De retour après un premier opus très décevant, Ship Simulator essaye à nouveau de réveiller le vieux loup de mer qui sommeille en nous pour une expérience qui se veut plus réaliste et plus attractive.
Proposant pas moins de 15 embarcations, allant du jet-ski au paquebot en passant par la vedette ou l'hovercraft, cette simulation navale nous propose deux modes de jeu bien distincts. Le mode Navigation libre offrira aux rêveurs et autres esprits contemplatifs l'opportunité de visiter des îles paradisiaques au large de la Thaïlande ou des complexes portuaires ultra-modernes grouillant de vie comme le port de Rotterdam. Il suffit de sélectionner un navire et de se lancer sur l'eau sans la moindre contrainte de temps ou d'objectifs. L'heure, le mois, la météo, l'état de la mer, peuvent tous être paramétrés dans les moindres détails pour offrir des expériences de navigation très variées. Le mode Missions en revanche nécessite de relever des défis précis dans des situations prédéterminées. Il s'agira par exemple de remorquer un cargo en perdition au milieu d'une mer démontée ou de déposer des passagers le plus rapidement possible à l'autre bout de Marseille. Que l'on ait l'âme d'un capitaine au long cours ou la fougue d'un trompe-la-mort, tous les tempéraments devraient y trouver leur compte.
Sans aucun doute, les développeurs de Ship Simulator 2008 ont mis une certaine bonne volonté à corriger les défauts de la version 2006, trop étriquée pour pouvoir prétendre devenir une référence dans son domaine. La qualité graphique a été nettement revue à la hausse, en particulier au niveau des environnements portuaires. Ces derniers sont détaillés et réalistes. Le trafic y est parfois intense et la modélisation des bateaux est honnête si l'on ferme les yeux sur quelques bugs de collisions. A noter qu'ils se déforment maintenant suite à un choc. Les paysages sont parfois magnifiques et certains joueurs passeront autant de temps à admirer un soleil couchant sur la mer qu'à perfectionner leur technique de barre. La mer justement, autrefois désespérément plate, s'agite désormais dans tous les sens, présentant des creux pouvant aller jusqu'à quatre mètres en plein océan. En vue intérieure, on en aurait presque le mal de mer. La cabine roule et tangue dans un fracas assourdissant tandis que l'horizon noyé de pluie disparaît et revient à hauteur des yeux au gré de la houle. La réalisation est donc définitivement plus immersive que celle de Ship Simulator 2006 et l'on salue l'effort fait à ce niveau-là.
En revanche, le pilotage n'a pratiquement pas changé. On peut maintenant utiliser la souris pour manipuler les commandes sur le tableau de bord mais à part ça le pilotage est encore ultra-basique. Le joueur contrôle la puissance des moteurs et la barre, point. Quatre ou cinq touches suffisent pour prendre en main les plus gros bâtiments ce qui déçoit inévitablement pour un jeu qui prétend être « la référence de la simulation navale ». Les conditions extérieures n'influent toujours pas sur la course des navires : ni la force du vent, ni les courants, ni les vagues. Dommage, cela nuit beaucoup au réalisme. La palme reviendra toutefois à la gestion des dégats, actuellement absurde. J'ai pu rentrer en collision frontale à pleine vitesse avec un immense porte conteneur sans que cela n'ait d'autre effet que de déformer un peu la proue de ma vedette, m'infligeant 1% de dommages. Les embarcations très rapides, de type jet-ski et powerboat, rebondissent sur les obstacles de manière parfaitement chaotique et se remettent à flot comme des culbutos. Les poids lourds quant à eux, pourront être arrétés net dans leur élan par un simple ponton en bois. Pourtant, Dieu sait que l'inertie d'un paquebot est absolument faramineuse.
A défaut d'un réalisme exemplaire, on pourrait imaginer que les nombreuses missions offrent des défis passionnants. Au nombre d'une cinquantaine, ces missions sont effectivement variées dans leur contexte. En mer du nord, entre les quais de New York, en pleine tempête, en hiver comme en été, on naviguera dans des situations et sous des latitudes très différentes. Malheureusement, le filon est mal exploité. Il est par exemple possible de se retrouver à la barre du mythique Titanic mais le scénario ne propose pas d'éviter le célebre naufrage. En fait, les tâches consisteront le plus souvent à se rendre d'un point donné à un autre pour accomplir une action et repartir de plus belle. Ces actions sont automatisées : pour récupérer un homme à la mer, il suffit de s'arrêter près de lui. Le sauvetage s'effectue tout seul et aucune cinématique ou séquence audio ne vient récompenser votre travail. Les missions ne sont d'ailleurs pas notées et vous pouvez fort bien accumuler les dommages et prendre tout votre temps pour les remplir. Il en résulte une répétitivité et un manque de challenge qui n'aident pas un jeu qui, par nature, n'offre déjà pas un rythme trépidant. Heureusement, un éditeur de missions est disponible en téléchargement gratuit sur le site officiel du jeu. Cela ne compensera pas cependant les faiblesses de cette simulation au niveau du réalisme, et de l'ennui qui guette à chaque expédition. En définitive, Ship simulator 2008 est une belle expérience contemplative mais qui en reste encore à la carte postale.
- Graphismes15/20
Malgré quelques bugs de collisions et l'absence d'équipage dans les embarcations, les graphismes sont nettement supérieurs à ceux de la version 2006. La modélisation des ports, les mouvements de la mer par gros temps et les paysages sont parfois splendides.
- Jouabilité11/20
Si le comportement des bateaux est en général correct, la gestion des dommages et les collisions des petits esquifs sont à revoir. A noter qu'un patch doit bientôt améliorer ces points et permettre également aux bateaux de couler.
- Durée de vie10/20
Par nature et en l'absence de missions véritablement dignes d'intérêt, le jeu est vraiment lassant. Seuls l'éditeur de missions et la variété des environnements sauvent la mise.
- Bande son13/20
L'environnement sonore, sans être exceptionnel est approprié. Mouettes, bruits des vagues, ron-ron du moteur : pour un peu, on s'y croirait.
- Scénario/
Bien meilleur que son prédécesseur, Ship Simulator 2008 ne parvient cependant toujours pas à convaincre. Les fans de simulations lui reprocheront ses approximations en matière de réalisme tandis que les passionnés d'action se décomposeront devant des missions inutilement longues et répétitives