Il fallait avoir un sacré toupet pour songer à ce qu'un animal aux grandes oreilles et un petit robot génie puissent un jour devenir l'un des duos les plus sympathiques des consoles Sony. Pourtant, les deux compères nous ont séduits sur PS2 et PSP et soufflent cette année leur cinquième bougie. Et en y mettant les formes puisqu'ils investissent la nouvelle génération pour la première fois, soutenant sur leurs solides petites épaules un poids bien existant. Sony compte en effet sur la patte d'Insomniac Games pour donner envie aux amateurs de jeux de plates-formes d'investir dans une PS3, si ce n'est déjà fait. Indubitablement, les fidèles de la série vont craquer.
S'ils ont conclu leur règne PS2 par un Gladiator privilégiant la destruction au scénario par le biais d'un système d'arènes assez répétitif, les éternels sauveurs de la galaxie Polaris sont de retour à des affaires plus "conventionnelles". Les bras de Ratchet et le cerveau de Clank vont s'associer une fois de plus dans un long voyage qui va les mener de planète en comète en passant par des amas d'étoiles et autres anneaux d'astéroïdes. Une quête de la liberté puisqu'une fois de plus, un sombre personnage, assoiffé de pouvoir et mégalomane au possible s'est mis en tête de conquérir le monde en s'autoproclamant Empereur. Cette terreur qui répond au nom de Tachyon cultive une haine de la race Lombax qui va le pousser à tout faire pour conclure son extermination. Ratchet est donc le premier visé, lui, le dernier représentant de sa race qui va parallèlement tenter de découvrir le secret Lombax, finement caché par ses ancêtres durant des générations. Voilà pour les bases d'un scénario qui va être animé par des cinématiques pleines d'humour dans lesquelles le "fameux" Capitaine Quark aura évidemment sa place, lui qui possède un profil très similaire à Santan de DBZ, pour ceux qui n'ont pas suivi la série depuis ses origines.
Comme à chaque fois qu'une série fait le pas d'une génération de machines à la suivante, une question se pose d'elle-même. Qu'est-ce que cela a-t-il changé ? Dans ce cas particulier, finalement, pas grand-chose en dehors d'une progression technique évidente et d'une animation désormais quasi sans faille à tous les étages. Les développeurs ont clairement fait en sorte que le joueur ait l'impression de vivre la suite directe des aventures des deux héros, sans chamboulement massif, en profitant simplement d'une technologie très supérieure à la précédente et d'une flopée de nouvelles armes et de gadgets délirants. Le gameplay s'inscrit donc dans une logique de continuité qui ne cède donc pas au boost des capacités de Ratchet et de Clank comme on aurait pu l'imaginer. La vraie nouvelle feature n'est en fait ni plus ni moins que le Sixaxis en lui-même, utilisé avec parcimonie et à différentes fins. Comme par exemple pour contrôler la trajectoire d'un saut en parachute, diriger les ailes qui feront planer Ratchet, effectuer quelques pas de danse afin d'abuser des pirates, contrôler le lanceurs de tornades ou encore pour les mini-jeux de piratage de circuits électriques. Mais bien conscients que certaines de ces actions ne se prêtent pas entièrement à l'utilisation du Sixaxis (totalement jouables cependant), les développeurs vous laissent le choix de l'activer ou non. Le reste s'articule une fois de plus autour de l'utilisation de la clé à molette de Ratchet et des hélices de Clank. Du classique mais du bon classique.
Dans ce volet comme dans les précédents, Ratchet et Clank ne sont pas livrés à eux-mêmes et peuvent compter sur un soutien pas nécessairement prévu de quelques nouveaux personnages. On pense en priorité à Talwyn, une jeune aventurière à la recherche de son père disparu, accompagnée de ses deux fidèles robots, Cronk et Zephir. Ce trio intervient régulièrement aux côtés de Ratchet durant les gunfights les plus délicats mais ne comptez pas outre mesure sur une réelle efficacité de leur part... L'autre aide alliée a une incidence bien plus poussée sur l'histoire du jeu (mais comme nous ne sommes pas des spoilers...). Il s'agit des Zonis. Ce sont des mini-robots aux pouvoirs psychologiques surpuissants qui secondent Clank, l'appelant respectueusement "maître" au cours des quelques phases durant lesquelles le joueur le contrôle. Ces voyageurs inter-dimensionnels qui considèrent que Clank sera amené à vivre une destinée des plus exceptionnelles vont pouvoir, sur ses ordres, ouvrir des portes, créer des ponts, déplacer des plates-formes, attaquer des ennemis ou encore lui permettre d'entrer dans des phases de lévitation ou de boulet time. Grâce à leur aide, Clank va donc emprunter d'étroits passages auxquels Ratchet n'a pas accès, pour débloquer des situations. Un vrai travail d'équipe.
