Vous pensiez pouvoir fuir les quotidiennes de la septième saison des bruyants académiciens en allumant votre PC ? Eh bien c'est raté ! Non contente de squatter le PAF tous les jours, de monopoliser la radio et de venir nous harceler en tournée jusqu'au fin fond de la Bretagne, la Star Ac' investit également nos ordinateurs. Sauve qui peut !
La Star Ac, en France, c'est sacré. Sept ans d'émissions. Sept ans de malheur diront certains mais que l'on soit fan ou que l'on déteste, que l'on soit mélomane ou que l'on ne sache pas tirer trois notes d'une flûte à bec, le fait est que chacun y a trouvé son compte. Les midinettes s'exclament devant les beaux gosses qui se trémoussent devant un parterre d'ados déchaînés. Les grincheux passent leurs soirées à se moquer de la dernière fournée de casseroles qui enchaînent les couacs sur scène. Les ménagères de moins de 50 ans mettent la quotidienne en fond sonore pour repasser les chaussettes de monsieur, tandis que les intellectuels dissèquent le microcosme sociologique de la vie de groupe. La Star Ac est donc un divertissement universel. Si, hypocritement, nous nions tous regarder l'émission, nous connaissons pourtant chacun les noms de Jennifer, Grégory ou Jean-Pascal. Ayant envahi avec un tel succès la plupart des supports média, il était logique que le concept tente de s'imposer dans le monde lucratif du jeu vidéo. Après deux tentatives plus ou moins infructueuses, c'est désormais SDLL qui s'y colle pour imposer à toute force le strass et les paillettes dans notre chasse gardée vidéoludique. Le résultat est terrifiant !
Ce matin, dans la voiture, mon horoscope m'avait expliqué que la journée serait longue et douloureuse. En arrivant à la rédac', je trouvai un CD de Ma Star Academy sur mon bureau. Bizutage ou signe du Ciel, j'hésitai encore à accorder crédit à la sinistre prédiction de l'astrologue jusqu'à ce que le jeu se lance. Comment avais-je pu offenser les Dieux à ce point, je l'ignorais. Certes j'avais oublié de nourrir le chat à deux reprises en septembre, j'avais fumé dans le salon malgré les menaces de mort de ma compagne, et je m'étais envoyé une pizza en douce à 4h du matin devant Bioshock hier soir, mais de là à mériter pareil châtiment ! Arrivé sur un écran de présentation baigné de musique pop au rabais, je suis prié de choisir entre trois minettes sans la moindre possibilité de customisation. Premier souci : je suis un garçon. Bon, c'est pas si grave, j'ai toujours rêvé d'être blonde aux yeux bleus, tentons l'expérience. Me voici donc dans la peau d'une adolescente. Après avoir passé un joli haut noir, je dois me rendre à l'école pour tenter de retenir l'attention des sélectionneurs. Se déplaçant à la vitesse d'une limace hypoglycémique, mon personnage se traîne jusqu'à la salle de musique pour y passer une première épreuve de chant. Des mini quêtes s'en suivent alors pour me guider dans la jungle du show-business.
Notre apprentie chanteuse devra accomplir des missions aussi excitantes qu'aller chercher un sandwich pour sa copine ou suivre un chien jusqu'à une poubelle. Ne comptez pas rencontrer Nikos, Kamel ou Raphy ni encore aucun des élèves connus; ils sont aux abonnés absents. N'espérez pas non plus visiter le château de Dammarie-lès-Lys ou vous produire sur le plateau du prime : tous les environnements sont fictifs. On meurt d'ennui d'autant que pour rallonger la durée du jeu, les développeurs n'ont pas jugé bon d'intégrer une carte pour se déplacer rapidement entre la douzaine de zones peuplées de zombies sans âme. De temps à autre, des épreuves de danse ou de chant doivent être relevées. Suivant un principe ultra-limité, il s'agit d'appuyer sur les touches directionnelles ou cliquer sur la souris en rythme pour remplir sa jauge de crédibilité. La difficulté étant très mal dosée, on s'en sortira tantôt les doigts dans le nez alors que parfois la moindre fausse note sera éliminatoire. Les plus jeunes joueurs (enfin, joueuses puisque le titre semble uniquement destiné aux filles) risquent d'être rapidement frustrés par la dextérité ahurissante nécessaire pour obtenir certains succès qui permettent de progresser dans l'aventure ou d'aller faire du shopping. Frustrés, ils le seront d'ailleurs encore plus quand ils constateront que les quatre épisodes de l'histoire sont indépendants et que toute leur progression est perdue de l'un à l'autre.
