C'est à-peu-près à chaque début de saison la même rengaine. Les jeux de management sont d'éternelles mises à jour qui se dégustent au fil des heures de jeu et des petites découvertes qui vous changent de vos habitudes d'entraîneur aigri et blasé. LFP Manager ne déroge pas à la règle même si, il faut l'avouer, il propose davantage de nouveautés que son concurrent direct et non moins référence du marché, Football Manager. En effet, le titre d'EA a gagné en sobriété et se veut désormais un peu moins flashy que ses aînés, ce qui n'est pas forcément pour nous déplaire. Un choix esthétique qui va de paire avec la mentalité un peu moins grand public affichée par LFP Manager, que ce soit dans la gestion du club comme dans ses à-côtés. Si on conserve cette impression que tous les pouvoirs qui nous sont confiés n'influent pas forcément directement sur les résultats sportifs de l'équipe entraînée, force est de constater que tout se fait un peu moins tout seul et qu'on ne sait pas toujours où donner de la tête. C'est en ce sens que le titre vous place vraiment dans la peau d'un manager alors qu'un Football Manager se consacre en grande partie au métier d'entraîneur.

Ce qu'il est avant tout bon de souligner, c'est que LFP Manager se rapproche par moments tout autant de la simulation de vie que du jeu de gestion. C'est à ce niveau qu'il diffère de ses concurrents directs puisqu'ici, vous n'êtes pas qu'un nom de plus dans la longue liste des managers professionnels du monde entier. Vous gagnez de l'argent tous les mois et pouvez l'utiliser ou le réinvestir pour vous concocter un patrimoine personnel. Ce qui, avouons-le, est totalement inutile mais vous donne l'impression de véritablement travailler et de devoir gérer votre vie personnelle lorsque le temps vous le permet. Et comme vous êtes un homme avant d'être une machine à aligner des petits points sur un tableau blanc, vous avez peut-être une famille et des enfants. Vous pouvez même étaler votre vie privée en annonçant publiquement votre mariage, votre divorce ou votre envie d'avoir des enfants. En parallèle, vous pouvez donc louer ou vous offrir toutes sortes de biens, immobiliers ou non et même prendre des cours de golf ou de voile pour tenter de partager quelques moments de complicité avec votre président. Vous savez, le gars de la haute qui fume son cigare les pieds croisés sur son bureau ? Celui-là même qui aligne les dizaines de milliers d'euros sur votre bulletin de salaire... Des relations qui, là non plus, ne vont pas faire de vous un coach à succès ou un raté mais qui peuvent vous donner un coup de main pour repousser un licenciement par exemple.

En dehors de cet aspect "people", LFP Manager est évidemment une vraie simulation de management. La base de données, bien qu'elle possède de nombreux manques et incohérences, avance la bagatelle de 49 pays jouables pour un paquet de championnats. Rien qu'avec cette base, le titre d'EA assure de très longues heures de jeu d'autant qu'il est désormais possible de simuler jusqu'à 20 saisons. Toujours en terme de contenu, vous retrouverez cette saison de nouvelles compétitions comme la Coupe de Confédérations ou le Mondial des moins de 20 ans. Pourtant, comme signalé juste au-dessus, la base du jeu est à revoir à différents niveaux. Par exemple, nombre d'équipes de jeunes ou de divisions inférieures ne possèdent pas les effectifs officiels. Autre exemple rencontré en simulant une carrière à la tête de l'OM, on pourra vous signaler que Zenden a des difficultés à apprendre notre langue. Alors que le néerlandais est en réalité bilingue et maîtrise parfaitement bien le français. Un détail me direz-vous. Un détail également, le positionnement des joueurs sur le schéma de l'équipe-type de la semaine. Bien souvent, la formation-type est un fourbi total où les arrières latéraux sont placés dans l'axe et où des milieux récupérateurs sont positionnés comme de véritables ailiers. Enfin, pour terminer avec ces petits détails qui énervent, certains articles de news consultables sur le site virtuel de L'Equipe, pour le coup partenaire très officiel de LFP Manager, affichent quelques infos erronées, en citant par exemple un Djibril Cissé comme faisant partie des milieux de terrain retenus en Equipe de France (!).

