trois civilisations seulement, là où Empire Earth 2 en proposait une quinzaine ? Oui, pour commencer, il faudra choisir entre Occident (la puissance, peu d'unités mais chères), Moyen-Orient (la rapidité) et l'Extrême-Orient (le nombre). D'autres factions sont jouables en mode escarmouche mais ce ne sont que des variantes de ces trois camps. Les plus bricoleurs pourront toujours se servir de l'éditeur pour en créer.
En mode combat temps réel, ce sont d'autres ressources qui prennent le relais : les matières premières et la richesse. Les matières premières se récoltent simplement en construisant un entrepôt près d'un gisement quelconque, qu'il s'agisse de bois, d'or ou de poisson, peu importe. Pour la richesse, il suffit de construire un marché loin de l'hôtel de ville et des transports se chargent de faire la navette. Bref, tout ça est très automatisé, il n'y a pas de micro-management à faire, une fois les bâtiments construits les caisses se remplissent toutes seules. Il faudra tout de même contrôler un territoire avant d'en récolter les fruits, le jeu ayant gardé le découpage de la carte en zones, concept introduit par son ancêtre. On trouve aussi sur ces maps quelques reliques qui peuvent rapporter facilement une fois débarrassées de leurs gardiens, comme dans un certain Age of Empires.
Libéré de la gestion des ressources, le joueur peut alors se concentrer sur le développement de sa base. Enfin là aussi, c'est vite vu, le nombre de constructions possibles étant assez restreint. Guerriers et archers se font au même endroit, il n'y a pas de bâtiment pour faire les recherches, les unités pouvant être upgradées directement. La seule recherche concerne le passage à l'âge suivant et s'effectue à l'hôtel de ville une fois atteint un certain nombre de points de technologie. Car s'il y a bien une chose qui ne change pas dans la série Empire Earth, c'est l'évolution à travers les époques, cinq en tout : antiquité, moyen-âge, coloniale, moderne et futuriste. La cinématique d'introduction donne d'ailleurs le ton dès le départ : de l'épée au robot de combat en passant par la poudre à canon, les possibilités de mise à mort vont être nombreuses.
Car avec une gestion économique réduite à peau de chagrin, les batailles tiennent la part belle au cours des parties (bien que la diplomatie s'avère souvent payante). Là, on retrouve le très classique gameplay pierre/feuille/ciseau évolué : cavalerie efficace contre infanterie mais vulnérable aux piquiers, armes de siège lentes et sans défense mais ravageuses pour les fortifications, etc. Le problème est que le pathfinding est trop souvent à la ramasse, quand ce ne sont pas des groupes entiers qui ne réagissent tout simplement pas à un ordre, ou avec du retard. Les unités jouent des coudes, se poussent les unes les autres, ce qui donne lieu à des glissements sur le sol assez hilarants, bien involontairement. Les vraies tentatives d'humour se trouvent dans les répliques de nos soldats, inspirées de celles de Warcraft, mais elles tombent le plus fréquemment à plat. Bref, Empire Earth 3 pâtit d'une réalisation technique imparfaite, qu'on retrouve également dans le moteur 3D qui manque d'optimisation, pour un résultat juste moyen. Tout ça n'est pas suffisant pour gâcher le plaisir, qui est bien présent, mais ça noie le titre de Mad Doc dans la masse des STR corrects, loin des ténors du genre.
- Graphismes13/20
Les graphismes sont assez inégaux, entre les bâtiments et unités plutôt mignons, et les décors moins soignés, surtout en ce qui concerne la végétation. Le jeu est de plus assez mal optimisé. Bien qu'on soit loin des vidéos de présentation qui tenaient plus du diaporama que du film, ça saccade parfois si on a le malheur de tenter de naviguer sur les flots pendant qu'une averse fait rage, et ce même sur une configuration matérielle musclée.
- Jouabilité13/20
Ce mélange d'influences venues de divers horizons est inédit, pourtant il respire le classicisme. Les phases sur le globe sont intéressantes, mais ce sont les batailles en temps réel qui constituent le coeur du jeu, et là c'est beaucoup plus mitigé, la faute à l'intelligence artificielle déplorable, notamment au niveau du pathfinding.
- Durée de vie14/20
Il n'y a pas de campagnes à proprement parler, juste le mode domination mondiale, assez conséquent, et les escarmouches sur une vingtaine de cartes. On retrouve évidemment ces maps en multijoueur, et il est possible d'en créer grâce à l'éditeur fourni, malheureusement peu intuitif.
- Bande son14/20
Le doublage français n'est pas mauvais, après il faut accrocher à l'humour au ras des pâquerettes des répliques... En revanche un bon travail a été réalisé sur les bruitages et la musique.
- Scénario/
Age of Empire, Warcraft, les Total War... Beaucoup de grands noms de la stratégie en temps réel ont été cités dans cet article. Et pour cause : Empire Earth 3 se contente souvent de reprendre ailleurs des idées et de les assembler en un patchwork avec plus ou moins de bonheur. On se retrouve donc avec un jeu relativement bien foutu mais pas transcendant pour un sou, qui aura donc toutes les peines du monde à rester dans les mémoires face à la concurrence.