Cette année, Gadgetron revient aux affaires. Le fournisseur d'armes et gadgets abrite une mine de munitions en tout genre. L'imagination des équipes de développement a encore fait des merveilles pour nous proposer un tas d'outils originaux qui vont pousser le joueur à utiliser à quasi-part égale chacune des quinze armes, chacun des onze gadgets et chacun des huit dispositifs. Un arsenal véritablement impressionnant qui a conduit à étaler la sélection rapide de votre matériel sur pas moins de trois pages. Comme il serait légèrement pompeux de lister tous les objets, je me contenterai de mettre l'accent sur ceux qui ont ma préférence. Côté armes, on peut compter sur des Monstres Plasma dont la durée de vie est des plus éphémères (quelques secondes tout au plus s'ils combattent). Ces gardes du corps synthétiques peuvent attaquer n'importe qui mais explosent très rapidement. Très efficaces cependant. Mais sans doute moins que le Discozizag, une version évoluée du lanceur de disques métalliques. Ceux-ci ricochent purement et simplement sur n'importe quelle partie des environnements et sur les ennemis, jusqu'à leur élimination, sans même que le joueur ait à viser. Au rayon des gadgets, vous apprécierez le Gelanator qui permet de construire des plates-formes de gel sur lesquelles prendre appui pour effectuer des sauts monstrueux. Enfin, mention spéciale au Groovitron, un dispositif qui va inciter n'importe quel ennemi, des moins dangereux aux boss les plus coriaces, à danser sur un air disco sous une boule à facettes. Il ne vous reste plus qu'à vous marrer un bon coup et à leur donner le coup de grâce avant de les voir reprendre leurs esprits.
Tout cet attirail est amené à évoluer au fur et à mesure de son utilisation. Concrètement, plus vous utilisez une arme, plus rapidement elle évoluera, du premier au cinquième et dernier niveau, qui comprend de subtiles ajouts de rapidité, de puissance et d'efficacité. En parallèle, le joueur peut lui aussi améliorer ses armes mais auprès des vendeurs Gadgetron cette fois, en utilisant le Raritanium récolté ça et là sur chacune des planètes. Le Raritanium est, comme le boulon, une monnaie d'échange mais se veut beaucoup plus rare, comme son nom l'indique. Il pourra être découvert par hasard, dans des endroits retirés, ou en traitant avec un contrebandier, toujours partant pour vous fournir en la matière pour peu que vous ayez quelques âmes de monstres abattus à lui échanger. Mais l'autre moyen de faire évoluer en flèche vos armes est de vous rendre dans l'arène de combat, d'enchaîner les nombreux défis qui y sont proposés. Comme dans les précédents opus de la série, cette arène est bourrée d'ennemis peu scrupuleux qui ne vous laisseront parfois même pas le choix de l'arme utilisée, le tout dans une limite de temps. C'est également le lieu favori du Capitaine Qwark, corrompu qu'il est par les hautes sphères du pouvoir et l'Empereur Tachyon. Quoi qu'il en soit, vous pourrez y retourner à souhait pour faire le plein de boulons ou mettre à l'essai votre dernière acquisition.
Ratchet & Clank : Operation Destruction est donc dans la lignée de ses prédécesseurs. Le gameplay basique s'avère très simple à prendre en main et se calque littéralement sur celui que l'on connaît déjà. L'aventure est peut-être un peu trop simple mais le nombre de planètes et étapes à visiter ou à franchir est largement suffisant pour que vous jouiez entre 15 et 20 heures. Ainsi, une touche pour la clé, une de sélection d'arme, une de tir, une de saut (ou double-saut), une de visée et les célèbres déplacements latéraux qui vous permettent de locker votre ennemi tout en bougeant de droite à gauche sont les seules commandes à retenir. Le reste, Ratchet va le faire de lui-même ou les situations vont imposer d'utiliser les différents moyens de se déplacer que seront des ailes, les glisso-rails, le gyro-cycle ou encore les vaisseaux durant les phases de shoot aérien. Des phases qui sont d'ailleurs assez nombreuses et qui proposent des contrôles puisque vous déplacez votre vaisseau avec le stick analogique gauche et visez avec le stick analogique droit. Des passages sans doute un peu moins délicats que dans les trois premières itérations PS2 mais qui abriteront eux aussi des boss à exterminer, la majeure partie du temps pour assurer le passage d'un ensemble de planètes à l'autre.
