Cette fois en revanche, les boules de poils au QI négatif ne chercheront pas à nous amadouer avec une sorte de jeu de plates-formes un petit peu mollasson, comme ce fut le cas sur leur première cartouche. Non, les fieffés freluquets à fourrure (magnifique allitération s'il en est, prenez-en de la graine) comptent bien s'en tenir à ce qu'ils font le mieux, à savoir les mini-jeux. Aussi débiles soient-ils, les monstres sont tout de même parvenus à concevoir un plan machiavélique qui ferait d'eux la race dominante sur Terre, supplantant ainsi les pauvres créatures inadaptées que nous sommes. Déterminés à tout apprendre du comportement humain pour mieux nous réduire en esclavage, les léporidés se lancent donc dans une phase intense d'entraînement, singeant les hommes pour mieux se préparer à leur future hégémonie mondiale. Et du petit personnage démembré nommé Rayman, on n'entendra finalement jamais parler puisqu'on incarnera en fait une des petites teignes dans son apprentissage malheureux de ce qu'elle considère comme le "comportement humain normal".

C'est donc au cours d'une quarantaine de mini-jeux complètement barrés que notre intenable peluche s'appliquera à amplifier nos plus horribles travers et à décupler l'absurdité de certains de nos comportements. Téléphoner avec son portable en pleine séance de cinoche (ce qui implique qu'on devra hurler dans le micro de la console), cracher de la nourriture, avaler des piments pour s'envoler vers la stratosphère, faire des graffitis, monter des groupes disco et faire des reprises de titres bien connus seront autant de joyeusetés à pratiquer à la pointe du stylet. Les mini-jeux se répartissent en fait sur 6 zones géographiques et s'inspirent bien évidemment des coutumes ou spécificités locales. Au Japon, on devra donc découper des aliments au katana, ou se tataner la tronche dans une pseudo séquence de Kendo, alors qu'aux Etats-Unis, on devra jouer au caissier dans un fast-food ou enfourcher Rosa, une vachette mécanique lors d'une séance de rodéo. Bref, l'absurdité outrancière, la profonde débilité si caractéristique des lapins d'Ubisoft est bien au rendez-vous et ravira sans doute les amateurs de calembours délicieusement lourdingues. Pour un temps du moins. Il est tout de même dommage que le jeu ne nous délivre pas la moindre cinématique, un plus qui aurait pu nous plonger avec davantage d'efficacité dans la loufoquerie de cet univers de poils et de civets. D'autant que la DS s'est déjà montrée capable d'afficher de fort belles séquences vidéo. Pour l'humour, le titre repose donc exclusivement sur le contenu de ses mini-jeux, ce qui constitue sans doute l'une de ses plus grandes faiblesses. Effectivement, en l'état, le titre se montre assez inégal, affichant quelques trouvailles sympathiques et drôles, aux côtés d'une majorité de mini-jeux classiques et franchement décevants.

Sachez d'ailleurs que toutes les zones géographiques ne seront pas accessibles dès le départ et qu'on devra les débloquer à grands coups de stylet. Même combat pour les divers accoutrements dont on pourra affubler notre avatar poilu. Faites péter les high-scores et vous obtiendrez ainsi de superbes perruques rastas, des lunettes à la Polnareff et bien d'autres artifices capables de rendre votre lapin teigneux toujours plus ridicule. Mais franchement, l'intérêt d'une telle débauche d'absurdité tend à s'éroder rapidement lorsqu'on s'y adonne en solo. D'autant que quelques-unes des activités proposées ne se révèlent être que des variantes d'un ou deux mini-jeux. On pensera ainsi à la récurrente session de coloriage chronométrée, ou à ce jeu de rythme qui conclue chacune des six zones du jeu. Certes, le morceau à reproduire en pointant des pastilles qui tombent du haut de l'écran est différent dans chaque pays, mais tout de même, plus de variété n'aurait pas fait de mal. On souffrira également d'une difficulté inégale qui tend à rendre certaines activités trop faciles, et d'autres trop ardues. Mais dans l'ensemble, les petits gars d'Ubisoft sont tout de même parvenus à délivrer quelque-chose de plaisant à jouer, et de relativement bien calibré. Rassurez-vous donc, le soft reconnaît parfaitement tous les mouvements que votre stylet effectuera sur l'écran, tout comme il saura évaluer le volume sonore que vous serez capable de produire lors des mini-jeux "vocaux".

Mais vous l'avez sans doute déjà compris, le véritable intérêt de la cartouche réside dans son mode multijoueur. On pourra donc pratiquer ce concentré d'âneries en partage ou en multi-cartes avec 3 autres amateurs de "lapineries". Comme souvent et si cela est possible, on préférera jouer avec plusieurs exemplaires du jeu afin de minimiser les temps de chargement et profiter de plus d'options de configuration. Mais quelle que soit la méthode, il y a de fortes chances pour que vous amusiez quelques minutes, avant de vous lasser de ces mini-jeux certes sympathiques, mais souvent redondants. On pourra tenter de se consoler un peu avec l'agréable prestation graphique de ces Lapins Encore Plus Crétins, fort bien mis en valeur par les deux écrans de la DS, mais comme chacun sait, cet aspect ne suffit guère à faire un jeu. Cette deuxième sortie des rongeurs de carottes sur la portable de Nintendo n'est donc pas aussi divertissante qu'on aurait pu l'espérer, même si on appréciera tout de même l'ambiance extrêmement décalée de cet univers de poils et de paillettes. A n'adopter que vous si vous êtes en manque de mini-jeux débiles.