Si la série Turrican avait été adulée, à juste titre, il y a quelques années par des milliers de joueurs, depuis que Factor 5 a fait de la saga Rogue Squadron ce qu'elle est, le savoir-faire de la société n'est plus à mettre en doute. Avec Lair, la firme allemande offre à la PS3 un nouveau shoot qui troque donc les X-Wings contre de gigantesques dragons. Le résultat est un jeu disposant d'un background situé entre celui du Règne du feu, Le Seigneur des anneaux et Star Wars. Une sorte de melting-pot scriptural qui profite à ce jeu PS3 entièrement dédié au Sixaxis.
Si Lair a fait couler beaucoup d'encre, en bien ou en mal, ce titre aura dans tous les cas suscité des réactions très vives, ceci incombant davantage à son gameplay qu'à son univers. Il faut en effet savoir que ce soft n'est jouable qu'au Sixaxis, la reconnaissance de mouvements étant donc votre unique lien entre vous et ce qui se déroule à l'écran. Avant toute chose, on peut donc se demander si ce choix, a priori pleinement assumé par les développeurs, qui représente le principal problème du jeu n'aurait pas pu être facilement évité avec un minimum de recul. Si nous éviterons de nous faire juge et bourreau sur ce seul point, on peut néanmoins remarquer que même Warhawk, présenté à la base comme le premier jeu PS3 à miser sur le Sixaxis, a finalement laissé le choix au joueur d'opter pour un contrôle plus classique au pad. Malheureusement, Lair n'offre pas cette possibilité ce qui implique donc que vous preniez au minimum une bonne demi-heure pour vous familiariser avec ses commandes, relativement intuitives, passé ce laps de temps.
Comme précisé plus haut, Lair est développé par Factor 5 et autant dire que ceci se remarque très rapidement, du menu de choix de niveaux en passant par certaines missions, que vous pourrez d'ailleurs recommencer pour tenter d'obtenir des médailles d'argent ou d'or. En sus du mode Aventure, pas grand chose d'autre à signaler, si ce n'est une partie Bonus regroupant diverses choses fort intéressantes comme de superbes artworks, plusieurs trailers, la bande-son du jeu ou encore le making-of du titre. Concernant le online, nous n'avons malheureusement pas pu le tester car la version envoyée par Sony ne le permettait pas. De fait, nous ne pouvons vous dire de quoi il en retourne exactement. Mais revenons au mode solo et à son histoire qui met en scène les royaumes de Mokaï et Asylia qui se disputent âprement le contrôle du ciel afin d'asseoir leur domination. Plongé au coeur du combat, Rohn, fier destrier, va devoir partir au combat, juché sur sa monture "dragonnesque" et armé d'une simple masse d'armes.
Scénaristiquement parlant, Lair fait donc le jeu de plusieurs cinématiques plutôt jolies qui nous narrent une histoire de complots politiques et religieux. Les confrontations orales succédant à celles se déroulant sur le champ de bataille, on suit donc avec intérêt l'histoire qui nous est contée d'autant qu'elle s'inspire de nombreux longs-métrages. Maintenant, une fois dans l'arène, le titre se rapproche beaucoup plus d'un mix entre Panzer Dragoon et Drag-On Dragoon. Ainsi, s'il nous est permis de diriger Rohn au début des niveaux, il sera simplement question de l'amener le plus prestement possible jusqu'à son dragon afin qu'il prenne la voie des airs. Malheureusement, c'est une fois parmi les cieux que les soucis commencent. Avant tout, vous allez donc devoir vous faire à la maniabilité. Ici, point question de sticks, les mouvements du dragon s'effectuant grâce au pad. Inclinez-le vers l'avant, votre monture plongera, inclinez-le vers le haut, elle montera, bougez-le vers la droite ou la gauche, votre dragon volera dans la direction souhaitée, secouez-le rapidement vers l'arrière, Elliot effectuera un retournement à 180°. Si de ce point de vue-là, la jouabilité n'est pas si désagréable que ça, il en est tout autrement lorsqu'il s'agit de passer à l'attaque.
