Il n'a fallu qu'un essai à Ubisoft pour convertir une idée farfelue en véritable phénomène. Depuis un an maintenant, les lapins crétins ont été adoptés par beaucoup d'entre nous, au rythme de leurs grimaces flippantes, de leur sens de la propreté et d'un fort penchant à s'égosiller pour un rien. Des bestioles totalement débiles qui font leur retour sur Wii, un support qui a lancé leur carrière vidéoludique.
Les Lapins Crétins surfent sur la vague d'un succès populaire qui a fait d'eux des bêtes de foire qu'on adore voir se ridiculiser dans des situations plus cocasses les unes que les autres. Et finalement, le plus frustré de cette célébrité est certainement Rayman en personne. Car il faut l'avouer, que l'on incarne Rayman ou n'importe quel autre personnage un peu oublié par les développeurs d'un marché contemporain à la recherche de nouveaux héros, c'est du pareil au même. Relayé au simple rang de figurant par ces boules de poils aux ambitions bien malsaines, il n'est donc qu'un élément du décor parmi d'autres et se voit contraint d'imiter les lapins du mieux qu'il peut pour tenter de regagner une place au soleil. Rayman a quitté sa cellule et s'infiltre au coeur même du complot crétin, afin de sauver le monde de l'invasion la plus idiote de l'histoire. La frontière entre le virtuel et la réalité est brisée, les lapins crétins nous envahissent.
Pour cette seconde aventure stupide, les développeurs du jeu ont revu leur copie en modifiant sensiblement le système de progression du titre. Si les mini-jeux se débloquent encore une fois après avoir vu le bout du mode "Voyages", qui correspond au mode histoire du premier volet, l'aventure est désormais directement jouable à plusieurs. Un bon moyen de profiter d'entrée du multijoueur sans pour autant passer outre cette phase préliminaire. Ce sont donc cinquante nouveaux défis qui s'offrent à vous, dont cinq musicaux qui vous permettent de choisir de chanter ou de jouer d'un instrument entre guitare, batterie, basse ou piano (jugez plutôt la "tracklist" : Papa's Got A Brand New Bag, Smoke On The Water, Satisfaction, Celebration et Teenager In Love) et cinq défis dits de tir. Ces derniers avancent d'ailleurs deux originalités depuis les premières versions des Lapins "simplement" crétins. D'une part, le rechargement de ventouses ne se fait plus en agitant le Nunchuck mais simplement en appuyant sur le bouton A de la Wiimote. Et plus important, les environnements de ces phases de shoot à la première personne sont carrément réels, capturés dans de grandes cités internationales comme New York ou Paris. Certains passages prendront par exemple place sur les bords de la Seine ou même carrément au Lido... Une idée qui a du bon. Tout autant que celle qui introduit désormais les mini-jeux par de courtes cinématiques mettant en scène les lapins.
Venons-en donc à ces épreuves, qui peuvent être jouées de un à quatre. D'ailleurs, précisons d'entrée que le solo n'a fondamentalement pas vraiment d'intérêt. A moins que votre truc ne soit de battre vos propres records, encore et encore, pour débloquer une multitude de costumes plus ridicules les uns que les autres. Notons également que la notion d'échec a disparu. La progression est constante et que vous réussissiez l'épreuve ou non, vous accéderez directement à la suivante. Les mini-jeux sont donc dans la lignée des premiers, si ce n'est qu'ils sont hautement plus parodiques. Plusieurs références y passent, d'Indiana Jones à Spider-Man en passant par Jackass. Avec plus ou moins de réussite du reste. Car il faut bien admettre que l'imagination des développeurs semble avoir atteint une certaine limite dans la mesure où la Wiimote et le Nunchuck ne sont pas plus exploités que dans le premier opus et que l'humour des cinématiques ne se retrouve pas forcément pendant les jeux. Un peu moins originaux, un peu moins fendarts, un peu moins dégoûtants que dans Les Lapins Crétins premier du nom, les mini-jeux demeurent un moyen efficace de s'amuser à plusieurs mais leur impact est éphémère. Peut-être la faute à un peu de satisfaction du côté d'Ubisoft ou tout simplement parce qu'il est compliqué d'atteindre le délicieux niveau de stupidité d'il y a douze mois.
Citons tout de même quelques exemples de mini-jeux qui valent leur pesant de cacahuètes. Je pense par exemple aux jeux qui font appel à un certain équilibre comme le service dans un restaurant où les plats atteignent des hauteurs vertigineuses, prêts à s'effondrer devant la mine déconfite d'un lapin aussi gras qu'impatient. Vous devez alors diriger votre personnage avec le stick analogique en veillant à ne pas trop émietter le maxi sandwich destiné à finir dans l'estomac de la bête. Autre exemple, le mini-jeu des écoliers perturbateurs où la mission est des plus simples : bombarder le professeur de boulettes en papier pendant que celui-ci a le dos tourné et rester immobile quand il décide de vous faire à nouveau face. Dans le genre graveleux et un peu sale comme on l'aime bien, certains mini-jeux font directement appel aux compétences en termes de flatulences. Car, oui, on pourra vous demander de secouer une bouteille de soda pour la faire gazer un maximum dans le but de détruire purement et simplement une ville rien qu'à la force du pet. Distingué, raffiné. Et Les Lapins Encore Plus Crétins regorgent de ce genre de mini-jeux, ce qui plaira donc aux amateurs de premier degré.
- Graphismes12/20
Un univers toujours aussi particulier et très coloré qui tourne autour des pitreries et des animations faciales pour le moins uniques des Lapins Crétins. Sans prétention aucune, le titre conserve tout de même une vraie personnalité qui suffit à nous faire oublier l'aspect technique du soft, tout juste correct.
- Jouabilité14/20
La difficulté du jeu a été revue à la baisse du fait de l'absence d'échec. Ce qui permet de ne pas trop se prendre la tête à buter sur une épreuve un peu tordue. Toutefois, si le titre a du potentiel à plusieurs, il n'a pas vraiment lieu d'être dans une ludothèque d'un joueur exclusivement solo. Et même, à deux, trois ou quatre, Les Lapins Encore Plus Crétins peinent à nous distraire autant que leurs aînés.
- Durée de vie12/20
On voit très rapidement le bout des cinquante mini-jeux du titre d'Ubisoft. Celui-ci manque donc un peu de profondeur et pire, d'originalité et d'inventivité. Il participera cependant à animer des soirées multi. Et c'est bien le but recherché.
- Bande son14/20
Les morceaux musicaux sont particulièrement bien choisis pour mettre en avant les cordes vocales gonflées à l'hélium des Lapins Crétins. L'ambiance sonore n'est pour le reste des mini-jeux pas vraiment importante mais se fond parfaitement dans le moule.
- Scénario/
Difficile de considérer l'intrusion de Rayman dans les camps retranchés des Lapins Crétins comme une véritable base de scénario...
Des Lapins Crétins toujours aussi débiles mais qui rentrent un peu dans le rang. Un titre toujours fun à plusieurs mais en perte de vitesse puisqu'il n'avance pas l'originalité ou les délires d'un premier opus pour le coup plus réussi.