Faisant vibrer la corde de la nostalgie, Playground nous ramène en enfance pour disputer des mini épreuves dans la cour de récré. Compilation à la Wii Sports, mignon mais sans prétention, ce titre se destine avant tout aux plus jeunes.
Ah, les cours de récréation, ces terrains de jeux intarissables ! On s'y inventait des histoires fabuleuses avec pour seuls accessoires quelques balles et des pneus. Les consoles portables n'existaient même pas (oui, la vie était dure en ce temps-là). Je me souviens des marrons qu'on ramassait dans la cour et de ceux qu'on se balançait dans la tronche pour un crayon de couleur volé ou pour une petite soeur chahutée. "T'ar ta gueule à la récré !" chantait Alain Souchon. C'est un peu le thème de Playground, mais en plus sage. Ici, les gosses se défient autour du circuit de voitures électriques et s'affrontent en équipe au ballon prisonnier. Au total sept jeux seront jouables, seul ou à plusieurs. En plus des deux sus-cités, il y aura des lancers d'avions en papier, du Tetherball, de la balle au mur, du tennis-ballon et un tir aux fléchettes. Il existe également quatre petits divertissements minimalistes jouables en solo tels que la chasse aux papillons ou le dribble.
Petite déception dès la sélection de notre sportif en herbe : il est impossible de le customiser. Il n'y a pas d'option pour importer son Mii non plus. On devra donc choisir parmi des personnages prédéfinis. Second point noir beaucoup plus ennuyeux, le Nunchuck n'a pas été pris en compte dans le développement du jeu. Dave McCarthy, le producteur exécutif de Playground justifie cette décision en expliquant que son équipe "fut surprise de voir le nombre de commandes qui pouvaient tenir dans la seule Wiimote". Soit. Cela dit, n'importe quel joueur maudira dès les premières minutes le contrôle directionnel de son personnage à la croix de la Wiimote. La navigation dans les quatre zones du mode solo et la jouabilité de quelques épreuves s'en ressentent. C'est d'autant plus dommage que ces dernieres sont plutôt agréables dans l'ensemble.
La course de voitures électriques a du punch et réserve de nombreux renversements de situation. En penchant la Wiimote à droite ou à gauche, on peut changer de voie et une pression sur B déclenchera les bonus que l'on aura ramassés. Inutile de dire que les parties multijoueurs, sans atteindre la folie d'un Mario Kart, seront âprement disputées. Le ballon prisonnier se joue en équipes de trois. Comme dans la réalité, il s'agit de lancer le ballon sur ses adversaires pour les capturer. Esquive, coup spécial ou captation de balle rendent les matches vivants et même passionnants à plusieurs. La balle au mur en revanche est beaucoup moins excitante. Les joueurs devront simplement se contenter d'agiter leur manette au bon moment. Même remarque pour le Tetherball (un ballon relié à un mât par un élastique). Le Tennis-ballon, renommé foufoot pour l'occasion, oppose deux enfants en équipe de part et d'autre d'un filet et se joue exclusivement au pied. Les affrontements plutôt molassons sont constitués de passes et de smashes. Dans un registre radicalement différent, les épreuves d'avions en papier proposent des courses aériennes étonnantes. Le joueur tient la Wiimote du bout des doigts et l'incline afin de faire franchir à son aéronef des obstacles tout en récupérant des bonus. L'expérience ne manque pas de charme. Enfin, le tir aux fléchettes est un petit FPS déjanté, clairement repompé sur le tir aux ventouses de Rayman Contre les Lapins Crétins. On y retrouvera les cibles, les copains affublés d'armes inoffensives et même le boss à la fin des niveaux. L'épreuve est bien réalisée mais on aurait aimé plus d'originalité.
Si l'intérêt du titre tient évidemment dans son mode multijoueur, il existe également un mode solo divisé en quatre zones. Les gamins qui peuplent la cour de l'école, le bois, le stade et le parc, devront être battus à leur sport favori pour leur ravir un de leurs précieux autocollants en or. Il sera également possible d'en acheter d'autres qui permettent de débloquer des aptitudes spéciales et des bonus comme le super tir au ballon prisonnier ou l'avion de chasse en papier. Dans les cours de récréation, ce sont les billes qui tiennent lieu de monnaie. Il y en a dans tous les niveaux mais c'est surtout en relevant des défis avec les autres enfants que l'on aura bientôt les moyens de garnir son album des précieux autocollants. Le but ultime reste de défier le champion en personne pour prendre sa place. Ce mode solo se termine en quelques heures et les défis supplémentaires pour récupérer des billes, comme la présence des quatre mini-jeux additionnels, n'excusent pas la durée de vie trop limitée si l'on n'a pas la possibilité de jouer contre des amis. Le design de Playground est volontairement mignon et enfantin. Ici, pas de mauvais esprit, les enfants sont gentils. Ils ne s'insultent pas et n'en viennent jamais à se rouler par terre pour se mettre sur le pif. Il ne s'agit donc pas d'une version junior de Canis Canem Edit. Néanmoins, on peut justement supposer que ce Wii Sports pour jeunes joueurs saura convaincre sa cible avec son univers attachant et ses épreuves faciles et amusantes. Les autres passeront leur chemin et préféreront les olympiades d'Astérix ou celles à venir de Mario et Sonic.
- Graphismes12/20
Les couleurs criardes et le design enfantin peuvent rebuter les moins jeunes. Les décors des épreuves ne sont guère fouillés et les animations restent sommaires.
- Jouabilité11/20
L'absence du Nunchuck se fait cruellement sentir. La navigation est imprécise et il est difficile d'appuyer sur A tout en se dirigeant avec la croix. Malgré ce choix pour le moins étrange des développeurs, le gameplay de la plupart des épreuves n'est heureusement pas affecté.
- Durée de vie10/20
Seulement sept épreuves et quatre mini-jeux solos, c'est peu en fin de compte. De plus, l'aventure individuelle est trop courte pour retenir l'attention plus d'une après-midi. Il faudra donc que nos chères têtes blondes invitent des amis pour profiter du titre car il n'y a pas de mode online.
- Bande son8/20
Les musiques d'ambiance sont insupportables de niaiserie. On les coupera au bout de trois minutes ou l'on conseillera à ses enfants de jouer au casque pour ne pas subir un tel supplice. Les bruitages sont sympathiques, sans plus.
- Scénario/
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Les plus jeunes pourront accrocher au concept plus accessible et moins austère que Wii Sports. Néanmoins, cette petite compilation d'épreuves multijoueurs ne présente aucun intérêt pour leurs aînés en dehors du trip régressif assumé.