En premier lieu, on regrette amèrement le manque de visibilité d'ensemble, surtout quand il s'agit de savoir quoi faire. Certes, nos compagnons d'infortune nous crient à intervalle régulier ce qu'on attend de nous mais la plupart du temps on a bien du mal à s'y retrouver dans ce maelström de soldats, de dragons et de rhinocéros s'affrontant sous nos pieds. On devra alors se fier à une flèche indicatrice pour savoir ce qu'il en est mais vu qu'elle disparaît lorsque nous sommes censés être à côté de notre objectif, ce n'est pas idéal. Reste la possibilité d'user d'une vue subjective (en appuyant sur la touche directionnelle Bas) pour apercevoir nos ennemis en rouge mais ce n'est pas non plus une sinécure. Quoi qu'il en soit, une fois notre cible en ligne de mire, les façons d'en venir à bout se comptent sur les griffes d'une patte. Cependant, il faut ici distinguer les différents types d'objectifs. Si dans la plupart des cas, vous devrez détruire des cibles précises, vous aurez à le faire dans les airs mais aussi sur terre.
Ici, il faudra alors prendre en compte la nature de l'ennemi. S'il s'agit de soldats par exemple, une bonne rafale de boules de feu et le tour sera joué. Rien ne vous empêchera de vous poser pour leur foncer dessus mais comme ça reste assez brouillon, ceci étant encore plus vrai lorsqu'on utilise nos flammes à terre vu qu'on y voit absolument plus rien. Quand il s'agira d'affronter des taureaux, vous pourrez aussi locker les monstres puis les agripper avant de les balancer à des kilomètres de là. Malheureusement, on note ici aussi un soucis lié au suivi de l'action avec une caméra nous montrant le résultat du lancer. Idéal pour perdre le nord et pas vraiment convaincant d'un point de vue visuel. Pour continuer dans les types de missions, il sera également question de détruire des structures en démolissant des éléments de ces dernières. On remarquera d'ailleurs avec amusement qu'une des premières missions de Lair est basée sur le même schéma qu'une de celle de Rogue Leader, soit la Destruction de l'Etoile noire. Bref, vous aurez donc le plus souvent à imprimer des mouvements de haut en bas avec le Sixaxis pour détruire ces composants, cette façon de faire s'appliquant aussi pour éliminer des rhinocéros.
Mais là où on a vraiment tendance à s'énerver, c'est quand il s'agit de protéger des convois, la lie des missions de tout jeu d'action qui se respecte. Le truc est que la difficulté de ces stages est au moins aussi importante que celle de ce type de missions dans les Rogue Leader, c'est dire. A ce sujet, bon courage pour réussir le niveau Detroit du Serpent, passablement lamentable en matière de lisibilité. Pourtant on se dit qu'en utilisant la technique du lock (servant ici à venir à bout des ennemis mais aussi et surtout à voir où sont ces fameux ennemis !), on arrivera à éliminer tout ce qui bouge. Plus facile à dire qu'à faire vu que certains dragons sont insensibles à nos jets de flammes. Impossible donc de les abattre à distance. Dans ce cas, vous aurez à tapoter la touche Croix pour prendre de la vitesse puis à cibler votre adversaire, à foncer sur celui-ci et à le combattre au corps-à-corps. A ce stade, deux solutions s'offriront à vous. Soit vous rentrerez en mode Combat et vous devrez affronter l'ennemi dans un face-à-face en appuyant sur les touches du pad pour griffer, mordre ou cracher du feu, soit vous pourrez miser sur les actions contextuelles. Pour ce faire, il s'agira dans un premier temps d'assommer le dragon ennemi en bougeant rapidement le pad vers votre adversaire afin que votre monture pique vers lui. Après ça, vous pourrez sauter sur la bête et il suffira alors d'appuyer au bon moment sur les touches apparaissant à l'écran pour que Rohn effectue un finish move dans la grande tradition d'un God Of War. Dommage que ça ne suffise pas à rendre Lair suffisamment confortable.