Contrairement à Ratchet 3 et Ratchet Gladiator, Operation Destruction ne propose pas de mode multijoueur, que ce soit off ou online. Du coup, la rejouabilité du titre réside dans le fait de parcourir à nouveau les planètes, afin de trouver l'intégralité des boulons d'or ou récolter suffisamment de boulons classiques pour se payer les dernières évolutions des armes qui en coûtent parfois jusqu'à plusieurs millions. Des costumes se débloquent également au fur et à mesure de l'aventure, afin de jouer avec des personnages qui lui sont exclusifs. En résumé, en dépit de l'absence d'un mode 2 joueurs ou plus, le titre d'Insomniac Games est suffisamment long et rejouable pour justifier son investissement. D'autant que le plaisir et la variété sont là, avec des planètes tantôt chaudes, tantôt froides, très colorées et extrêmement fouillées. On se demande d'ailleurs comment les level-designers font pour être toujours aussi inspirés, après cinq titres sur consoles de salon et donc une bonne cinquantaine de planètes. Et ce n'est pas terminé puisque Operation Destruction aura droit à sa suite, soyons-en sûrs.
- Graphismes17/20
Si la PS3 va souffrir de ralentissements à deux ou trois reprises durant l'aventure, on ne peut que saluer la fluidité du jeu en dépit des innombrables actions simultanément affichées à l'écran. Le level-design s'impose une fois de plus comme une référence. C'est joli, coloré et varié et la joie de découvrir une nouvelle planète est toujours la même. Seules quelques textures passent un peu à travers durant les cinématiques. Qu'importe, le titre possède une véritable identité et des personnages très charismatiques.
- Jouabilité17/20
Difficile de trouver un véritable point faible au gameplay de ce titre. Les problèmes de caméra ont été gommés, la difficulté suit la même courbe que l'évolution de la jauge de vie de Ratchet, les ennemis ont tous un point faible à trouver en utilisant la pléthore de munitions à notre disposition... On prend beaucoup de plaisir à faire évoluer nos armes et à les utiliser variablement. Même les phases de shoot ou celles faisant appel au Sixaxis sont une réussite.
- Durée de vie16/20
Les moins têtus mettront à peine quinze heures pour terminer le titre. Les autres s'approcheront plutôt de la petite vingtaine. Ce qui s'avère réellement conséquent et finalement inévitable puisque aucun mode multijoueur n'est de la partie. De plus, Operation Destruction bénéficie d'une certaine rejouabilité qui pourra intervenir immédiatement après avoir terminé la campagne ou plus tard, si vous souhaitez revivre les péripéties du duo de choc.
- Bande son16/20
Durant les cinématiques, les doublages sont toujours d'une excellente facture. C'est un point fort qui ne quittera certainement jamais la série, tant les voix collent au caractère et au physique des personnages et les dialogues ne manquent pas d'humour. Quant à l'ambiance sonore in-game, elle est avant tout faite d'explosions dans tous les sens. Ca, c'est le côté bourrin du jeu.
- Scénario14/20
Ratchet et Clank doivent à nouveau sauver la planète. Cette fois, c'est l'Empereur Tachyon que vous allez devoir défier. Une progression classique, sans véritable surprise, dans la veine d'un bon Ratchet. Jusqu'à la dernière cinématique tout du moins...
Opération Destruction n'est finalement qu'une aventure de plus au palmarès d'un duo toujours aussi charismatique. Pourtant, il s'impose déjà comme un vrai blockbuster, subtil mélange entre action et humour. Il avance une esthétique qui tient tout autant du jeu vidéo que des meilleurs films d'animation et se renouvelle parfaitement grâce à des armes toujours plus originales et des gadgets incroyablement fendarts. Un bonheur à déguster en bourrinant le moins possible.