Après avoir brillé sur PSP, Syphon Filter Dark Mirror nous arrive sur PS2 avec plus d'un an de retard. Belle opération marketing donc pour Sony qui signe ici un portage des plus basiques, inférieur même en terme de contenu par rapport à la version portable.
Bien avant que la série 24 obtienne ses lettres de noblesse, les scénaristes de Syphon Filter avaient déjà opté pour des histoires à rebondissements en mélangeant intrigues politiques, attentats terroriste, armes chimiques et complots au sein même du gouvernement américain. Bien qu'il fut possible d'apprécier séparément chacun des trois opus PSone, l'histoire s'étalait bel et bien sur l'ensemble des segments, du moins les deux premiers, le troisième partant légèrement vers d'autres horizons. Ce parti pris n'était pas innocent car nous avions droit, en quelque sorte, à un des premiers jeux à épisodes qui, de fait, fidélisait d'entrée de jeu le joueur en l'obligeant à acheter le second titre pour connaître le fin mot de l'histoire. Tout ceci pour dire que l'aspect scénaristique a toujours été au centre de la série. D'ailleurs, si Omega Strain a quelque peu loupé le coche sur PS2, on peut dire que son scénario était également très ambitieux et diablement bien écrit. A ce propos, celui de Dark Mirror ne fait pas exception et se propose même de faire revenir sur le devant de la scène les personnages de Gabe Logan, en le rendant à nouveau jouable, et de Lian Xing. Le résultat est sur ce point exempt de défauts et nous permet de voyager de par le monde pour découvrir la relation entre un étrange groupuscule armé, de mystérieuses plantations de fleurs et des expériences menées dans les endroits les plus reculés de la planète.
Au delà du scénario ancré dans un réalisme pour le moins dérangeant, le gros avantage de Dark Mirror est de revenir quelques années en arrière afin de singer ce qui fut réalisé sur la première console de Sony. Loin de n'être qu'une resucée des aventures passées de Logan, cette nouvelle mission est l'occasion de profiter à nouveau d'une construction exemplaire, à quelques détails près, et d'un gameplay parfaitement adapté au support. Ainsi, le mode Histoire se compose de sept épisodes, chacun étant éclaté en plusieurs parties qui sont autant de checkpoints. Bien qu'on puisse regretter que les deux premiers chapitres de l'aventure se déroulent dans un même environnement (une usine désaffectée en Alaska), la suite nous mènera au Pérou (destination très prisée depuis Tomb Raider Legend), en Bosnie, à Bangkok, etc. Par contre, bien que le changement d'atmosphère soit induit par des couleurs disparates ou différents types d'architectures, on pourra déplorer la redondance des objectifs qui se limitent le plus souvent à défourailler tout ce qui se bouge ou à escorter une personne, ceci étant davantage vérifiable durant les missions de Gabe que durant celles de Lian. Néanmoins, on ne peut nier que l'action est menée tambour battant avec une tension ne faiblissant quasiment jamais. En somme, votre survie passera par votre maîtrise des différentes armes à feu, l'utilisation de vos lunettes de vision ou votre propension à se cacher quand le besoin s'en fait sentir. Et justement, il vous faudra dans ce cas-là affûter vos réflexes pour ne pas mourir bêtement sous le feu nourri de vos adversaires.
Pour éviter de se prendre trop de bastos, vous pourrez une fois encore compter sur votre gilet pare-balles qui permettra d'encaisser pas mal de tirs. Bien entendu, vous pourrez en récupérer tout au long de l'aventure, ceci valant aussi pour vos armes. A ce sujet, il sera possible d'en changer en cours de route, en les récupérant sur les corps des ennemis ou dans des malles, mais dans tous les cas vous ne pourrez en porter que quatre, accessibles par un appui prolongé sur la touche droite de la croix de direction. D'ailleurs cet ingénieux système est aussi utilisé pour le choix de vos lunettes de vision. Dans ce cas, il suffira d'appuyer sur la touche gauche puis d'opter pour telle ou telle lunette. Très simple à prendre en main, ce procédé a le mérite d'être utilisable très rapidement pendant ou en dehors d'une scène d'action. A titre d'information, la touche haut vous servira désormais à zoomer alors que la touche bas sera utilisée pour le dézoom. De plus, les développeurs ont pensé à inclure un lock automatique pour celles et ceux qui ne veulent pas perdre de temps. Quoi qu'il en soit, la difficulté reste extrêmement bien gérée et ce même en Facile (à éviter tout de même) où vous devrez parfois recommencer certains passages très corsés. Ceci m'amène à un autre point qui concerne la variété des situations.