Dans l'absolu, le titre de Factor 5 aurait pu être un jeu beaucoup plus intéressant qu'il ne l'est actuellement. Il est donc regrettable que les développeurs n'aient pas pris le temps de mieux penser leur bébé, occupés qu'ils étaient à tout miser sur le Sixaxis tout en repiquant moultes idées de leurs précédents jeux. Du coup, la caméra virevolte tout le temps au détriment du bon sens, quelques bugs graphiques viennent nous rappeler à quel point ce titre aurait mérité quelques mois de développement supplémentaires et le gameplay ne parvient pas à évoluer au fil des niveaux. Pari manqué donc pour Lair qui n'arrive pas à retenir notre attention à cause d'une trop grande négligence et d'une maniabilité qui semble parfois douée d'une vie propre. On aura beau essayer de la dompter, rien n'y fera. En somme, autant attendre les diatribes de lecteurs qui ne manqueront pas de me taxer d'Anti-Sony ou de me pointer du doigt en me lançant divers quolibets. Néanmoins, sachez malgré tout que ça ne résoudra pas le problème de Lair qui est et restera un coup d'épée dans l'eau.
- Graphismes14/20
L'univers heroic-fantasy du titre nous permet de survoler d'immenses places fortifiées, des mers cachant de gigantesques serpents et de combattre des hordes de soldats, des dragons, des taureaux ou bien encore des rhinocéros. L'ambiance rejoint celles de plusieurs longs-métrages, les ambitions des développeurs sont grandes mais au final, la réalisation graphique stagne en proposant malgré tout des graphismes agréables à l'oeil.
- Jouabilité8/20
Nous n'irons pas par quatre chemins, la jouabilité et le gameplay de Lair nuisent complètement à l'immersion du joueur. Bien qu'on se fasse assez rapidement aux contrôles utilisant uniquement le Sixaxis, certains mouvements posent parfois problème. De plus, les phases de jeu se résument simplement à locker un ennemi puis à lui tirer ou foncer dessus. De plus, la caméra complètement folle est un modèle de non-sens et rend les affrontements encore plus confus qu'ils ne le sont à l'origine.
- Durée de vie12/20
Bien qu'on ne sache souvent pas quoi faire malgré les flèches indicatrices ou les conseils de nos camarades, les missions se terminent rapidement en règle générale. Cependant, le syndrome Rogue Squadron refait parfois surface, ceci étant synonyme de missions particulièrement difficiles.
- Bande son14/20
Le titre profite d'un doublage français assez convaincant malgré quelques prestations vocales assez décevantes. La bande-son, elle, semble provenir directement des Rogue Squadron de Factor 5 et donc des Star Wars de George Lucas. Des cuivres omniprésents, des montées en puissance tambourinant l'écran, des instruments de musique pris de frénésie symphonique, pas de doute le spectre de John Williams plane sur Lair du début à la fin.
- Scénario13/20
Un scénario basé sur une lutte entre deux clans qui donne lieu à des échauffourées entre dragons dans des cieux rougeoyants. L'histoire est intéressante à suivre mais aurez-vous le courage de supporter le gameplay pour savoir qui de Mokaï ou d'Asylia gagnera la bataille ?
Cruelle déception que celle d'un jeu bénéficiant d'un background intéressant mais ne réussissant jamais à s'extirper d'une bourbe de problèmes. Amère désillusion pour un titre qui aurait pu plaire si quelques concessions de jouabilité avaient été faites. En l'état, Lair n'est rien d'autre qu'un sous-Panzer Dragoon que des choix de gameplay viennent lacérer de part et d'autre. La sanction est donc à la hauteur de la souffrance infligée aux joueurs.