Mis à part le design mignon du personnage principal et de sa garde robe, le jeu est affreusement laid. La modélisation des décors a été faite à la serpe tandis que les textures sont issues d'un autre âge technologique. La caméra virevolte dans tous les sens lors des représentations et les bugs d'affichages sont légion. Les musiques, point essentiel du jeu, décevront tous les fans de la Star Ac' puisque, et c'est une honte, aucun titre connu ni même aucune chanson françaises n'ont visiblement été intégrés au soft. Notre apprentie chanteuse se retrouve donc à matraquer des paroles de soupe pop anglaise sans âme. Les séquences de danse se déroulent principalement sur fond de hip-hop ou dance à quatre sous ultra-répétitif. Les arrangements ont l'air d'avoir été réalisés avec un mauvais Bontempi, à croire qu'ils sont l'oeuvre des académiciens eux-mêmes. Et encore, je pense aux moins doués d'entre eux ! Heureusement, il n'y a aucune bande son lors des phases d'exploration. Un comble pour un jeu musical mais un soulagement pour les oreilles !
Inutile de s'étendre d'avantage sur ce jeu abyssal qui ne présente d'intérêt pour personne. Les fans n'y retrouveront rien de l'univers de leur émission favorite et les anti-Star Ac n'auront même pas le plaisir de railler Nikos ou de lancer des tomates sur Nolwenn. Décidément, mon horoscope avait bien raison : ce test fut long et douloureux. Je termine donc sur un conseil vital pour votre Karma : n'oubliez plus de nourrir le chat !
- Graphismes7/20
Bien que colorés, les décors sont mal modélisés et vraiment vides. Aucun souci du détail n'a été pris en compte dans leur élaboration. Les personnages assez sympas souffrent hélas d'aliasing et d'animations douteuses. Des bugs d'affichage et de collision viennent compléter le tableau.
- Jouabilité7/20
Les épreuves de danse et de chant sont sans intérêt et leur difficulté varie du super facile au méga difficile sans préavis. On se déplace lentement et on galère pour déclencher les conversations. Enfin, les mouvements de caméra pendant les chorés finissent par donner la nausée.
- Durée de vie6/20
Le jeu est très linéaire et les missions consistant principalement à faire des allers-retours entre les différents personnages sont soporifiques. Bien que l'on puisse se produire pour gagner plus d'argent, on n'aura aucune envie de refaire 15 fois la même chanson et la même choré.
- Bande son5/20
Absolument honteuse pour un jeu musical, la bande son se compose de quatre titres inconnus et peu attractifs, frisant l'amateurisme. Seule la possibilité de faire chanter faux notre personnage, en cliquant à contre-temps, est vraiment marrante.
- Scénario5/20
Il y avait matière à une histoire passionnante dans l'univers de la télé-réalité. Au lieu de cela, on se retrouve avec une succession de situations ennuyeuses et fades. L'absence des vrais profs, des élèves connus et des lieux cultes est parfaitement incompréhensible.
Que les fans évitent de m'envoyer des dizaines de mails pour m'expliquer que j'ai mis une mauvaise note à ce jeu parce que je n'aime pas la Star Academy. C'est faux. Je regarde de temps à autre l'émission comme beaucoup de monde. De plus, je suis musicien et j'aime aussi la chanson. Cependant, ce jeu vidéo qui se réclame faussement de la version télévisée, n'a rien à voir avec la production d'Endémol. Ma Star Academy est un jeu musical laid et sans âme à déconseiller absolument à tous les fans et aux autres. Je ne pensais pas écrire ça un jour mais retournez plutôt devant la télé pour suivre la saison 7, certains artistes valent vraiment le détour et vous perdrez moins votre temps.