On passera cependant sur ces chipotages pour constater que l'on dispose de nombreux outils essentiels à la réussite d'un entraîneur. On pense notamment au système d'entraînement qui a été revu et amélioré en profondeur pour que vous puissiez faire bosser des situations de jeu bien particulières à chacun de vos joueurs. Vous pouvez même prévoir des plannings sur le long terme ou créer des groupes de travail pour faire progresser votre effectif plus rapidement et gommer un maximum de points faibles. Toujours en terme de travail dans l'ombre, vous pouvez créer des centres de formation dans n'importe quel pays du monde afin de préparer l'avenir. De jeunes joueurs peuvent donc s'aguerrir grâce à des installations modernes tout en demeurant dans leur pays pendant la durée d'apprentissage avant pourquoi pas, d'être recrutés pour venir prêter main forte à l'effectif déjà en place. On continue avec les nouveautés internes en précisant que vous pouvez désormais organiser des rencontres amicales entre votre équipe première et votre équipe réserve ou de jeunes. Un bon moyen de faire face à des refus de rencontres amicales par d'autres clubs. Enfin, notez qu'un éditeur de stades beaucoup plus complet vous permet de faire évoluer l'enceinte du club grâce à plus de 400 éléments architecturaux. Ce qui, ajouté à la possibilité de modifier et développer les installations du club (terrains d'entraînement, axes routiers, bureaux, écoles techniques, etc) vous donne carrément les clés de l'image de votre équipe !

Le marché des transferts a lui aussi connu quelques ajustements dignes de ce nom. Tout d'abord, précisons que les dernières heures de l'intersaison ou du mercato se vivent aussi intensément que dans la réalité. Vous pouvez suivre petit à petit ce qui se trame aux quatre coins du monde et profiter des dernières bonnes affaires pour chiper le joueur que convoitait une équipe de votre championnat. Un moment toujours particulier que les fins négociateurs vont vraiment apprécier. Toujours en termes de transferts, il est enfin possible de proposer directement l'un de ses joueurs à d'autres clubs en fixant un prix de départ afin de tenter de s'en débarrasser plus vite que si vous n'attendiez que des intéressés se présentent au portillon. Et lorsque arrive que les longues négociations de salaires avec un joueur durent trop dans le temps, LFP Manager vous propose de cocher l'option "dernière offre" qui met la pression sur l'intéressé. Un moyen de bluffer, d'économiser quelques milliers d'euros ou d'affirmer votre côté dur en affaires. Dernier détail qui a toute son importance au moment de faire signer un nouveau joueur, vous pouvez influer sur sa décision en lui faisant des promesses sur le statut qu'il tiendra dans l'effectif. Vous serez donc plus convaincant mais devrez veiller à tenir parole sous peine de mettre en péril votre côte de crédibilité interne, tant auprès des joueurs que de vos dirigeants.

LFP Manager met également l'accent sur les relations qu'entretient l'entraîneur avec les joueurs d'un côté et les médias de l'autre. En sus des fameuses promesses qui peuvent concerner le court comme le long terme, l'entraîneur peut à tout moment "convoquer" un membre de l'effectif et lui faire part de la satisfaction ou du mécontentement qui est le sien suite aux performances dudit joueur. Mais eux aussi peuvent vous parler. Soit par le biais de "discussions ouvertes", sortes de mises au point, soit en venant carrément vous demander par exemple de les laisser tirer les penaltys, de les faire davantage jouer ou de leur confier le brassard de capitaine. Autant de paramètres qui vont influer directement sur la confiance qu'ils vous accordent, d'autant que le jeu vous incite régulièrement à leur parler et à justifier vos choix si vous optez, consciemment ou non, pour un mutisme pas forcément propice à l'entente collective. Vous pourrez même vous faire des amis parmi votre effectif (du type Mourinho-Drogba), ce qui s'avérera utile si vous tentez de les recruter quelques années plus tard au sein d'un autre club. Libre à vous même de les aider à entrer dans le panthéon du club, rejoindre les stars qui ont fait et font la réputation de l'équipe.

Terminons en listant les différentes options de carrière que vous propose LFP Manager. Vous avez quatre choix de base : être manager d'un club, être entraîneur d'un club et sélectionneur national, fonder un tout nouveau club ou débuter une carrière d'entraîneur/joueur dans laquelle vous pourrez, en plus de coacher une équipe, incarner le joueur de votre choix sur la pelouse. Tout ceci distingue radicalement LFP Manager des autres jeux du genre qui, s'ils sont parfois bien plus pointus (on parle de Football Manager), ne font pas l'effort de vous laisser le choix du type de mission à remplir. Le jeu d'EA prône donc l'ouverture à un métier de businessman en proposant les casquettes de directeur sportif ou de directeur général. Un choix qu'assume a priori entièrement l'équipe de développement. On ne saurait donc que trop vous conseiller d'opter pour LFP que si vous vous sentez tout autant l'âme d'un gestionnaire en puissance que d'un fin tacticien. Car ici, on ne se contentera pas de vous demander d'accoucher onze noms sur une feuille de match ou de choisir les recrues. Tout en étant donc un concurrent tout ce qu'il y a de plus direct de Football Manager, LFP opte pour tout autre chose et ne vise pas forcément le même public. Que les plus réticents à ce portrait multi-casquettes du jeu se rassurent, vous pourrez toujours paramétrer la partie de sorte à ce que les tâches les plus pénibles soient bien réparties et assumées par vos collaborateurs. Après tout, la star, c'est vous.