Si j'ai précisé un peu plus haut que les objectifs devenaient vite répétitifs, on ne peut nier que les gadgets de Gabe sont bien utilisés car servant réellement le jeu. Ainsi, vous devrez souvent recourir à vos lunettes électroniques pour dénicher des pièges ou des interrupteurs alors que la vision thermique vous servira à repérer les ennemis tapis dans l'ombre. Rien de bien original sauf que quelques passages restent très intéressants. Par exemple, à un moment donné, vous devrez escorter un technicien auquel on peut donner des ordres (reste ici, aide-moi, ouvre cette porte...) en appuyant sur le bouton Select. Le pauvre hère sera ensuite amené à ramper dans un faux plafond pour mettre en route des serveurs se trouvant dans la pièce en dessous, celle-la même où se trouve Logan. Vous devrez alors utiliser la vision thermique pour repérer votre compagnon et activer le serveur au dessus duquel il se trouve, puis pour éliminer des soldats déboulant dans l'endroit cloisonné et uniquement visibles grâce à votre gadget. Bref, c'est intelligent et ça profite drôlement au rythme qui garde la même constance du début à la fin. En somme, le seul vrai problème vient de l'IA des ennemis qui est la plupart du temps catastrophique. L'embêtant est que l'on constate des soucis dans un sens comme dans l'autre. Ainsi, il n'est pas rare d'être devant des ostrogots qui ne bougent pas d'un millimètre ou qui se ruent sur vous alors qu'à d'autres endroits, on a l'impression que les soldats ont l'ouïe de Superman qui leur permet de vous repérer quelles que soient les précautions que vous aurez prises pour les surprendre. C'est dommage car la possibilité de pouvoir les attaquer par derrière devient alors totalement inutile. A contrario, n'hésitez pas à user et abuser de votre CTR, un câble de traversée vous permettant de passer d'une endroit à l'autre.
Néanmoins si Syphon Filter Dark Mirror marquait le retour tant attendu de Gabriel Logan après l'échec d'Omega Strain sur PSP, ce n'est pas vraiment le cas sur PS2. Certes, on peut profiter d'un mode Mission pour reprendre n'importe quel niveau du mode Histoire une fois débloqué mais quid du mode online ? Eh bien, il a été purement et simplement supprimé sur la 128 bits de Sony. Un peu fort quand même d'autant qu'Omega Strain lui, en possédait un. On reprochera aussi aux développeurs d'avoir opté pour le portage bête et méchant, surtout d'un point de vue graphique. Le titre est moche et bien inférieur au précédent volet PS2 qui n'était pas déjà très fameux de ce point de vue-là. Dans tout ça, le prix de vente de 50 euros aurait pu être également un motif d'indulgence sauf que pour un peu moins de dix euros, vous avez quand même des titres comme God Of War sur la même machine. Certes, les deux softs n'ont rien à voir mais cela montre à quel point Sony aurait dû faire des efforts concernant un remake non dénué de qualités mais plutôt faiblard dans l'ensemble.
- Graphismes8/20
Autant le jeu passait très bien sur PSP, autant il fait pitié sur PS2. La modélisation est lamentable et si on retrouve l'animation chaloupée des premiers épisodes, on se dit que Sony Bend s'est bien foutu de notre poire en portant à la va-vite un titre qui aurait au moins dû profiter de la qualité graphique d'Omega Strain.
- Jouabilité16/20
La maniabilité PS2 est calquée sur celle PSP à un stick analogique de différence sans parler du surplus de touche de la Dualshock. Il est ainsi très facile de choisir une arme ou un type de lunette par le biais de la croix directionnelle, la visée manuelle est précise et vous pouvez bénéficier d'un lock automatique si le coeur vous en dit. Certes, le tout tourne rapidement en rond mais l'action ne faiblit jamais. Seule véritable ombre au tableau : une IA lamentable qui n'a pas été le moins du monde améliorée sur PS2.
- Durée de vie11/20
Si vous optez pour le mode Normal ou Difficile, préparez-vous à un vrai challenge. La difficulté est bien gérée, progressive et vous donnera parfois quelques sueurs froides. Le mode Histoire profite d'une durée de vie correcte (environ 8 à 9 heures en Normal), d'autant qu'on peut débloquer plusieurs bonus (en trouvant des documents secrets) ou armes supplémentaires via le mode Mission. Malheureusement, on notera l'absence du mode Multijoueur sur PS2, ce qui aura tôt fait d'énerver le joueur, surtout s'il se rappelle qu'Omega Strain en possédait un.
- Bande son15/20
Les musiques symphoniques sont superbes, nombreuses et ajoutent à l'ambiance. De plus la cerise sur le gâteau provient de la localisation qui nous permet de retrouver le doubleur français de Gabe qui s'occupe du rôle depuis le tout premier épisode. Le doublage évite de tomber dans le piège de la caricature et nous fait oublier la faible gamme de bruitages.
- Scénario14/20
Une histoire qui prend de l'ampleur à mesure que l'on avance et un scénario crédible (le rendant par là-même dérangeant) écrit de main de maître par des scénaristes qui ont dû effectuer beaucoup de recherches. Nous n'atteignons pas la qualité dramaturgique d'un Metal Gear Solid mais il est indéniable que le synopsis de Dark Mirror distille quantité d'informations avec une minutie d'horloger suisse.
Ce portage de Dark Mirror fait froid dans le dos. Bien que cette version conserve les nombreuses qualités du jeu original, son adaptation très je-m'en-foutiste de Sony a de quoi faire grincer les dents. Risible d'un point de vue graphique, expurgé de son mode online, ce Syphon Filter se hisse péniblement au niveau de Omega Strain qui n'était déjà pas bien fameux. Ironique quand on songe que la saga était revenue sur le devant de la scène grâce à ce même Dark Mirror sur PSP.